Les grands honneurs pour Bénédicte Nadeau
L’École secondaire du Mont-Bruno se signale à la Finale régionale de Secondaire en spectacle
L’École secondaire du Mont-Bruno a participé, le 14 avril dernier, à la Finale régionale de Secondaire en spectacle, un événement qui se déroulait au Collège Champlain, à Saint-Lambert. La Julievilloise Bénédicte Nadeau a remporté la bourse Rendez-vous de la Francophonie grâce à son monologue « Quelque chose de plus fort que mon sourire ». Elle s’est aussi vu remettre le premier prix dans la catégorie « Auteur-compositeur-interprète ».
« Je suis restée vraiment étonnée! Je ne m’attendais pas de gagner et je suis encore abasourdie de l’annonce des résultats, d’autant plus que j’ai rédigé mon monologue en l’espace de 30 minutes la veille de la finale », explique au journal Bénédicte Nadeau. L’étudiante de 5e secondaire est une habituée de Secondaire en spectacle : elle a remporté des prix lorsqu’elle était en 1re et en 3e secondaire. « J’avais déjà écrit un texte pour le concours, mais la veille, j’ai réalisé que son sujet ne venait pas me chercher autant. Alors, j’ai fait » Quelque chose de plus fort que mon sourire » ».
Avec ce texte coup-de-poing, traitant de sujets comme la cyberprédation, le viol et le suicide, Bénédicte a remporté la bourse Rendez-vous de la Francophonie, pour la qualité de la langue française. Elle a également mérité la première position dans la catégorie « Auteur-compositeur-interprète », se taillant ainsi une place parmi les gagnants qui se rendront à Sept-Îles pour le Rendez-vous panquébécois, en mai. « Je suis choyée et émue de ce qui m’arrive. Pour moi, ça vaut plus que bien des choses parce que l’écriture de textes, j’en mange! » de poursuivre la jeune fille de 17 ans qui s’est inscrite en Communications au Vieux-Montréal pour septembre prochain. Elle souhaite aussi faire du théâtre et aboutir un jour à la télévision.
Les membres du groupe Willforge, composé de Patrice Léveillé, Antoine Kosko-Fafard, Louis Gariépy ainsi qu’Émile Ménard-Reid ont fait honneur à leur école en ouvrant le spectacle avec leur interprétation instrumentale de la pièce « Poison Was The Cure », du groupe métal Megadeth.
Ce fut une soirée haute en couleur et des félicitations s’imposent pour toute l’équipe d’organisation.
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Avec l’accord de l’auteure, le journal Les Versants publie dans son intégralité le texte de Bénédicte Nadeau, Quelque chose de plus fort que mon sourire.
Ça se termine ce soir! Il y a un an, je n’aurais jamais cru possible me rendre ici. Ma vie, c’était comme une balade, une éternelle chanson, celle que t’écoutes quand t’es perdu pour retrouver ton chemin. Non, moi je ne connaissais pas ça, le mot tristesse. À vrai dire, s’il y avait eu un métier nommé BONHEUR, je l’aurais pris. Il faut croire que la vie en a décidé autrement.
Dans la vie, il y a deux types de gens, ceux qui changent et ceux qui ne changent pas. Moi, je suis restée la même, j’ai juste fini par ressentir d’autres émotions. Voilà, ce sont mes émotions qui ont changé… Le jour où j’ai commencé à comprendre qu’il y avait une vraie vie, une autre sorte de mentalité. Quelque chose de plus fort que mes sourires, moi qui croyais pouvoir changer le monde. J’ai toujours aimé avoir le dernier mot, parler trop fort. On m’a toujours perçue comme quelqu’un d’imposant et de tête forte. Vous le saviez, que ça se pouvait passer des mauvaises journées? Avant ce jour… je n’en avais aucune idée. Je n’étais pas naïve, simplement inoffensive. Je me doutais bien qu’il y avait quelque chose, je ne voulais simplement pas y croire. Je ne dis pas que j’étais parfaite, mais j’avais ma façon à moi de ne pas l’être.
