Professions: criminaliste et future maman

Criminaliste : juriste spécialiste du droit criminel. Trop rares sont encore les femmes qui exercent cette profession. Pourtant, ce métier a tôt fait d’attirer la Montarvilloise Annie Émond. Femme de caractère, Me Émond a réussi à prendre sa place dans ce domaine d’hommes. Toutefois, après onze ans de carrière à défendre les criminels, elle a pris une décision qui bouleversera dorénavant son quotidien : devenir maman!

Fille d’un père criminologue, Annie Émond est tombée inconsciemment dans la marmite du droit. « Mon père a toujours exercé ce métier, que j’ai compris beaucoup plus tard. À l’université, je savais que je voulais m’en aller en droit, mais sans aucune spécialité en tête. Aujourd’hui, je suis convaincue que ce domaine se retrouve dans mes gènes! », de raconter l’avocate de la défense.

Le respect de la loi pour tout un chacun, même les criminels, est ce qui motive quotidiennement Me Émond. « On a tout le temps le vent dans le visage. C’est continuellement un défi d’être criminaliste parce que, pour les autres, nous sommes du mauvais côté; celui que le public et les médias ne comprennent pas. »

Discrétion, rigueur intellectuelle, curiosité et sens de l’observation sont des qualités que doit détenir tout bon avocat; la résistance psychologique en fait aussi partie. Me Émond avoue que ce ne sont pas les clients qui sont parfois les plus ardus, mais les pairs. 

« Ce qui est le plus difficile dans mon métier est d’affronter les préjugés de mes confrères qui oeuvrent dans d’autres domaines du droit. Pour eux, les criminalistes sont les moutons noirs de la profession. C’est pourquoi une femme doit avoir d’autant plus de caractère pour réussir dans cette branche. Il ne faut pas se laisser impressionner, même par les juges, afin de représenter au mieux le client. »

Une future maman parmi les hommes

« Au début de ma carrière, je me suis dit que je voulais présenter le plus de dossiers possible devant les jurés avant même de penser à fonder une famille. C’était ma priorité. Dix ans plus tard, je suis arrivée à un point où oui, c’est bien beau une carrière, mais ce n’est pas avec elle que je partagerai mon souper du dimanche pour le reste de ma vie, de raconter la future maman. Mon conjoint est extraordinaire, il adore les enfants; donc, tranquillement, j’ai repensé ma décision, et depuis cinq mois, nous attendons une petite fille! »

Me Émond est tellement passionnée par son métier qu’elle ne pense même pas prendre son année complète de maternité. Il faut dire qu’il n’est pas non plus facile de se monter une clientèle quand on est travailleuse autonome et dans une profession très majoritairement exercée par des hommes. Elle est d’ailleurs la seule femme dans le cabinet de dix avocats criminalistes où elle travaille!