Médecin en confinement

Guy Bonenfant

Guy Bonenfant, un médecin à la retraite âgé de plus de 80 ans, est revenu d’Espagne, le 24 mars, à la suite de ses vacances à Fuengirola. En confinement dans sa maison de Saint-Bruno-de-Montarville, il s’est confié au journal Les Versants.

Guy Bonenfant et son épouse passent une partie de l’hiver en Espagne. Pour la septième fois cette année, ils ont déposé leurs valises à Fuengirola, pour un séjour de six semaines. « Tout se passait très bien pendant les quatre premières semaines. Même un peu plus. Mais, ensuite, pendant les 10 jours suivants, les choses ont basculé. Les mauvaises nouvelles ont commencé à affluer, le nombre de cas reliés à la COVID-19 ont explosé et des mesures très strictes du gouvernement ont été mises en place. Nous avons passé les derniers jours du voyage en confinement dans notre chambre d’hôtel », raconte Guy Bonenfant, en entrevue téléphonique avec Les Versants.

Un pays touché

Il faut savoir qu’au moment d’écrire ces lignes, l’Espagne fait partie des pays les plus touchés sur la planète avec les États-Unis, l’Italie, la France et l’Allemagne en nombre de cas. En Espagne, la barre des 16 000 décès a été franchie. Plus de 163 000 cas ont aussi été confirmés dans le pays.

Parmi les directives à respecter, le voyageur évoque notamment la distanciation sociale, bien sûr, et les chauffeurs de taxi qui n’acceptaient qu’un seul passager à la fois. « Une seule personne par famille avait l’autorisation de se rendre au supermarché; sur place, il fallait garder la distance requise entre les clients. Dans les ascenseurs de l’hôtel, une seule personne à la fois était acceptée. Uniquement les propriétaires d’animaux de compagnie pouvaient se promener dehors. La police veillait au grain; il y avait des patrouilleurs partout pour vérifier la destination de chacun », énumère M. Bonenfant.

Le couple a traversé l’océan en avion pour revenir en sol canadien le 24 mars. Les dates de leur périple à Fuengirola avaient été respectées, du 10 février au 24 mars. Le 10 février, le monde était encore bien loin de se douter ce qui l’attendait, environ un mois plus tard.

Or, M. Bonenfant affirme que plusieurs touristes auraient souhaité devancer leurs vols. « Mais c’était physiquement impossible de le faire. Bien que le pays voulait se “débarrasser” de nous rapidement, les compagnies d’avion, elles, affichaient des vols déjà complets. »

« La situation n’est pas beaucoup plus gaie par ici. Mais au moins, nous sommes à la maison et dans nos choses. » – Guy Bonenfant

À l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal, il insiste sur le fait que rien de particulier n’a été entrepris de la part des autorités en place. À la douane, il a dû répondre au questionnaire habituel. « Rien d’autre, dit-il. Nous avons reçu un feuillet explicatif, la consigne de bien se laver les mains, de respecter le confinement et de conserver une distanciation. »

À la maison

Isolés à la maison, les deux Montarvillois se débrouillent bien dans les circonstances. Ils reçoivent l’aide de membres de la parenté pour la livraison de nourriture et de produits de la pharmacie. « La situation n’est pas beaucoup plus gaie par ici. Mais au moins, nous sommes à la maison et dans nos choses », reconnaît-il.

Il poursuit sur le confinement : « Nous respectons les règles. Ce n’est pas dans notre intérêt de sortir, puisque nous sommes dans une catégorie d’âge à risque. Nous n’avons aucun symptôme pour le moment, bien que la période d’incubation du virus puisse durer quelques jours encore. Nous en profitons pour faire du ménage; on a le temps! », lance le docteur Bonenfant, qui ne ferme pas la porte à un retour en Espagne… un jour.

S’armer de patience

D’ailleurs, le médecin en lui croit que la situation sera longue, car seules des mesures défensives sont actuellement mises en place. Le processus sera long aussi, parce qu’il s’agit d’un nouveau virus, contre lequel aucune mesure de défense active n’a encore été proposée. « Il n’existe rien pour arrêter la propagation du virus de manière active, rappelle-t-il. Et il faudra du temps pour trouver un remède ou élaborer un vaccin. »

Il estime que l’information régulière que transmet le gouvernement du Québec tous les jours permet à suffisamment de Québécois d’être disciplinés. « On suit François Legault comme on suit Tout le monde en parle. Informer ouvertement les gens, c’est un facteur important. Ce n’est pas le cas dans tous les pays. »

Quand on lui demande comment il voit l’avenir pour l’être humain, l’octogénaire avance que la vie sera différente à la suite de cette crise planétaire. « La vie ne sera plus la même après cette épidémie. L’homme ne pourra pas faire abstraction des nouvelles tendances qui sont en train d’apparaître. Le télétravail en est un exemple; ça existait auparavant, mais pas de façon aussi générale comme aujourd’hui », de conclure M. Bonenfant.

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