Le rêve de Mélissa Perron
Promets-moi un printemps
Mélissa Perron a publié un roman au cours de la saison, Promets-moi un printemps, aux éditions Hurtubise. Un rêve devenu réalité pour cette artiste montarvilloise connue sous le nom de Rizada. Entrevue.
« Pour moi, c’est un rêve devenu réalité, mentionne Mélissa Perron. Il y a longtemps que je voulais écrire. Puis, à un moment, il y a eu une brèche dans ma vie qui m’a permis de prendre ce temps. Le roman a déboulé tout seul; c’est une histoire que je portais depuis longtemps. »
« J’ai abordé ce sujet parce que je n’arrive pas à concevoir qu’en 2019-2020, ce soit encore tabou. » – Mélissa Perron
Un récit qui a été rédigé sur une période d’une année, aisément, parce que l’auteure abordait un sujet qu’elle connaît. Promets-moi un printemps relate l’histoire de Fabienne, 30 ans, une artiste peintre dont la carrière est prometteuse. Mais Fabienne est sous l’emprise de la dépression et cherche une façon de s’en sortir, de voir « le phare un jour de tempête ». Le roman aborde la dépression, le suicide, les relations humaines, la résilience, l’espoir, le bonheur dans les menus détails. « J’ai fait une dépression entre les âges de 15 et 20 ans, puis une deuxième à 26 ans, lorsque je suis devenue maman », raconte Mélissa Perron, en entrevue avec Les Versants le 10 septembre dernier, date de la Journée mondiale de la prévention du suicide. « C’est une journée… mais les gens doivent y être conscientisés à l’année longue, croit-elle. D’autant plus qu’il y a un taux de suicide très élevé au Québec. Il y a un lien direct avec ce tabou de ne pas vouloir en parler. »
Selon l’Association québécoise de prévention du suicide, trois Québécois s’enlèvent la vie quotidiennement. Les hommes représentent plus de trois quarts des suicides (803 hommes et 243 femmes en 2016). Toutefois, les statistiques sont en baisse par rapport aux années précédentes.
Tabou
Dans Promets-moi un printemps, Fabienne fait croire à sa mère qu’elle a un cancer plutôt que de lui avouer qu’elle est en dépression. « J’ai abordé ce sujet parce que je n’arrive pas à concevoir qu’en 2019-2020, ce soit encore tabou, que ce soit encore une discussion qu’on aborde du bout des lèvres. C’est la raison pour laquelle dans le roman j’ai fait le parallèle avec le cancer; ça passe mieux auprès de sa mère. C’est la réalité, mais c’est triste de la constater. »
Quand on lui demande des solutions pour pallier cette problématique, Mélissa Perron croit que c’est la communication, la discussion. « L’effet d’en parler ouvertement permettra de délier ces tabous. C’est important que l’entourage comprenne, que les proches soient là pour aider sans toutefois prendre la place des professionnels », poursuit-elle.
Diagnostic d’autisme
L’année dernière à sa sortie du cabinet du médecin, la Montarvilloise a reçu un diagnostic d’autisme de haut niveau. Un soulagement. « Un résultat qui m’a rendue heureuse, parce qu’enfin, je pouvais mettre un nom à ce que j’avais. Il y avait une raison derrière mes dépressions. C’est cette brèche, dont je parlais plus tôt, qui m’a ensuite poussée à m’asseoir et à écrire mon roman. Cette révélation, le diagnostic, a changé ma vie. La rédaction du livre a été un grand exutoire aussi », observe la mère de famille.
Elle constate que ce diagnostic change tout et pas grand-chose à la fois. Elle précise : « Je ne me force plus à entrer dans un moule. Quand il y a trop de gens ou trop de bruit autour de moi et que je n’arrive pas à l’endurer, je quitte. Avant, je l’endurais. C’est aussi simple que ça. »
Rizada ou Mélissa Perron
Mélissa Perron peint la porcelaine depuis une décennie sous le nom Rizada. Mélissa Perron, elle, écrit. Un deuxième roman est d’ailleurs en chantier. Aujourd’hui, est-elle plus artiste ou auteure? « Rizada, c’est mon gagne-pain à temps plein. Or, j’ai encore de la difficulté à porter le titre d’artiste. Mais je ne me sens pas impostrice d’utiliser celui d’auteure. »
Mais c’est important de ne pas mélanger les deux… Rizada et Mélissa Perron. « Depuis le diagnostic, je veux être moi-même. Je suis “ maman“ depuis seize ans et “ Rizada ” depuis dix ans. Rarement j’entends mon prénom… c’était donc important pour moi de voir mon vrai nom sur la couverture. »
QUESTION AUX LECTEURS :
Lirez-vous le roman de Mélissa Perron?