Russell Davis : avoir la tête dure mène loin!

Chronique Mémoires

Après la famille Lanoue, déjà présentée l’automne dernier, une deuxième famille a habité la gare de Saint-Basile-le-Grand : les Davis. Ils ont pris la relève dès l’automne de 1948. Ils en ont été les care taker jusqu’en 1959. L’ancienne gare a été démolie en 1962. Russell Davis se souvient de son baptême et ce n’est que depuis peu qu’il connaît le véritable nom de son père. Une famille au parcours unique.

Né à Sainte-Rosalie, en 1939, Russell est le benjamin d’une fratrie de cinq enfants : Gordon, né en 1927, John, en 1933 (décédé en 1997), Martha, en 1934 et James, en 1936. Leurs parents sont Germaine Rochette, née à Nicolet, en 1901, et George Lawrence Davis, né à Houston, Delaware, en 1882. Le père décédera en 1944. Après avoir demeuré à la gare, Russell sera le seul de la famille Davis à prendre racine à Saint-Basile-le-Grand. En 1962, il épouse Rollande Trudeau, née en 1940, de Marie-Laure Manny et d’Aimé Trudeau. Ils auront deux filles, Jayne, avocate, qui a un fils, Philip, et Peggy, professeure d’histoire de l’art à l’UQAM.

Baptêmes et mariage

Jusqu’au décès du père, en 1944, c’est en anglais que la vie familiale se déroule, car il ne parle pas français, à l’exception d’un difficile bonjour. George L. Davis est General Clerk pour la compagnie Canadian National Railways. La vie n’est pas facile. À l’école, chez les sœurs de Saint-Joseph, les enfants sont montrés du doigt. James est nommé par les religieuses « le païen ». La cause : ni lui ni les autres enfants ne sont baptisés et les parents ne sont pas mariés. Le 11 juillet 1944, leur mère baptise leur père, qui se trouve en danger de mort. Elle envoie chercher le curé. À son arrivée, il confirme le baptême, marie les parents et baptise les enfants, à l’exception de Gordon, qui est absent. Il le sera la semaine suivante. Russell a 5 ans, c’est pourquoi il se souvient de son baptême. George Lawrence Davis décédera de sa maladie cardiaque, le 31 octobre de la même année.

À la gare

En 1948, la famille s’installe à la gare de Saint-Basile-le-Grand. Le grand-père maternel, Évariste Rochette, et tante Élise, sœur de leur mère, demeurent avec eux. C’est elle qui s’occupe de la famille, tandis que la mère, Germaine, travaille comme secrétaire à Montréal. L’aîné, Gordon, est nommé « agent », de la gare, il en sera le dernier. Jusqu’à son décès, en 1951, le grand-père remplit la fonction de care taker. Dans la réalité, Gordon travaille à l’extérieur et c’est le grand-père et des enfants qui accomplissent les travaux. Au décès de M. Rochette, les enfants ont vieilli et ils prennent complètement la relève. John a 18 ans, James, 14 et Russell 12. Ce n’est pas une mince tâche. Il faut rentrer le bois et le charbon, signaler les trains, s’occuper des paquets du freight, tenir la salle d’accueil propre. Les deux plus âgés remplissent les seaux de charbon et Russell les transporte, il est le plus grand. « Des chaudières de 50 à 60 livres, au bout de chaque bras, 16 à 18 fois par jour, en hiver », se souvient M. Davis, « on a travaillé dans la vie! », s’exclame-t-il en riant. Il se souvient des planchers de bois à brosser, à genoux. Il passe en moyenne près de 30 trains par 24 heures. À l’époque, la gare est construite sur le côté est de la rue Robert, entre les deux traverses de chemin de fer! Bruit et vibration au menu! « Mais on s’y fait », commente M. Davis.

Études et carrière

Après sa 6e année, au Couvent des sœurs de Saint-Joseph, qui deviendra la mairie, Russell fera de la 7e à la 9e année à l’Académie Saint-Michel, de Saint-Lambert. Il poursuivra ses études pendant quatre ans au Catholic High School of Montreal. Une année à l’École polytechnique de Montréal le convaincra que ce n’est pas sa place. Il se dirigera vers les assurances. Grâce à ses études personnelles, obtient le titre d’« Associé de l’Institut d’assurance du Canada ». Il travaillera principalement comme expert en sinistres.

À suivre

Pour connaître la fin de l’histoire de Russell Davis et savoir comment il se fait qu’il ne connaît le véritable nom de son père que depuis peu, il faudra lire la suite de cet article. Étant donné la période des vacances, cette suite sera publiée dans l’édition du 10 août 2011.

(Avec la collaboration de la Société d’histoire de Saint-Basile-le-Grand)