« J’ai craqué quand j’ai vu le dentiste pleurer » – Jordan Myall, copropriétaire de Cafellini

Incendie à Saint-Bruno-de-Montarville

« Ce matin-là, Jordan et moi avions un rendez-vous prévu à Montréal, pour revoir l’image de Cafellini. Déjà, j’avais reçu un appel d’une employée qui me disait que les commerces avaient été évacués parce que de la fumée sortait derrière la bâtisse des coiffeurs. À 9 h 10, j’ai reçu un autre appel pour me dire que c’était sérieux, qu’il fallait revenir à Saint-Bruno, et que le feu était rendu à la tabagie! Sur le chemin du retour, en passant sur le pont Jacques-Cartier, on voyait la fumée au loin », raconte la copropriétaire de Cafellini, Johanne Houle.

Les gens de Cafellini font également partie des miraculés qui n’ont pratiquement pas subi de dommage par le feu. Par contre, les propriétaires ont pris soin de faire nettoyer le local pendant près de trois jours, de réparer les machines à café qui avaient été endommagées et de commander de nouveau des produits frais qui n’avaient pas été en contact avec la fumée. Verres, sacs, papiers d’emballage, tout a été jeté et remplacé pour ne pas courir de risque.

« Je suis un gars de faits et un introverti. Contrairement à ma mère qui pleurait dans l’auto quand on revenait de Montréal, de mon côté, j’ai craqué seulement quand j’ai vu le dentiste Maurice Tapiero pleurer parce qu’il venait de perdre son bureau. C’est là que j’ai réalisé l’ampleur des dégâts », d’expliquer Jordan Myall, également propriétaire du commerce de la rue Montarville.

La mère et le fils expliquent que malgré le mur coupe-feu de la tabagie, ils avaient une grande crainte : « S’il avait fallu que le vent change de bord, on était persuadés qu’on passait au feu. » 

« La vie bascule vite. Depuis, je me suis demandé pourquoi cette catastrophe était survenue sur le beau côté de la bâtisse plutôt que de notre bord à nous, plus ancien. On a senti depuis que cette communauté est tissée serré. Les clients, les commerçants, il y a eu une belle chimie entre tous. Il y a un engouement pour se rassembler, pour s’entraider », mentionne Johanne.

Elle poursuit : « Il y a un côté fort émotif à toute cette histoire. Oui, les commerces ont disparu, mais on cohabitait avec les coiffeurs, les dentistes, Fabienne, de Maman Autrement, et leurs clients. On voyait ces gens tous les jours. Ça créait une ambiance, une dynamique, un voisinage. On a perdu tout ça. Ces gens sont importants et on souhaite évidemment que tout revienne à la normale. »

Selon eux, la priorité est de réparer la Tabagie Saint-Bruno, dont le local est récupérable malgré de nombreux dégâts, la rendre opérationnelle le plus rapidement possible.

Ils soulignent aussi l’excellent travail et la courtoisie des pompiers et des policiers qui étaient sur place le dimanche de l’incendie. « Même s’ils étaient nombreux, ils avaient une logistique à toute épreuve et ils sont restés humains avec nous tous. »