Gestion des collections dans les bibliothèques: choisir des livres inclusifs
Alors qu’un conseil scolaire ontarien a choisi de brûler des livres ou d’en mettre certains à l’index dans le cadre d’une démarche visant à la réconciliation avec les autochtones, la question se pose à savoir comment les bibliothèques choisissent de conserver ou de se débarrasser de certaines œuvres littéraires.
À Saint-Bruno, la cheffe de la division bibliothèque, Justine Lamoureux, indique au Journal Les Versants que la démarche effectuée par l’administration de son établissement est rigoureuse et comporte plusieurs paliers décisionnels.
Plutôt que d’exclure des ouvrages de ses collections, Mme Lamoureux mentionne que la bibliothèque cherche d‘abord à acquérir des œuvres qui sont représentatives du lectorat ciblé.
De plus, l’établissement montarvillois vise à garder les livres qui sont en bon état et à se départir de ceux qui le sont moins. « On applique une sélection notamment basée sur les intérêts de nos lecteurs, mais également en fonction des guides des valeurs de l’UNESCO et des informations que nous donne Statistiques Canada sur la population montarvilloise. »
En ajoutant à ces critères les statistiques qui concernent les taux d’emprunt des livres des multiples catégories et les caractéristiques des abonnés, la cheffe de division est en mesure d’évaluer quels changements peuvent être bénéfiques pour que les nombres d’emprunts et de visites de lecteurs soient élevés.
C’est donc plutôt dans une optique d’acquisition et d’amélioration que la bibliothèque montarvilloise doit parfois retirer des livres de ses étagères. « Pour conserver les documents, on a une vision qui fonctionne selon les pieds linéaires. Si une année j’ai 800 livres de cuisine qui sont publiés au Québec, je ne vais pas tous les acheter », dit Mme Lamoureux. Elle ajoute : « on va surtout élaguer les ouvrages qui sont en moins bon état physique. Tout ce qui inspire la haine, est dénigrant, on n’a pas besoin de ça dans notre bibliothèque. On est régis par le cadre légal et ce qui régit nos choix il ne faut pas que ce soit de la censure. »
Pas de censure
À savoir si des œuvres pourraient être retirées des rayons lorsqu’elles abordent des sujets sensibles, Justine Lamoureux estime qu’il ne s’agit pas du travail de son équipe que d’agir de la sorte. « S’il fallait qu’on retire des rayons tous les livres où par exemple les femmes sont décrites selon une vision sexiste, on ne finirait jamais de travailler là-dessus. »
« On ne va pas s’empêcher d’acheter un ouvrage sur un sujet sensible, en autant que le contenu soit de qualité et que les sources soient vérifiées. »
-Justine L’amoureux
Elle mentionne qu’en retirant certains ouvrages, l’établissement ne ferait qu’agir selon des intérêts particuliers étant donné que les partenariats qu’entretiennent les bibliothèques de la région feraient en sorte qu’un lecteur pourrait trouver l’ouvrage retiré ailleurs et le faire venir à sa bibliothèque locale. « On est régis par le cadre légal et ce qui régit nos choix il ne faut pas que ce soit de la censure. […] On ne va pas s’empêcher d’acheter un ouvrage sur un sujet sensible, en autant que le contenu soit de qualité et que les sources soient vérifiées. »
C’est pour cette raison que la bibliothèque fait plutôt une sélection basée sur le fait qu’une œuvre est inclusive.
La cheffe de division ajoute que même si certaines œuvres peuvent être perçues comme ayant des valeurs dépassées ou inappropriées, les lecteurs vont pouvoir les emprunter à la bibliothèque et juger par eux-mêmes de la chose. « Ainsi, ils n’iront pas à se procurer un tel livre dans une librairie pour évaluer la qualité de son contenu alors qu’elle serait moindre. »
Que pensez-vous de la place des ouvrages aux thèmes sensibles dans les bibliothèques locales?