La famille Goyer:une famille de bâtisseurs

Aujourd’hui, peut-on s’imaginer que le terrain où les condos Saint-Bruno-sur-le-Lac sont construits, autour du lac Goyer avec comme fond la carrière du même nom, a été un champ de patates appartenant aux Sœurs Grises? La municipalité a connu bien des changements depuis 75 ans et les membres de la famille Goyer comptent parmi ses bâtisseurs. Si la carrière a été leur principale entreprise, leurs autres champs d’activités nous sont révélés par deux descendantes de cette famille, les cousines Marie-Josephe et Louise Goyer, que le journal Les Versants a rencontrées.

Un texte de Claire Duval

avec la collaboration de la Société d’histoire de Montarville

 

L’achat des terres

Émilia Boudrias et Édouard Goyer s’épousent, à Montréal, le 17 juillet 1911. De cette union naissent cinq enfants, dont quatre garçons, Édouard, Charles-Émile, Rolland et François, et une fille, Émilia, tous nés dans Côte-des-Neiges. Le 28 juin 1929, le couple achète, à Saint-Bruno-de-Montarville, la terre de Michel l’Espérance avec la maison située au 305, chemin De La Montagne, futur chemin De La Rabastalière.

À cette terre s’ajoutera, le 12 avril 1940, celle de M. Armand Gélinas, agronome, qui l’avait acquise l’année précédente des Sœurs Grises. Très vaste, elle commence au chemin De La Rabastalière et se rend jusqu’au rang des Vingt-Cinq, ayant comme voisins les Frères de Saint-Gabriel. La famille Goyer possède ainsi de très grandes terres qu’Édouard cultive principalement avec ses deux fils, Édouard fils et Charles-Émile. Plus tard, Rolland se joindra à eux.

Les mariages et les enfants

Le 12 novembre 1938, en l’église de Saint-Bruno, les deux fils aînés unissent leur vie à deux sœurs de la famille Huet : Édouard fils épouse Annette et Charles-Émile, Madeleine. Leur père, Paul-Émile Huet, occupe la fonction de maire de la municipalité de 1933 à 1939 et leur mère, Marie-Louise Cléroux, touche l’orgue à la paroisse. La maison familiale est occupée aujourd’hui par le restaurant La Rabastalière. Le premier couple aura 11 enfants et le second, 10. En se mariant, les deux frères construisent leur maison côte à côte sur le chemin De La Rabastalière, les 306 et 320.

En 1943, le 19 juin, leur fille unique, Émilia, épouse Alexandre Laporte, de Saint-Bruno. Ils auront 8 enfants. Le travail d’Alexandre les obligera à s’installer à Cowansville. Le troisième fils, Rolland, unit sa vie, le 30 juin 1945, à Céline Gervais, nièce du curé Mgr Gilles Gervais et originaire de Saint-Isidore. Ils auront 7 enfants. Ils habitent eux aussi sur le même chemin, mais de l’autre côté de la rue, tout comme les parents, Émilia et Édouard. Le benjamin, François, demeurera célibataire.

En tout, 36 descendants sont issus d’Émilia et Édouard. C’est avec bonheur que Marie-Josephe, fille d’Édouard fils, et Louise, fille de Charles-Émile, se souviennent de leur enfance. « Nous nous amusions très bien ensemble. De belles parties de plaisir ». Les cousins de Cowansville se joignent souvent à eux. Malgré ses occupations, leur grand-mère, habitant tout près les accueille, surtout le dimanche. Marie-Josephe et Louise évoquent de précieux souvenirs : « Aux fêtes, elle avait toujours des surprises pour chacun. » Les cousines parlent aussi de leur grand-mère Huet, très bonne couturière.

Un décès et la suite de l’entreprise agricole

Leur grand-père, Édouard, décède subitement le 1er août 1942, à l’âge de 54 ans. C’est maintenant sous la gouverne de son épouse, Émilia, avec le concours de ses fils aînés, que l’entreprise agricole continuera de progresser. Marie-Josephe se souvient que sa grand-mère a dirigé une soixantaine d’hommes. Louise ajoute : « Autour de sa taille, elle portait une sorte de lacet auquel était accroché tout un trousseau de clés. » L’aînée des cousines, Marie-Josephe, poursuit : « Les frères allaient à Montréal vendre leurs légumes et fleurs. »

Après quelques années avec ses frères, Rolland volera de ses propres ailes. Lors d’un entretien, son épouse Céline révèle : « Il cultivait les fleurs dans des serres. Il n’était pas impliqué dans la carrière avec ses frères, mais il s’était acheté un camion et faisait du transport pour eux. Plus tard, il sera entrepreneur en aménagement paysager et en horticulture. L’hiver, il s’employait au déneigement. » Aujourd’hui, leurs fils ont pris la relève.

Les souvenirs se bousculent

Les cousines se souviennent que sur la terre, il y avait une érablière exploitée par la famille. « Les fins de semaine, nos mères aidaient à accueillir plusieurs centaines de personnes provenant de toute la région métropolitaine qui venaient à la cabane à sucre. »

Une rue dans Saint-Bruno évoque le nom de leur famille. Nos interlocutrices expliquent : « Ce sont les résidants mêmes de la rue Goyer qui ont insisté auprès de la municipalité pour qu’elle se nomme ainsi, parce que le gravier avait été fourni par la carrière Goyer. »

Devant l’église de Saint-Bruno se trouve une imposante statue du Sacré-Cœur. Céline Goyer raconte que cette statue répondait au désir du curé Gervais. Émilia et Édouard, les parents de son mari, en ont remboursé le coût et les fils l’ont installée. « La famille vouait une grande dévotion au Sacré-Cœur », affirme-t-elle.

L’île et le pont Goyer

Non loin de la municipalité, Édouard fils et Charles-Émile ont acquis une île qui portera leur nom. « Pour y accéder, raconte Marie-Josephe, le pont de bois n’était plus adéquat, ils ont donc acheté un pont métallique. Après l’avoir reconstruit sur un terrain adjacent, dans une manœuvre qui relève de l’exploit, ils l’ont glissé graduellement au-dessus de la rivière l’Acadie! »

La Carrière Goyer

La carrière Goyer sera l’exploitation majeure de la famille. Étant donné son importance, elle fait l’objet d’un article indépendant.

« Aujourd’hui, plusieurs descendants d’Émilia Boudrias et Édouard Goyer père se sont établis à Saint-Bruno-de-Montarville. Ils s’impliquent dans la communauté et contribuent à sa vie active », concluent les cousines.