Roger Lacoste tire sa révérence
Saint-Bruno-de-Montarville
Après 21 années de programmations culturelles à Saint-Bruno-de-Montarville, le mandat du diffuseur Roger Lacoste prendra fin le 1er mai prochain. Le flambeau sera repris par la responsable du Centre Marcel-Dulude à la Ville, Martine Deschamps.
Une histoire qui s’est amorcée avec la présence à Saint-Bruno de Gilles Vigneault, en spectacle au Centre Marcel-Dulude le 28 octobre 2000. Puis celle, quelques mois plus tard, de Paul Piché.
« Je tire ma révérence. C’est la fin de cette belle aventure », mentionne d’emblée Roger Lacoste, en entrevue avec Les Versants. Après une année à repousser et à annuler des spectacles en raison de la pandémie de coronavirus, rien n’est encore certain pour la saison prochaine. Et ce, même si la programmation culturelle 2021-2022 du Centre Marcel-Dulude vient d’être dévoilée.
Incertitude
Puis son contrat de cinq ans est sur le point de se terminer. Roger Lacoste dit qu’il n’aurait pas voulu signer un nouveau mandat dans l’incertitude, sans savoir ce qui adviendra des événements culturels et du nombre de spectateurs à respecter dans les différentes jauges de la salle. « Il est temps de terminer ce beau programme. Nous en avons discuté, la Ville et moi, c’est une décision prise de concert », explique M. Lacoste.
« Je tire ma révérence. C’est la fin de cette belle aventure. » – Roger Lacoste
La Municipalité de Saint-Bruno lui a rendu hommage dans un communiqué. « Le 1er mai 2021 marquera la fin du mandat d’un acteur important de la scène culturelle montarvilloise. Après 21 ans de loyaux services, il allait de soi de souligner l’implication dont a fait preuve Roger Lacoste, producteur de la programmation de spectacles du Centre Marcel-Dulude, durant toutes ces années. » Au journal, la Ville précise : « Compte tenu du contexte actuel, la pandémie et l’incertitude du marché, il était difficile d’envisager de retourner en appel d’offres. La Ville a donc pris la décision de réaliser la programmation des spectacles à l’interne, ce qui offre une plus grande marge de manœuvre. M. Lacoste s’est montré très à l’aise avec cette solution. »
L’aventure s’est conclue en queue de poisson en mars 2020. Lorsque le premier ministre François Legault, dans un premier point de presse à propos de la COVID-19, a annoncé l’annulation de tout événement de 250 personnes et plus, les spectacles à venir des Trois Accords, de Michel Louvain et de Sam Breton devenaient incertains. Ces trois productions de la programmation 2019-2020 ne seront finalement jamais présentées, malgré des dates repoussées. Les gens qui avaient acquis des billets pour voir ces artistes ont été remboursés.
Échappé belle
Parfois, M. Lacoste repense à ce point de presse du 12 mars et se dit que la décision du gouvernement a été annoncée au bon moment. Le spectacle des Trois Accords devait se dérouler deux jours plus tard dans une salle bondée. Quelque 600 personnes étaient attendues au Centre Marcel-Dulude le soir du 14 mars. « Tout était prêt. Sur le coup, il y avait de la déception. Mais je me demande ce qui serait arrivé si la conférence de presse avait été tenue deux ou trois jours plus tard. Quand je pense qu’une éclosion aurait pu se déclencher à ce concert, j’en ai des frissons. On l’a échappé belle. »
Dire que la programmation culturelle pour la saison 2020-2021 avait été dévoilée une dizaine de jours avant le fameux point de presse ne fait que tourner le fer dans la plaie. « C’est triste de finir ainsi, admet M. Lacoste. On avait quand même réussi à bâtir une belle programmation pour 2020-2021. Quelque chose de solide. C’est dommage de ne pas pouvoir la rendre aux amateurs. »
Aucun des événements prévus à cette programmation ne s’est tenu non plus. À l’automne, le Québec est entré dans cette deuxième vague alors que la saison aurait dû s’amorcer le 17 octobre 2020. On parle entre autres des Richard Séguin, Dan Bigras, Pierre Lapointe, Bleu Jeans Bleu, Rachid Badouri, Phil Roy, Olivier Martineau…
Quand on lui demande ce qu’il retient de cette aventure de plus de 20 ans, le fondateur des Productions du 16 évoque « beaucoup de plaisir ». Il précise : « Au début, ce n’était qu’un hobby. Mais bon an, mal an, c’est devenu un défi de présenter de meilleurs artistes chaque année. »
En entrevue, il souligne aussi l’implication des gens de l’équipe qui l’a accompagné tout ce temps au Centre Marcel-Dulude; une « petite famille ». Au début en tant qu’étudiants, puis à la fin, des adultes devenus parents.
Ses spectacles mémorables
Selon la Ville, au cours de son mandat, Roger Lacoste « aura offert plus de 225 soirées mémorables aux Montarvillois de tous âges ». En 21 ans de programmation culturelle, il y a quelques spectacles qui demeurent gravés dans la mémoire. Parfois pour l’ambiance de la soirée. Parfois pour l’artiste lui-même. Parfois pour l’événement qui devient mémorable dans l’histoire. À cette question, M. Lacoste nomme d’entrée de jeu la première venue à Saint-Bruno des Cowboys fringants. « Il y avait tellement de monde! Avant l’ouverture des portes, les gens étaient en file dehors en plein hiver. Il faisait très froid. » Il évoque aussi la rencontre avec Robert Charlebois. « Il avait pianoté tout l’après-midi dans les coulisses. » Celle avec Gilles Vigneault, au tout début de l’aventure. « Un moment magique, dira-t-il. C’est parce que la magie a opéré ce soir-là que l’on a continué ensuite, que l’on s’est dit on se lance et on en fait d’autres. » Puis, en rafale, il nomme Jean-Pierre Ferland, Richard Séguin, Fred Pellerin, Yvon Deschamps, Sylvain Cossette. « Ce sont de très beaux moments, de très belles rencontres. Avec les artistes, mais aussi avec les clients, des gens que je salue dans la ville aujourd’hui. »
Son seul regret aura été de ne pas avoir pu amener Ginette Reno à Saint-Bruno.
Puis il a une pensée pour les partenaires, le photographe attitré pour les soirées, Michel Hannequart, ainsi que les commerces et les gens d’affaires qui ont commandité les soirées pendant toutes ces années, comme Il Martini et EBM, notamment. « À leur manière, eux aussi ont contribué à la vie culturelle de Saint-Bruno. »
Sans pandémie…
Sans pandémie, M. Lacoste admet qu’il aurait poursuivi sa mission de planifier des rendez-vous avec des acteurs de la musique, des humoristes et des artistes pour jeune public. « Sans la pandémie, oui, j’aurais sûrement été de retour, mais tout en passant à la relève. »