Stratégie de détournement péquiste

La première partie de cet article nous révélait que les Frères de Saint-Gabriel ont commencé à s’installer à Saint-Bruno-de-Montarville en 1911 et, qu’en 1922, ils se retrouvaient propriétaires des terres des Jésuites, leurs voisins. Ils possédaient alors une très grande ferme de plus de 1 000 acres. L’année suivante, en 1923, le frère Aloys était nommé directeur de la Villa Grand-Coteau et régisseur de la ferme. Il exercera cette dernière fonction avec une grande compétence pendant trente ans, jusqu’à sa mort, en 1953. Les frères ont poursuivi sur cette lancée jusqu’en 1975, alors que le gouvernement provincial signait l’acte d’achat de tout ce qui subsistait de l’imposante ferme et de toutes les propriétés des Frères de Saint-Gabriel. Nous verrons ici l’installation, sur cette même terre, de la Plateforme d’innovation en agriculture biologique

Si le frère Aloys vivait, c’est d’un bon œil qu’il verrait un organisme tel que l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA), par sa Plateforme d’innovation en agriculture biologique (PIAB), s’installer sur les anciennes terres des frères, y décelant sans doute une continuité, mais dans la voie moderne du 21e siècle. Joint par téléphone, le frère Gérard Joly, présent lors de l’inauguration de l’IRDA le 3 mai 2013, confirme cette supposition et avoue être lui-même heureux de voir l’institut s’y installer. Il a travaillé à la ferme pendant de nombreuses années comme fermier, comme gérant du troupeau pendant trois ans et comme laitier.

L’IRDA et la Plateforme d’innovation en agriculture biologique

La Plateforme d’innovation en agriculture biologique, sise sur l’ancien territoire de la Villa Grand-Coteau, rang des Vingt-Cinq, est reconnue comme étant le plus important site de recherche dans le domaine au Québec et au Canada. Les grandes et belles terres sont devenues « un laboratoire à ciel ouvert », avec une vision d’excellence, en repoussant plus loin les données de la science tout en tenant en compte les changements climatiques.

La Plateforme de Saint-Bruno est l’une des quatre installations qui constituent l’IRDA, dont le siège social est à Québec. L’organisme est né des nombreuses demandes exprimées par le milieu agricole québécois. Et, comme le souligne le président du conseil d’administration, Pierre Lemieux, « le Québec importe 70 % des produits biologiques qu’il consomme ». Renverser cette tendance est donc un objectif de l’IRDA. M. Lemieux précise que « les résultats de recherche de la Plateforme d’innovation en agriculture biologique serviront de levier pour augmenter la production d’aliments biologiques locaux ».

La PIAB répond aux normes biologiques pour mener les activités de recherche appliquée et de développement. Elle pratique également le transfert des connaissances et offre des séances de formation aux organismes concernés, aux intervenants et aux conseillers en agriculture biologique. Les résultats des recherches sont rendus publics et sont diffusés auprès de ces intervenants. Un volet de diffusion grand public est aussi mis de l’avant, comme ce fut le cas l’été dernier lors d’une journée portes ouvertes. Expérience que l’on se propose de répéter, révèle la responsable des communications, Josée Breton.

Les recherches

Lors d’une rencontre, la coordonnatrice de la Plateforme et directrice scientifique adjointe, Sylvie Bellerose, révèle qu’à Saint-Bruno, en plus des nombreux stagiaires, se trouvent 23 employés, dont des chercheurs de haut niveau dans diverses disciplines : entomologie, malherbologie, phytopathologie, microbiologie, chacune ayant un ou deux techniciens. Selon les saisons, le nombre d’employés peut doubler, nous informe-t-on; les enjeux pris en considération sont de nature environnementale, économique et sociale. Mme Bellerose mentionne quelques-uns des sujets qui les intéressent : « Le développement des méthodes de culture par les insectes bénéfiques et le contrôle physique des plantes, la salubrité des aliments qui invite à investiguer l’eau d’irrigation et les fumiers, l’effet des engrais verts sur la fertilité des sols. » À l’heure des changements climatiques, de nouveaux défis surgissent, tels que l’apparition d’insectes qui, autrefois, ne survivaient pas à l’hiver.

Déjà, lors de l’ouverture officielle, plus d’une dizaine de projets de recherche multidisciplinaires étaient en cours. L’un d’eux se nomme : « Gestion efficace et intégrée des légumineuses, des fumiers et des composts sous différents modes de travail du sol, pour une rentabilité accrue des productions biologiques ». Le projet s’est penché sur l’efficacité des légumineuses en rotation, du travail du sol, des fumiers et des composts sur la production biologique du maïs.

L’IRDA est une corporation de recherche à but non lucratif, constituée en mars 1998 par quatre membres fondateurs, soit le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), l’Union des producteurs agricoles (UPA), le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) et le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation (MDEIE).

Au 20e siècle, le rang des Vingt-Cinq a été témoin de l’excellence en agriculture, à la Villa Grand-Coteau, et du goût d’en partager les méthodes. Au 21e siècle, ce même rang assiste encore à des travaux en agriculture exécutés par la PIAB. Le souci de l’excellence se retrouve chez les employés dans leurs recherches, qui visent à proposer des solutions novatrices répondant aux besoins des agriculteurs et de la société, dans une perspective de développement durable.