C’était un soir d’août, au lieu d’aller dehors, je me suis connectée sur un truc VIRTUEL. INTERNET. Dans mon écran, dans le coin à gauche, on m’affiche une INVITATION. Du premier coup d’œil, je n’y ai pas vraiment porté attention. En réalité, j’aurais dû fermer l’écran dès le début. Non, à la place, j’ai fini par accepter. Cet autre ordinateur qui discutait avec moi a bien fini par me charmer. Tout ce que je finis à savoir sur cette personne : HOMME CHEVEUX, BRUNS YEUX, BLEUS TEINT, FONCÉ. Bien charmeur avec un humour différent. Plus les jours passaient, moins je sortais. Rendu septembre, c’était comme s’il me connaissait par cœur. Je dis «il» parce que moi, je n’en savais rien de plus.
Rendez-vous un 10 septembre le jour de ma fête, il voulait m’offrir un cadeau. On ne m’avait pas dit que sa photo profil provenait des années 80, que ses cheveux bruns souffraient de calvitie. On ne m’avait pas précisé que c’était simplement trois dents qui habitaient sa bouche. À l’instant que mon cerveau a capté l’image, mes pieds ont arrêté d’avancer. Mais j’étais déjà rendue TROP LOIN. À cet instant, j’aurais dû courir. Mais avec toute la politesse du monde, j’ai dit BONJOUR. J’aurais juste pu ne pas le regarder. J’étais tellement surprise que je me suis mise à le fixer. Je me souviens de la première fois que j’ai arrêté de sourire, c’est quand il m’a dit : « SALUT MA BELLE. » Je ne pouvais pas en dire autant de lui, la nature ne l’avait pas gâté. C’est peut-être un peu pour ça que je me suis avancée, par pitié… Je me suis dit que quelque part, il m’avait écoutée.
Il a mis sa main sur mon épaule, le temps d’enlever mes yeux de son seul sourcil. Je me suis rendu compte qu’il n’était pas tout seul… Ils sont quatre. Ils m’ont proposé de rentrer dans l’auto. J’ai dit non. J’aurais dû m’en douter, ce n’était pas vraiment une question, je n’ai même pas eu le temps de répondre qu’ils m’ont agrippé les pieds et les mains. Ce n’était pas non plus la bascule qu’ils ont voulu me faire. Deux temps, trois mouvements, je ne voyais plus rien. Je sentais simplement plein de mains qui me touchaient le corps et mon pantalon qui, par hasard, descendait de plus en plus. Quelques minutes plus tard, je me suis retrouvée au milieu de nulle part les jambes complètement écartées.
Quatre parfaits inconnus… On ne m’avait pas demandé mon avis. Je n’avais pas dit mon opinion. Je n’ai pas compris, j’ai eu peur pour une fois dans ma vie! POURQUOI? Qu’est-ce que j’avais bien pu faire. Je me suis débattue de toutes mes forces, j’entendais plein de voix, des exclamations. Pourquoi personne ne faisait rien. Pourquoi personne ne me tenait la main en me disant : « Ça va aller mon cœur, ne t’en fais pas! Parce que les coups m’ont défoncé l’espoir. Et puis PAAAAAAAAAAAAAAAAAF! Un dernier souffle… Je me souviens d’avoir senti la pression de 200 kilos s’abattre sur ma tête.
Je me suis retrouvée à l’hôpital… À mon réveil, nous étions le 13 octobre. Un mois et deux jours que j’ai passés dans le coma. Cinq os cassés, mon crâne fracturé. Mon père à mes genoux en train de pleurer. Je n’aurais pas dû me réveiller. Je les emmerde, ils auraient pu me voler n’importe quoi, mais pas mon bonheur. Ça fait un an jour pour jour. Il y a deux semaines, après des tests, j’ai appris que j’étais atteinte d’une maladie. J’étais tellement certaine d’en avoir terminé. Je ne veux pas mourir en me disant qu’ils ont gagné. Si je meurs, c’est par choix. C’est ce soir que tout se termine. Mon Dieu, je m’excuse pour le geste que je vais poser, pardonne-moi du sourire que je n’ai pas retrouvé. Venge-moi à mon départ. Je le sais c’est quoi, la vraie vie. Des gens méchants qui passent leur temps à faire du mal… Je m’excuse de leu
r part parce qu’ils n’auront jamais eu les couilles de le faire.