Saint-Julie: une exposition de Marie-Claude Denault et Stéphanie Fiola

Marie-Claude Denault et Stéphanie Fiola abordent la nature à leur manière à travers leurs œuvres présentement exposées à la bibliothèque de Sainte-Julie.

Marie-Claude Denault définit son art comme un métier qui s’expose comme l’on expose de l’art visuel. 

Cette rencontre entre les deux formes artistiques est plutôt rare chez les artistes. On compte, parmi les métiers d’art définis comme étant des métiers manuels artisanaux, le travail du céramiste. Mme Denault crée chaque plaque de faïence, qu’elle découpe ensuite en petits carrés pour former ses toiles. 

« C’est la création de la pièce que j’aime le plus dans mon processus. » – Marie-Claude Denault

L’amour de ce médium n’est toutefois pas montré lors de son premier contact avec l’argile, lors d’un de ses cours à l’Institut des arts appliqués, sous son ancien nom. Aujourd’hui, cette école est appelée cégep du Vieux-Montréal. Si cet art était enseigné de manière plutôt rigide, Mme Denault a toujours voulu être libre dans son processus de création. « J’ai toujours voulu m’amuser avec la terre. C’est le toucher qui m’a amenée à travailler l’argile. Il y a quelque chose de très sensuel à le travailler », explique Mme Denault.

Enseignante et étudiante à la fois

Tout au long de ces années de formation, qu’elle a vécues conjointement avec son métier d’enseignante des arts plastiques au secondaire, l’artiste a expérimenté plusieurs techniques et exploré quelques médiums. La terre devient rapidement son matériau de prédilection. « C’est la création de la pièce que j’aime le plus dans mon processus », explique-t-elle.

Elle préfère travailler avec la faïence plutôt qu’avec le grès ou la porcelaine. Elle explique que ce type d’argile est plus poreux et fragile, mais qu’il cuit à une basse température. À une certaine époque, Mme Denault confectionnait des vases. Toutefois, par le type de matériau employé, elle ne recommandait pas à ses clients de l’utiliser pour y mettre de l’eau, car la porosité de la terre finirait pas laisser couler le liquide. 

Sa démarche artistique débute par la confection de galets, qu’elle utilisait comme toile de fond pour y peindre. Elle a ensuite continué en y gravant des éléments et, de fil en aiguille, l’évolution de sa technique donne aujourd’hui les toiles composées de petites et de plus grandes mosaïques de carreaux de céramique, parfois peints, mais surtout gravés et sculptés. C’est ce que l’artiste présente jusqu’au 30 mai prochain à la bibliothèque de Sainte-Julie.

Entre éducation et esthétique

Elle expose à la bibliothèque de Sainte-Julie conjointement avec l’artiste Stéphanie Fiola. Les œuvres de cette dernière sont accompagnées d’une fiche « Le saviez-vous? ». Un ajout inusité dans le monde des arts, mais nécessaire pour la démarche artistique dans laquelle s’ancre la série Menacée ou Vulnérable de l’artiste. Elle y travaille depuis 2021 et elle a reçu dernièrement une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec dans le cadre du Programme de partenariat territorial de la Montérégie-Est afin de bonifier sa collection. 

Elle a débuté ses toiles durant la pandémie, un moment « où la liberté était très restreinte », selon sa description. C’est par son vécu qu’elle a voulu explorer ce thème et c’est à travers les animaux menacés ou vulnérables qu’elle l’illustre. « Ce sont toutes des espèces qui n’ont pas de contrôle sur leur environnement extérieur et elles doivent s’adapter à cette réalité », mentionne-t-elle. L’artiste multidisciplinaire créé aussi à partir d’autres techniques, dont la gravure, que l’on peut retrouver dans les fonds de ses toiles. Peindre sur le matériel choisi, le lin, n’est pas anodin. « C’est quelque chose qui est moins vu, je voulais sortir des sentiers battus. »

Derrière chaque œuvre se cachent aussi des éléments délicats, tels que de petits fils qui sortent de la toile, évoquant toute fragilité des espèces et de leur milieu de vie. « Je voulais apporter l’idée de la fragilité, avec les petits fils qui dépassent sur les côtés, comme un fil qui dépasse d’un chandail et que si on le tire, la maille se défait. »

Plusieurs heures de recherche

Derrière chaque œuvre se cache aussi un travail de recherche colossal. Stéphanie Fiola a parfois passé jusqu’à dix heures de quête sur chacune des espèces choisies pour comprendre sa réalité. 

Ce sont donc deux volets, artistique et éducatif, qui se chevauchent dans l’approche de Mme Fiola, qui a toujours évolué dans le monde de la création artistique. « C’est une valeur ajoutée à l’exposition. Les gens s’arrêtent davantage pour lire les fiches et ils passent plus de temps devant l’œuvre. Ils peuvent faire des liens entre ce qu’ils lisent et ce qu’ils voient. »