Se remettre de la COVID-19
Au cours de la dernière année, des gens ont contracté la COVID-19 et s’en sont remis. Deux d’entre eux témoignent auprès du journal de l’après-coronavirus.
Le directeur général de la Ville de Sainte-Julie, Pierre Bernardin, est un survivant de la COVID-19.
À son retour d’un voyage de ski en France, en mars dernier, il a commencé à ressentir les effets du coronavirus. Fièvre, perte de l’odorat, perte du goût, détresse respiratoire. Il a été admis aux urgences et plongé dans un coma. De tous ceux qui étaient du périple de ski – ils étaient 21, dont sa femme et lui – c’est Pierre Bernardin qui a été le plus frappé par la maladie. « Nous avons tous attrapé la COVID-19, mais j’ai été le plus affecté », disait-il lors d’une première entrevue avec Les Versants.
« Le plus important, c’est de prendre cette pause pour un moment de réflexion, de recueillement.» – Pierre Bernardin
Au total, le directeur général aura été hospitalité pendant plus de 50 jours. Dans son lit d’hôpital, il a passé 14 jours dans le coma et 28 jours aux soins intensifs. À deux occasions, les médecins ont craint de le perdre.
À sa sortie, il a dû réapprendre à marcher, à respirer, à manger. Il a perdu 35 livres de masse musculaire et n’arrivait plus à tenir une cuillère pour manger. Ses poumons, ses reins, son foie ont été touchés. M. Bernardin a subi quatre traitements de dialyse. En septembre dernier, sa capacité pulmonaire était à 80 %.
De retour en entrevue avec le journal, Pierre Bernardin mentionne qu’il a retrouvé sa pleine capacité physique après les Fêtes, et tous ses moyens depuis janvier. Lors de son retour en poste à Sainte-Julie, en septembre dernier, les médecins lui avaient dit « que la réhabilitation serait une affaire d’un an ». Le travail de réhabilitation aura été long. C’est ainsi qu’il résume sa dernière année. Il a repris aussi quelques activités sportives, dont le ski.
Un sujet émotif
« L’aspect émotif est très présent quand je reviens sur ce sujet, dit-il au téléphone. Je me remémore chaque geste, chaque jour depuis que l’on a contracté le virus. Mon appel à la mairesse pour lui dire que je m’isolerais parce que j’arrivais de l’extérieur. J’aurais pu retourner au travail le lundi matin alors que j’étais contaminé sans le savoir », raconte Pierre Bernardin, qui se sent malgré tout privilégié dans son malheur.
Rappelons que lorsque les skieurs sont revenus de leur périple, la Direction de la santé publique n’obligeait pas encore les voyageurs revenant de l’étranger à s’isoler pendant 14 jours. C’est de sa propre initiative que le directeur général, voyant ses amis malades, s’est placé en isolement volontaire.
Quand on lui demande ce qu’il retient de cette expérience, M. Bernardin souligne qu’il ne faut pas voir cette pandémie comme une fin en soi, mais plutôt comme un chambardement majeur dans notre vie. « Selon notre âge, nous avons tous vécu la crise du verglas. Mais ce n’est pas comme la COVID. Contrairement au verglas, ce virus laisse des dommages physiques, de l’inconfort. Le plus important, c’est de prendre cette pause pour un moment de réflexion, de recueillement. » Selon lui, on pourra crier victoire uniquement quand il n’y aura aucun cas actif de COVID-19 sur la planète. « Il faut mettre tous les efforts nécessaires pour éradiquer ce virus. »
La Journée nationale de commémoration pour les victimes a eu lieu le 11 mars dernier au Québec. Plusieurs municipalités ont aussi rendu hommage aux disparus et au personnel de la santé. Pour sa part, M. Bernardin a eu une pensée pour l’équipe médicale qui a pris soin de lui à Sherbrooke. Il lui a fait parvenir des roses blanches. « C’est précieux, ce que les gens de la santé ont fait depuis un an. »
Claire Duval
Au printemps dernier, Claire Duval, une ancienne collaboratrice du journal Les Versants et du Journal de Saint-Bruno, a reçu un diagnostic de pneumonie au coronavirus. « Une forme plutôt légère », nous disait la Montarvilloise, lors d’une entrevue en mai. Ses premiers symptômes sont apparus au cours de la fin de semaine de Pâques. Mal de gorge, toux, congestion des poumons, fatigue et perte de l’odorat; des signes distinctifs de la COVID-19. Puis, la congestion des poumons. Elle était amorphe et sans énergie. Elle passait plusieurs heures à dormir. « Ils appellent ça la grande fatigue. » Sans traitement contre le virus, le médecin de Mme Duval lui avait proposé de retourner chez elle.
Cette fois, lors de cette entrevue retour, Claire Duval nous dit que la saison estivale lui a fait du bien. Bonne nageuse, elle s’est remise à accumuler les longueurs dans la piscine de son condo. Puis elle a passé deux semaines chez sa fille en Abitibi, à regarder le paysage. « J’ai réalisé à quel point j’étais fatiguée. Le séjour en Abitibi m’a permis de me remettre sur pied. Le 8 septembre, j’avais repris mes forces », raconte-t-elle.
Des séquelles
Mais peu de temps après, la COVID-19 n’avait pas dit son dernier mot. Claire Duval a subi une paralysie faciale de Bell, une séquelle neurologique due à la COVID, selon les médecins. Le phénomène survient soudainement. Le principal symptôme consiste en une faiblesse et une paralysie d’un côté du visage. « Dans mon cas, j’avais la bouche croche et une paralysie dans l’œil droit. À l’hôpital, quand j’ai appris ce qui m’arrivait, j’étais assez choquée! Je trouvais que j’en avais assez eu. On m’a dit que je m’en remettrais après quelques mois. Septembre et octobre ont été des mois difficiles. »
Claire Duval souffre déjà d’une dégénérescence maculaire dans l’œil gauche. « Moi qui aime tant les livres, je n’arrivais pas à lire avec cette paralysie! On m’a proposé d’emprunter des bouquins audio à la bibliothèque. Alors, je me suis laissée raconter des histoires. C’est plaisant, j’ai aimé cela », ajoute-t-elle. Bien que sa vision ne soit pas encore revenue complètement, la principale intéressée confie que son état s’améliore. « Mais j’ai de la misère à lire vos articles les plus longs. Je ne peux pas lire longtemps. »
Quand on lui demande ce qu’elle retient de sa situation, celle qui se fera vacciner avec son mari au Centre Marcel-Dulude le 23 mars prochain évoque « une maladie insidieuse », qu’elle qualifie de « vrai serpent ». Après un instant d’hésitation, elle reprend : « C’est assez difficile d’expliquer. On est encore collés dessus. On vient de vivre une année hors du temps, qui nous est tombée dessus d’un coup sec. Mais ça nous a permis de voir à quel point l’être humain est précieux. Je m’ennuie. Je m’ennuie de mes enfants et de mes petits-enfants; c’est dans un moment comme celui-là que l’on réalise à quel point ils sont précieux. »