À la maison après un séjour en Espagne
Isolement préventif
En raison des directives émises par les autorités de la santé publique, Serge Fortin est en isolement préventif à la maison pour 14 jours. Le Julievillois revient d’un séjour écourté en Espagne.
« C’est un coup à donner, dira Serge Fortin en entrevue téléphonique avec Les Versants. Le plus dur, c’est de ne pas voir mes enfants, et de ne pas avoir eu la chance de les prendre dans mes bras depuis mon retour. »
En attendant, il profite de son confinement pour entreprendre de légers travaux intérieurs, tels que de la peinture et du ménage, et il souhaite mettre à jour ses papiers. « Je ne suis pas le genre qui va s’écraser sur le divan. D’ailleurs, je regarde de moins en moins les nouvelles; elles me dépriment. Je m’informe un peu, mais je trouve que les chiffres grimpent vite; c’est inquiétant! », mentionne Serge Fortin, qui sort parfois marcher sur une distance de 10 km ou pour faire un jogging de 5 km. « Nous sommes plusieurs à marcher. Par contre, tous s’éloignent les uns des autres lorsqu’ils se croisent sur le trottoir. Les gens se tiennent loin. »
« Le plus dur, c’est de ne pas voir mes enfants, et de ne pas avoir eu la chance de les prendre dans mes bras depuis mon retour. » – Serge Fortin
Son départ de Montréal a eu lieu le 8 mars. Le lendemain, il mettait les pieds en Espagne. Rappelons qu’à cette date, il y a une crise, elle est connue, mais elle n’a pas alors l’ampleur qu’elle revêt aujourd’hui. C’est d’ailleurs trois jours plus tard, le 11 mars, que l’Organisation mondiale de la santé considère l’épidémie en tant que pandémie. C’est aussi le 11 mars, en soirée, que le président américain Donald Trump suspendait les vols provenant d’Europe, qu’un joueur professionnel de basketball atteint de la COVID-19 forçait l’Association nationale de basketball à mettre fin à son calendrier et que l’acteur Tom Hanks annonçait être infecté du virus. « J’étais au courant parce qu’on en parlait. Mais pas plus que ça. J’avais du désinfectant pour les mains dans mes bagages, quelques masques. Je lisais et j’écoutais les nouvelles. Puis, tout s’est mis à débouler les 12, 13 et 14 mars. », témoigne Serge Fortin. Le 13, notamment, l’état d’urgence était déclaré en Espagne.
Séjour écourté en Espagne
L’objectif de ce périple était de suivre l’un des pèlerinages de Saint-Jacques-de-Compostelle. Un voyage que celui qui a déjà vécu à Saint-Bruno-de-Montarville préparait depuis décembre dernier. Il explique : « Ça fait longtemps que je voulais y aller. Je souhaitais aller me ressourcer, marcher seul pendant 260 km. Ce n’est que partie remise. Je sais qu’à un moment ou à un autre, je vais finir mon trajet. » Le père de famille devait revenir au pays le 25 mars; c’est plutôt le 16 que son avion s’est posé à l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal, après une escale à Londres et une autre à Paris. Un retour en sol canadien qui lui aura pris quelque 60 heures au total.
« J’avais commencé à marcher depuis quatre jours. Entre-temps, le pays a déclaré l’état d’urgence. J’étais dans les champs, dans la forêt; je n’avais pas de contact avec les gens, sauf si j’arrêtais dans une auberge pour la nuit », raconte-t-il.
Puis samedi, le gouvernement l’a sorti du bois. Il proclamait la fermeture des cafés, des bars, afin de limiter la propagation du virus. « J’ai senti la différence. Tout s’est mis à dégénérer; mon contact au pays, Nelly, me donnait des nouvelles toutes les cinq minutes sur la situation. À ce moment-là, mon hamster s’est mis à rouler… Je craignais que les frontières ne ferment et que je sois captif ici plus d’un mois, voire deux. Ensemble, on a pris les mesures nécessaires pour que je sorte de là. »
Londres, Paris, Montréal : les aéroports
Des différences notables dans tous les aéroports qu’il aura fréquentés pendant son retour. Malgré son masque sur le visage, il admet que la peur était au rendez-vous dans ces lieux. « À Londres, c’était le “free for all”! Les bars, les restos… tout était encore ouvert. Personne ne portait masque et gants, comme si le virus n’existait pas. » Tout le contraire de Paris. Il poursuit : « Seulement la moitié de l’équipe des agents de bord travaillait, mais ils avaient mis des masques, des gants. Tout était fermé. » Puis, Montréal, où il a été témoin de cette « deuxième douane », instaurée par la mairesse Valérie Plante. « Les préposés nous informent sur la situation, nous posent des questions, nous demandent si nous avons des symptômes, mais sinon, ça se passe assez rapidement. »
Son billet Paris-Montréal, trouvé par son fils à 600 $, est un aller-retour. « Logiquement, je pourrais retourner à Paris en passant par Toronto d’ici une semaine et demie… , mais il n’est pas question que j’aille me jeter dans la gueule du loup! », de lancer Serge Fortin.
Changement majeur
Quand on lui demande ce qu’il pense de la situation mondiale actuelle, le courtier immobilier n’hésite pas à parler d’un événement majeur : « C’est une claque que l’humain vient de recevoir, une claque de la part d’un ennemi inconnu, d’une bibitte! En principe, j’ose croire que cet événement va réveiller le monde, le changer pour mieux, pour un changement d’attitude. »
Mais d’ici la fin de cette pandémie historique, Serge Fortin demeure isolé chez lui, loin de ses proches, de son café préféré, qui a fermé ses portes, et de ses clients. « Comme j’ai dit, c’est un coup à donner! Je suis prêt à poursuivre ma quarantaine et à rester confiné le temps qu’il faudra. En ce moment, je n’ai aucun symptôme », affirme-t-il, avant de noter qu’il dénonce ce « je-m’en-foutisme » de certains qui ne s’isolent pas. « C’est une bonne chose que toute la population demeure à l’intérieur. C’est ainsi qu’on pourra combattre cette bibitte. Au contraire, le “je-m’en-foutisme” ne fait qu’augmenter les statistiques. »
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