Patrick Senécal sort de sa zone de confort
Malphas – 1. Le Cas des casiers carnassiers
L’auteur Patrick Senécal lance Le Cas des casiers carnassiers, le premier tome de la série Malphas, son nouveau projet d’écriture. Une série de courts romans d’un peu plus de 300 pages chacun et dont les histoires se déroulent dans un cégep – Malphas –, un « genre de Virginie sur l’acide, assez tordu », que le romancier avait alors révélé au journal Les Versants en septembre 2009; l’ensemble constituera une vaste histoire. À paraître cette semaine aux éditions Alire.
« J’ai eu un grand plaisir à écrire ce roman que je n’avais pas eu depuis longtemps. Je voulais sortir de mes bibittes des trois derniers romans (Le Vide, Hell.com et Contre Dieu). Et en tant qu’écrivain, je ressentais ce besoin de folie, de plaisir et aussi d’explorer autre chose. Malphas, c’est encore du fantastique et du suspense, mais c’est surtout humour noir, cynisme et légèreté », explique en entrevue Patrick Senécal.
Plus de 15 ans après la sortie de son premier roman, 5150, rue des Ormes, Patrick Senécal croit que le bon moment était venu de sortir de sa zone de confort, afin de ne pas tomber dans la caricature, de ne plus étonner les gens, voire lui-même. « J’avais besoin de me lancer un défi, de m’étonner moi-même et le lecteur. Pour ça, il fallait que je sorte de ma zone de confort et que je prenne des risques. Et personnellement, l’humour est un risque, mais je pense que ça marche et je suis content du résultat », de poursuivre Senécal, qui est âgé de 44 ans. Au moment de l’entrevue, il avait déjà écrit une cinquantaine de pages du deuxième tome.
Avec l’humour, il y a cette difficulté de le faire cohabiter avec l’horreur afin de colorer une réalité. « L’humour aide à faire passer le côté horrible de cette histoire. Je ne voulais pas écrire un roman très noir dans lequel j’aurais ajouté de l’humour par la suite, ça ne fonctionne pas. La cohabitation entre les deux pendant la rédaction est importante. »
Le Cas des casiers carnassiers
Dans le premier tome de cette série qui en comptera « plus que trois, peut-être six », le lecteur sera accueilli au cégep de Malphas, à Saint-Trailouin, et fera la connaissance de personnages plus grands que nature avec le héros, Julien Sarkozy, un professeur de littérature dans lequel certain reconnaîtront l’auteur Senécal lui-même, et ses étranges collègues, notamment Zoé Zazz, Rémi Mortafer, Mégan Valaire, Aline Poichaux, Mahanaha Hamahana, ainsi que le directeur pédagogique et le directeur général, respectivement Rupert Archlax et Conrad Bouthot, sans oublier Simon Gracq, qui s’occupe du journal étudiant, et enfin une flopée d’étudiants, dont certains ne verront pas la fin de la session. Des noms de personnages qui illustrent bien leur singularité et cet univers qui est loin d’être normal.
Il y a quelque chose d’absurde, de grotesque et de dérangeant dans ce livre qui rappelle parfois la série Le Royaume (The Kingdom), du cinéaste danois Lars Von Trier. D’autres se souviendront de l’émission culte de David Lynch, Twin Peaks. « J’aimais l’idée de rédiger une série et j’ai cherché le monde dans lequel cette histoire se devait d’être créée. Il y a 8 ou 10 ans, alors que j’étais enseignant à temps plein au cégep de Drummondville, j’ai établi la création de mes personnages, mais j’ai vite mis ça de côté; je n’étais alors pas prêt. J’étais dans mes romans d’horreur et je n’avais pas assez confiance en moi pour aborder l’humour et une série de livres », explique le père de deux enfants qui précise que cette histoire, sans l’humour, n’aurait pas de bon sens et ne ferait pas très sérieux.
« On ne peut pas écrire pour le lecteur. Une source d’inspiration, ça part d’abord de soi-même. J’aime cette idée de prendre une institution noble comme l’école, et la pervertir; de prendre une base réaliste, quitte à la démolir. De plus, un cégep, c’est un microcosme intéressant qui, contrairement à une famille, par exemple, rend le renouvellement des personnages possible pour une série de la sorte », indique Patrick Senécal.
Patrick Senécal est passionné par toutes les formes artistiques mettant en œuvre le suspense, le fantastique et la terreur. En plus de 5150, rue des Ormes, il a publié Sur le seuil et Les Sept Jours du talion. Ces trois titres ont été adaptés au grand écran.
Surveillez sa présence au Salon du livre de Montréal pour des séances de signatures, du 18 au 20 novembre prochains.