La COVID-19 dans l’histoire

Professeur d’histoire à l’École d’éducation internationale de McMasterville, Raymond Bédard se penche sur l’impact qu’aura la pandémie de COVID-19 dans l’histoire.

La COVID-19 n’est pas la première maladie infectieuse à frapper l’humanité. Raymond Bédard rappelle quelques épidémies dans l’histoire. D’abord la peste bubonique au milieu du 14e siècle, qui aura causé le décès de 25 millions de personnes entre 1347 et 1352. Ainsi que la grippe espagnole, qui apparaît à la suite de la Première Guerre mondiale, et qui a entraîné quelque 50 millions de morts dans le monde.

Se relever face aux obstacles

« L’histoire donne raison à l’homme, rappelle Raymond Bédard, questionné par Les Versants. Malgré les épidémies ou les pandémies, [malgré] les guerres, l’homme a toujours su passer à travers les périodes difficiles; il a toujours su continuer à avancer et à progresser. » Pour cette raison, M. Bédard, qui a reçu le prix du gouverneur général pour l’excellence de l’enseignement en histoire en 2011, suggère à tous de « rester optimistes en l’avenir et solidaires devant l’adversité ».

Quand on lui demande de comparer la COVID-19 avec les autres cas de maladies infectieuses du passé, le Montarvillois insiste sur la vitesse avec laquelle le coronavirus de 2020 se propage. Il précise : « La différence avec ce virus, c’est la vitesse avec laquelle il se répand [sur la planète] grâce, ou [plutôt] à cause des moyens de transport rapides que nous connaissons et du tourisme de masse. Malheureusement, les virus voyagent à la même vitesse que les humains qui voyagent de plus en plus et [plus rapidement]. Chaque épidémie ou pandémie reste un combat à gagner contre la maladie. Il faut garder confiance en nos capacités à trouver des solutions pour faire face à la situation actuelle. »

Le professeur d’histoire constate aussi un autre aspect particulier du virus. « La virulence du virus frappe plus particulièrement les personnes plus âgées », dit-il.

Garder espoir

Il poursuit : « Comme les autres épidémies ou pandémies, on ne saura probablement pas pourquoi le virus arrête de faire des victimes et quitte la scène. Il est difficile de prévoir le nombre de morts que fera ce virus et quand il s’arrêtera, mais il faut garder espoir que les mesures mises en place vont limiter la transmission et que les chercheurs vont éventuellement trouver un remède pour soulager et un vaccin pour prévenir une nouvelle vague. »

« L’histoire donne raison à l’homme. Malgré les épidémies ou les pandémies, [malgré] les guerres, l’homme a toujours su passer à travers les périodes difficiles; il a toujours su continuer à avancer et à progresser. » – Raymond Bédard

Changements

D’après lui, cette crise sanitaire jamais vue dans l’histoire entraînera des changements dans la société telle que nous la connaissons aujourd’hui, notamment sur les relations interhumaines. « Il y aura des effets à court et moyen termes importants sur nos relations avec les autres. »

Les embrassades, les poignées de mains et autres câlins, « pourtant si réconfortants dans les moments difficiles », ne seront plus aussi prisés. « Nous serons moins enclins [à cela] », estime Raymond Bédard.

Les voyages à l’étranger risquent aussi d’en prendre un coup pendant une certaine période. « Il y aura aussi des effets sur les voyages touristiques à l’étranger, perçus comme à risque pour la santé. La crainte d’une autre vague sera certainement très présente dans les esprits. »

Celui qui est aussi président de la Société des professeurs d’histoire du Québec (SPHQ) croit que les habitudes de l’être humain finiront par revenir au galop. Or, cela pourrait survenir d’ici quelques années. « À long terme, je crois que la société va reprendre ses vieilles habitudes de consommation, et que le capitalisme va s’en remettre. »

Le milieu culturel

Raymond Bédard a une pensée pour tous les acteurs du milieu culturel. « Ce qui m’attriste, c’est l’effet dévastateur à court terme sur le milieu culturel : le théâtre, les concerts, le cinéma et toutes autres disciplines artistiques. » Rappelons qu’il est président de l’Harmonie Mont-Bruno; il est trompettiste dans l’orchestre à vent.

Confiné à la maison comme plusieurs autres Québécois, comme plusieurs autres citoyens du monde en fait [jeudi, les mesures de confinement affectaient plus de trois milliards de personnes], Raymond Bédard évoque la résilience des Québécois face à cet isolement préventif, aux quarantaines volontaires et aux demandes de distanciation sociale. « Le gouvernement Legault gère très bien cette crise sanitaire. [Le] trio de choc rassure par ses actions et s’ajuste au jour le jour sans pour autant minimiser les effets négatifs sur les plans économique et social », note-t-il.

Des conséquences importantes sont à prévoir sur l’économie, selon le principal intéressé. « Le capitalisme est basé sur la consommation, qui a chuté de façon abrupte! Tout est question de temps maintenant, plus la crise durera longtemps, plus le retour à la normale sera long. »

Occuper son temps

Raymond Bédard profite de cette période de confinement à la rédaction et la correction de textes en vue de produire des balados sur l’histoire de la province, un projet de Martin Landry, enseignant et responsable à Montréal en histoires. « Je travaille aussi à la préparation du congrès d’octobre de la SPHQ, en espérant que la situation revienne à la normale d’ici là. Je prends le temps de lire des romans, surtout policiers que j’aime bien, qui attendaient dans ma bibliothèque. Puis j’écoute de la musique; comme disait autrefois mon père, “je me fais des concerts”. » Ce dernier, l’un des fondateurs de l’Harmonie Mont-Bruno, est décédé au mois d’août 2018.

QUESTION AUX LECTEURS :

Que pensez-vous que la COVID-19 va changer dans l’histoire?