Anne-Marie Sicotte se penche sur l’époque des Patriotes
Les chevaliers de la croix, premier tome de la quadrilogie Le pays insoumis
La Montarvilloise Anne-Marie Sicotte, la romancière derrière la saga de la trilogie Les accoucheuses, renouvelle l’expérience du récit historique en publiant chez VLB éditeur Les chevaliers de la croix, le premier tome de la quadrilogie Le pays insoumis. La brique de 587 pages, qui transporte le lecteur en 1827 sur les rives de la rivière Chambly quelque temps avant la rébellion des Patriotes, est sur les rayons depuis le 13 octobre. Rencontre avec une femme de lettres et d’histoire.
À travers le Bas-Canada tout entier, la colère gronde en cette année 1827. Les tyrans font main basse sur les richesses de la Province of Quebec. […] Comme partout ailleurs, l’alarme résonne dans le prospère bourg de Saint-Denis, aux abords de la rivière Chambly. La résistance s’organise. […] Pendant ces années de tourmente, Vitaline Dudevoir et son frère Gilbert s’acheminent vers l’âge adulte. Fille d’un maître-potier, la première développe une passion pour cet art. Le second aspire à devenir un lettré, un de ceux qui combattent avec les mots! Chacun à leur manière, les deux nouveaux personnages d’Anne-Marie Sicotte s’insurgent devant le péril qui menace leur bonheur de vivre, soit celui d’être condamnés à l’exil en leur propre pays. À un régime si corrompu, tous deux répliquent par un esprit frondeur et un cœur insoumis.
Après trois ans de recherches, de rédaction et de travail, l’écrivaine montarvilloise présente Les chevaliers de la croix, le premier tome d’une série de quatre qui sortiront à raison d’un par année. Les trois autres sont déjà organisés, conçus, planifiés.
C’est lorsqu’elle rédigeait Les accoucheuses que la genèse de son histoire sur les Patriotes est venue à l’esprit d’Anne-Marie Sicotte. Elle parle de deux impulsions. D’abord, en raison d’un personnage féminin qui prenait corps subrepticement durant l’écriture de la fin des Accoucheuses. Cette Vitaline Dudevoir lui a donné envie d’explorer un certain parcours de vie correspondant à celui de la romancière, tout en l’arrimant au contexte historique. La deuxième impulsion se rapporte à l’histoire du Québec. « Même ceux qui connaissent très peu l’histoire du Québec ont déjà entendu parler des Patriotes. C’est l’un des événements très connus de notre passé. Depuis ma jeunesse, je garde une curiosité non assouvie envers le sujet. La rédaction d’une telle saga s’alimente aussi de plusieurs réalisations que j’ai faites en cours de vie et de recherche. Après la rébellion, le clergé s’est chargé d’alimenter un discours qui se voulait rempli de préjugés envers les Patriotes. Je ne prétends pas réécrire l’Histoire, mais j’ai vraiment eu l’impression qu’il y a des biais que les historiens ont pris et qui sont attribuables surtout à des préjugés ou des a priori, et que cette vision-là n’a pas vraiment été défiée. À mon sens, il y a encore beaucoup à apprendre de cette période en raison de pans d’ombre et de choses qui sont encore aujourd’hui ignorées », mentionne Anne-Marie Sicotte, en entrevue avec le journal Les Versants.
Pour déterrer ces pans d’ombre, l’historienne de formation s’est penchée sur les écrits des Patriotes, notamment leurs propres témoignages sur l’époque et aussi la correspondance de ces gens-là. Elle a aussi plongé dans les journaux de l’époque, qui étaient d’une « extrême richesse » et très nombreux.
Anne-Marie Sicotte, l’écrivaine d’histoires
À la suite de quelques années de journalisme, Anne-Marie Sicotte se consacre à l’écriture sous de multiples formes. Très rapidement, elle développe une passion pour le passé. Elle publie deux importantes biographies, celle de son grand-père, Gratien Gélinas : La ferveur et le doute, et aussi Marie Gérin-Lajoie : Conquérante de la liberté. Mais le roman de fiction lui fait de l’œil également et la mère de trois enfants décide, en 2003, de publier Les amours fragiles et un roman jeunesse, Le lutin dans la pomme. Suit la célèbre saga historique romanesque Les accoucheuses, vendue à plus de 100 000 exemplaires dans les librairies. « Écrire un roman historique, c’est un défi, un jeu d’équilibre. Souvent, l’histoire n’est qu’un décor, mais il n’y a jamais trop de romanesque. Parfois, il faut sortir du récit afin de donner de l’information générale, et respecter l’histoire, les dates, les événements, mais l’auteur se doit d’alimenter suffisamment la vie de ses personnages. »
Que faut-il pour devenir un auteur chevronné de romans historiques? Elle poursuit en ces termes : « D’abord, il faut être un bon romancier, point. C’est la base de tout. C’est-à-dire être en mesure de créer des personnages crédibles, riches, pas parfaits, mais humains. Ensuite, la boulimie de recherche, l’esprit critique et la capacité d’organisation mentale sont fondamentaux. Enfin, développer le plaisir de jouer avec la langue et recréer le langage et le rythme de l’époque. Mon but, quand j’écris, c’est de faire en sorte que le lecteur se retrouve dans cette époque et qu’il y reste! »
Anne-Marie Sicotte demeure à Saint-Bruno-de-Montarville depuis maintenant plus de 10 ans. Elle y habite pour bien des raisons, mais surtout parce qu’il s’agit d’un beau milieu pour vivre.
« Plusieurs gaspillent leur vie à faire ce qui ne leur plaît pas. Moi, j’ai ce privilège d’avoir toujours autant de plaisir à ce que je fais. Je crois que c’est un cadeau très précieux, une belle récompense que la vie me donne. Jusqu’à maintenant, c’est une magnifique aventure! »