Le Cercle de Fermières:75 ans à Saint-Bruno
La plus ancienne association locale, le Cercle de Fermières de Saint-Bruno, célèbre cette année son 75e anniversaire. Le 16 avril dernier, la médaille d’or de l’Ordre du Mérite lui a été attribuée et le dimanche 28 avril, une messe, précédée d’une entrée solennelle dans l’église, a ouvert les célébrations du 75e anniversaire. Par la suite, un brunch a rassemblé plus de cent membres à l’Hôtel Rive Gauche, à Beloeil. Également au menu, des retrouvailles émouvantes et de savoureux moments retraçant l’histoire de l’organisme.
La fondation
Ce sont des hommes, des agronomes, qui, en 1915, réalisent l’importance de fonder une telle association. Le but? « Permettre à la femme rurale de contrer l’isolement, de mieux nourrir et habiller sa famille et de se faire un revenu d’appoint », d’expliquer Lise Dumesnil, lors d’une rencontre avec le journal Les Versants. L’association, encouragée par le ministère de l’Agriculture, gagne rapidement la faveur populaire. Dans les années 40, 25 fédérations sont créées, pour mieux joindre les Cercles. Celui de Saint-Bruno fait partie de la Fédération 9.
À Saint-Bruno
Ici, c’est le 9 décembre 1937, à la Maison de la Fabrique, située dans le stationnement actuel de l’église de Saint-Bruno, qu’a lieu l’assemblée de fondation en présence d’une trentaine de femmes. Adèle Chevrier est nommée présidente et le mot d’ordre est : « Qui veut, peut ». Dès le début, des formatrices viennent y enseigner des techniques de couture, tissage, tricot et cuisine. Des conférences seront rapidement au programme.
Comme on peut le lire dans le document présenté à l’Ordre du Mérite, la pérennité de l’organisme se prouve d’elle-même par la présence de membres qui ont de 43 à 63 ans d’ancienneté et celle, exceptionnelle, de Lorraine Canty Quintal, membre fondatrice. Mme Quintal raconte qu’en revenant de l’école Montarville, alors qu’elle avait 16 ans, elle avait remarqué un rassemblement de femmes à la Maison de la Fabrique. Curieuse, elle y est entrée et… elle y est toujours! Quand sa santé le lui permet, elle assiste encore à certaines activités. Au chapitre des statistiques, mentionnons qu’Apolline Beaulac a été présidente durant 16 ans. Ceci se passait avant qu’on limite à six ans le nombre d’années à cette fonction.
La vie au Cercle
La vie au Cercle de Saint-Bruno, qui compte actuellement 123 membres, se passe tout d’abord lors des réunions mensuelles, qui se déroulent principalement autour des trois comités : arts textiles, dossiers à étudier et vie communautaire. Mme Dumesnil raconte : « À chaque réunion, une femme est nommée « artisane du mois », tandis qu’une fois l’an, en mai, à la suite d’un vote secret, un Méritas est décerné à la femme choisie. Et lors de la fête des Mères, une rose est remise à chacune. » Les anniversaires sont soulignés mensuellement. Quelques repas par année sont prévus. Une bibliothèque est à la disposition des membres, des conférenciers sont invités et quelques sorties sont organisées. Sans oublier l’amitié précieuse qui se tisse entre les membres.
Trois mercredis par mois, les Fermières se rencontrent pour divers ateliers : broderie, tricot, couture. Le tissage est, depuis 1938, l’activité la plus populaire. « À l’heure actuelle, rapporte la présidente, Madeleine Houle, le Cercle possède 12 métiers installés au 3e étage du Vieux Presbytère. La transmission des techniques de tissage y est bien respectée. »
Également depuis les débuts, il y a des concours et des expositions, rapporte Lise Dumesnil. Chaque année, les Cercles de Fermières du Québec imposent certaines techniques à réaliser afin que tous les Cercles exécutent les mêmes travaux. Trois niveaux de concours se succèdent : au niveau local, à celui de la Fédération et au niveau provincial. « Ils sont une façon de perpétuer l’artisanat, but important de l’organisme, et d’apprendre de nouvelles techniques », commente Lise Dumesnil.
Le Cercle de Fermières de Saint-Bruno a trois publications à son actif : Nos meilleures recettes avec des pommes, Hommage à nos pionnières de 1937 à 2007 et Trucs et trouvailles.
Les expositions
Les expositions, présentes depuis les débuts, connaissent davantage d’ampleur depuis 1981, sous la présidence de Monique Ripeau, qui organise l’« Expo-Cadeau », au Vieux Presbytère. À partir de 2001, elle prend le nom de « Salon des métiers d’art » et a lieu au Centre Marcel-Dulude. Monique St-Aubin l’a transformée et en assure la coordination. Tout en conservant une section pour les membres du Cercle, une soixantaine de kiosques sont occupés par des artisans de la région et au-delà. Un « salon de thé » est sur place.
Le bénévolat
Le Cercle de Fermières de Saint-Bruno représente un bassin important de bénévoles pour plusieurs causes. C’est là un aspect de son action que l’on connaît moins, car, comme le disait Marielle Bérubé, présidente du Comité de sélection de l’Ordre du Mérite lors de la dernière remise des attributs, « le bien ne fait pas de bruit ». Ce bénévolat se présente sous plusieurs aspects : la fondation OLO (œuf, lait, orange), venant en aide à de jeunes femmes enceintes qui éprouvent des difficultés financières, l’ « Associated Country Women of the World, Mira et Osez le donner (votre vieux soutien-gorge). La compagnie Wonder Bra remet 1 $ pour chacun d’eux à la recherche sur le cancer.
Dans Saint-Bruno, il y a Minta et quelques autres organismes. Une aide financière est versée à des jeunes pour des projets d’aide humanitaire. Des travaux de tricot et de couture servent à répondre à divers besoins dans la société.
Depuis 25 ans, une vingtaine de membres s’impliquent comme volontaires à la Collecte de sang du Maire. La Société canadienne du cancer et celle de la sclérose en plaques profitent également de leurs services. Un îlot au lac du Village est fleuri chaque année par les membres. À la Saint-Jean-Baptiste, une exposition sous le thème « D’hier à aujourd’hui » se tient au Vieux Presbytère, avec démonstrations et ateliers.
Les Cercles de Fermières du Québec ont bien évolué depuis les débuts, mais les buts principaux sont toujours respectés et appréciés. Il y a un certain nombre d’années, plusieurs cercles installés dans les villes voulaient en changer le nom. Cependant, la fidélité et l’attachement à la première dénomination l’ont emporté.