La famille Bélainsky, l’une des belles familles de Saint-Basile-le-Grand
Mémoires (avec la collaboration de la Société d’histoire de Saint-Basile-le-Grand)
La famille Bélainsky, bien connue dans Saint-Basile-le-Grand, est originaire de Pologne. Les sœurs Rita et Pierrette Bélainsky, de la congrégation des Sœurs Missionnaires de l’Immaculée-Conception, nous ont raconté leur vie comme religieuses et l’histoire de leur famille, sans oublier leur jeunesse heureuse à Saint-Basile.
Sœur Rita Bélainsky affirme : « Il est essentiel, dans la vie, d’avoir des projets signifiants. » Elle a 85 ans et travaille encore. Tout comme sa sœur Pierrette, 84 ans. Toutes deux sont psychologues. Elles racontent qu’autrefois, elles recevaient quatre à cinq clients par jour; maintenant, elles en reçoivent un ou deux. « C’est ça qui fait vivre! », clament-elles avec conviction.
Après avoir passé une jeunesse heureuse au sein d’une grande famille, à Saint-Basile-le-Grand, toutes deux, dès l’âge de 20 ans, entrent dans la communauté des Sœurs Missionnaires de l’Immaculée-Conception. Soeur Rita étudie tout d’abord la pédagogie. Elle enseignera au Québec pendant 20 ans et en Haïti pendant sept ans. Elle aura enseigné toutes les matières, de la maternelle à l’École normale (pédagogie). La situation en Haïti lui fait réaliser qu’il faut être « des femmes debout dans toutes ces situations ». Dans ce but, elle demande de revenir au Québec pour étudier la psychologie. Elle choisit l’approche PRH (Personnalité et Relations humaines), « une formation de quatre ans, qui étudie la globalité de la personne humaine ». Depuis 35 ans, soeur Rita poursuit sa mission comme psychologue à son bureau de la maison mère, où elle reçoit laïcs et religieux.
Après avoir obtenu son diplôme en pédagogie, soeur Pierrette ira à Rome étudier la missiologie. Elle partira par la suite en mission au Chili, où elle demeurera 26 ans. Pendant ces années, par étapes, elle fera elle aussi la formation en PRH. Les six premières années au Chili se passent à Santiago, pour étudier la culture et s’adapter, en enseignant dans un lycée. Elle sera ensuite envoyée comme missionnaire dans un endroit des plus reculés du Chili, l’île de Chiloé, en Patagonie. Elle raconte : « C’était à l’époque de Pinochet, ceux et celles qui n’étaient pas de son avis étaient envoyés « en pénitence », sur l’île. Les dames pouvaient travailler, mais non les hommes. » Et elle poursuit : « Ces hommes, tous instruits, s’inscrivaient à mes cours en PRH. Ils en étaient si heureux qu’ils voulaient presque remercier Pinochet », conclut-elle en riant. À son retour au Québec, en 1997, tout comme son aînée, soeur Pierrette installe son bureau à la maison mère et elle reçoit principalement des Latinos, étant donné sa maîtrise de l’espagnol.
La famille
C’est leur arrière-grand-père qui, après l’Insurrection polonaise de 1830, aurait émigré aux États-Unis. Un de ses fils, prêtre au Minnesota, achète une terre à Chambly. Cette section de Chambly fait maintenant partie de Saint-Basile-le-Grand. Il donne cette terre, sur le rang des Quarante, à son frère Benjamin, qui s’y installe vers 1880. Ce dernier est le grand-père des deux religieuses. Avec son épouse Mary Linch, une Irlandaise, il y élève neuf enfants. À son décès, c’est son fils Benny qui hérite de la terre. Comme il décède un an plus tard, elle ira à Charles, père des religieuses.
Charles habite tout d’abord un logement rue Principale. En 1931, il achète d’Edmond Trudeau la grande et magnifique maison victorienne, sise au 149, rue Principale. À une certaine époque, il quittera son emploi à la CIL, à Beloeil, pour fonder son entreprise comme peintre décorateur. Lui et son épouse, Marie-Blanche Chaput, auront 11 enfants, six filles et cinq garçons. Ces derniers adopteront, un jour ou l’autre, le métier paternel. Voici les enfants : Marcel a aujourd’hui 91 ans, Olivette, infirmière, décédée à 42 ans, Jean-Paul, entrepreneur très connu à Saint-Basile, soeur Rita, soeur Pierrette, Lucien, Lucienne vit à Ottawa et elle a été secrétaire au gouvernement fédéral, Louise, décédée à 26 ans, Claudette, décédée à 9 ans, Claude, tout d’abord instructeur dans son métier, au « Centre d’accueil Savoie », Yves enseignera et finalement, il adoptera lui aussi le métier de peintre. Son épouse Francyne Rocheleau, coiffeuse, tiendra le « Salon Francyne », à Saint-Basile. Leur fille Sylvie prend la relève et nommera l’entreprise « SyBelle Coiffure ». Une nombreuse descendance suivra.
La jeunesse
À tour de rôle, les sœurs Rita et Pierrette racontent les souvenirs de leur enfance. « Notre mère savait apprêter le rat musqué et le foie de veau, qui se vendait pour rien à l’époque. Notre père recevait des gens importants, comme le notaire Victor Morin (le Code Morin), un de ses amis. Il a été maire et les gens attendaient pour le rencontrer. C’était un ardent politicien, un libéral. Lors des soirées d’élections, il y avait rassemblement chez nous. Il nous a appris l’écoute, l’observation et la discrétion. »
Avec les 11 enfants, « c’était la bombe à la maison! », disent les soeurs en riant. Elles révèlent y avoir appris la rencontre avec autrui, la collaboration, le partage. Plus tard, leur frère Jean-Paul deviendra propriétaire de cette maison familiale. Malheureusement, elle sera détruite par le feu.
Rita et Pierrette parlent de leur belle jeunesse avant d’entrer en communauté. « Nous avons eu beaucoup de plaisir avec tous nos amis. L’été, on pratiquait le tennis, la bicyclette, et l’hiver, c’était le ski, le patin, la raquette. Papa skiait avec nous. À la fin de la journée, nous revenions à la maison et maman avait préparé le goûter pour nous et nos amis. On voit l’amour qu’ils ont eu pour nous, ils ont bien géré la famille. » Quant aux parents, l’hiver, ils rencontraient leurs amis pour jouer aux cartes et danser au son de la musique du gramophone. « Maman aimait beaucoup la vie! » concluent-elles.