Les démunis dépouillés par leurs concitoyens

Vols au centre d’action bénévole « Les p’tits bonheurs »

Depuis plusieurs années, le centre d’action bénévole « Les p’tits bonheurs », à Saint-Bruno, se fait voler des dons, laissés par de généreux citoyens voulant venir en aide aux démunis de la municipalité. Hélène Guévremont, directrice générale de l’organisme, est exaspérée par la situation et souhaite que celle-ci cesse au plus vite, pour le bien des moins nantis.

Présentement, les Montarvillois qui font des dons à l’organisme viennent porter, la majorité du temps, leurs sacs en dehors des heures d’ouverture du centre et les placent sur le côté de l’édifice. Malheureusement, ceux-ci sont dépouillés la nuit par certains citoyens venus faire leurs emplettes gratuitement, aux dépens des plus démunis. « Quand les gens volent ici, ce n’est pas nous qu’ils volent, ce sont les démunis de Saint-Bruno! s’exclame Mme Guévremont. Les articles que nous vendons à la friperie représentent le tiers des revenus du centre, et c’est ce qui fait que l’on peut offrir des services à la population démunie. »

Dernièrement, des bénévoles du centre ont surpris un voleur en flagrant délit et ont immédiatement contacté la police. Les agents leur auraient alors répondu qu’il n’y avait aucun recours légal possible étant donné que les sacs sont à l’extérieur de l’établissement, telles des vidanges. En effet, tel que l’a confirmé l’agent Delva, du Service de police de l’agglomération de Longueuil, « légalement, nous ne pouvons pas procéder à des arrestations parce que les sacs sont laissés à l’extérieur, ce qui ne serait pas le cas si les voleurs entraient dans l’établissement. » « Quand on arrive le matin, il y a des fois dix ou 15 personnes qui ont vidé les sacs, ont pris les plus beaux morceaux et nous ont laissé le reste complètement éparpillé, comme des déchets », raconte la directrice générale.

Au début, la direction de centre pensait que les vols étaient les œuvres d’adolescents, mais depuis que Mme Guévremont a installé une caméra extérieure, elle se rend compte que les malfaiteurs sont des gens en moyens. « Je vois tous les jours un monsieur en habit qui s’arrête avant de partir travailler le matin. Il y a aussi des personnes âgées qui ont des véhicules récents. Le pire, c’est que j’ai leur plaque d’immatriculation, mais je ne peux rien faire du point de vue légal. »

Demande refusée

Dans sa démarche, Mme Guévremont s’est adressée à maintes reprises à la Ville pour obtenir l’autorisation d’installer des conteneurs métalliques, dans le stationnement de son établissement. Sa demande a été refusée. « Une personne du service d’urbanisme est venue me voir pour me proposer d’aller installer un bac au centre communautaire afin que les gens aillent porter leurs dons là, et d’envoyer par la suite mes bénévoles les récupérer avec le camion que j’utilise principalement pour le comptoir alimentaire. On s’entend que mes bénévoles ont en moyenne 75 ans et que les sacs sont souvent lourds à transporter… », souligne-t-elle.

Du côté de la Ville, on répond que « le règlement municipal  (URB-Z-2009) ne permet pas pour des raisons de sécurité (prévention des incendies, vols, vandalisme) l’installation de bâtiments accessoires sur le territoire de Saint-Bruno-de-Montarville. Ceci s’applique à tous les types  de commerces. Ce règlement de zonage fait suite à l’ancien règlement de zonage en application depuis 20 ans à la ville. » La ville est toutefois en discussion avec l’organisme afin de trouver une solution alternative qui puisse convenir aux besoins de celui-ci, tout en respectant les normes de sécurité en vigueur

Malfaiteurs affichés

Depuis quelques semaines, Hélène Guévremont affiche des photos des voleurs à la porte de son établissement, espérant les dissuader, ou qu’ils soient, peut-être, reconnus par la population. « Il y en a parmi ceux qui sont affichés qui ne reviennent plus, mais il y en a d’autres qui reviennent, regardent directement la caméra, et se servent dans les sacs parce qu’ils savent que je ne peux rien faire. »