La Maison de la Paix sonne l’alarme

Itinérance chez les jeunes et soutien à la communauté

Même s’il est moins visible qu’à Montréal, le phénomène de l’itinérance et de la détresse humaine affecte aussi la Montérégie. Où vont les jeunes? Que font-ils? Où est l’aide? Et que fait l’État? L’Hébergement Maison de la Paix, situé à Longueuil, vient entre autres au secours de cette clientèle de partout en Montérégie. Mais comme tout organisme communautaire, les finances et le soutien professionnel manquent. La directrice générale Danielle Lussier, une Grandbasiloise,  sonne l’alarme.

Hébergement Maison de la Paix est un organisme communautaire qui offre des services de refuge à court, moyen et long terme à des adolescents, jeunes adultes, et femmes, avec ou sans enfant, en difficulté, et ce, depuis 24 ans.

L’organisme regroupe trois volets d’hébergements transitoires et supervisés: La Maison de la Paix (11 places pour adolescents en difficulté), La Chaumière (22 logements transitoires de réinsertion pour femmes avec ou sans enfant), et Le Halo (8 logements pour jeunes hommes adultes de 18 à 35 ans « raccrocheurs scolaires».

Sa mission est d’offrir un suivi psychosocial avec plan de services individualisés afin de favoriser l’autonomie personnelle, la réinsertion sociale et l’intégration économique des résidants. Mais pour y arriver, Hébergement Maison de la Paix a toujours besoin de financement. Et c’est là que le bât blesse.

Au début du mois de juin, le nouveau gouvernement déposait son budget dans lequel il annonçait des compressions de 500 millions de dollars. Parmi celles-ci, l’enveloppe de 54 millions de dollars supplémentaires accordés aux 5 000 organismes communautaires est passée dans le tordeur. « Ça fait des années que l’on se bat avec le sous-financement. […] Je suis découragée par ce que je lis dans les journaux… Je me demande ce qu’il va arriver. Des organismes vont sûrement être amenés à fermer leurs portes et d’autres vont devoir se départir de biens ou d’effectifs. Dans notre cas, si nous n’avons pas de soutien financier, nous pourrions avoir à vendre un de nos immeubles, ce qui mettrait des femmes à la rue », explique-t-elle.

En ce moment, Hébergement Maison de la Paix loge 40 résidants et 30 enfants. Toutes les chambres et tous les logements sont complets, mais les besoins restent criants. « La clientèle s’est alourdie depuis deux ans. Nous avons beaucoup de cas de santé mentale, de trouble de personnalité, d’attachement et de l’opposition, informe la directrice. Avant, on pouvait dire qu’une femme qui entrait dans nos appartements était autonome après un an. Aujourd’hui, ça peut aller jusqu’à deux ans avant qu’elle soit prête à retourner sur le marché du travail. »

Pour Mme Lussier, tant et aussi longtemps que la clientèle n’aura pas accès facilement à des professionnels pour faire des suivis, le problème de la société ne se réglera pas de sitôt. « Avoir suffisamment d’argent, j’engagerais un psychologue pour rencontrer mon monde toutes les semaines. Il faut que les services communautaires soient reconnus et subventionnés à la juste valeur de ce qu’ils rendent comme service à la société. Personne n’admet que l’économie passe aussi par le communautaire. Une femme itinérante qui trouve refuge à l’hôpital doit certainement coûter plus cher à l’état. » Selon les dernières données, un jeune coûte 29 000 $ par année à la Maison de la Paix; un logement transitoire, 3 800 $ par année à La Chaumière.

Campagne de financement

Jusqu’au 2 juillet, tous les magasins Home Dépôt du Canada récoltent des dons pour les organismes locaux de bienfaisance. La succursale de Saint-Bruno a choisi de donner ses récoltes à Hébergement Maison de la Paix, pour une deuxième année consécutive. Afin d’aider l’organisme, les clients n’ont qu’à verser un don de 2 $ à la caisse.

Outre Hébergement Maison de la Paix, une dizaine d’autres organismes aident à contrer l’itinérance et la détresse humaine seulement sur la Rive-Sud.