Gérald Daigneault, le dernier fermier de Saint-Bruno
Le Grand Boulevard Ouest, à Saint-Bruno-de-Montarville, initialement nommé rang des Grands-Étangs et ensuite, rang des Vingt, est renommé pour ses belles terres agricoles. M. Gérald Daigneault est propriétaire de l’une d’elles : 135 acres entretenue et cultivée par des mains amoureuses. Il n’est pas le premier de sa lignée à y être présent, il y a eu son grand-père, son père et maintenant lui et son fils. Il est le dernier fermier de Saint-Bruno à vivre de l’agriculture.
Gérald Daigneault et sa femme, Sylvie D’Aragon, secrétaire de l’entreprise agricole, habitaient, jusqu’à la fin de l’été dernier, une ancienne maison construite par Cléophas Deslières dans les années 1880 et sise au 790, Grand-Boulevard Ouest. C’est là que Gérald est né. La maison, trop froide et impossible à rénover, a été démolie le 1er septembre 2014. Un choc, certes, mais bien accepté. « J’ai pas pleuré, avoue M. Daigneault, elle était trop grande et trop froide. » Une nouvelle maison a déjà pris place et le couple vient tout juste d’y emménager, après avoir passé trois mois dans la roulotte!
Les générations
L’ancêtre de M. Daigneault venu en Nouvelle-France se nomme Jean Deniau, il est originaire de Nantes. En 1664, il épouse Hélène Daudin, à Montréal. Tous deux sont décédés à Boucherville, en 1695, tués par les Iroquois. Au fil du temps, le nom deviendra Daigneault. Huit générations plus tard, le grand-père de Gérald, Hubert, vient s’installer dans le rang des Grands-Étangs « Sa terre était située au bout du rang, se souvient Gérald, mon père Georges en a eu une aussi. Il était marié à Thérèse Hébert, ma mère, descendante du premier colon, Louis Hébert. » En 1944, Georges achète la maison récemment démolie. Gérald, dernier d’une famille de onze enfants, y naîtra la même année. Il achètera la maison et la terre paternelles en 1979. L’année suivante, il épouse Sylvie D’Aragon, à LeMoyne. L’aîné de leurs enfants, Philippe, possède une résidence en face de celle de son père et il représente la quatrième génération à cultiver des terres dans ce même rang.
La famille et la ferme
Gérald aura un parcours scolaire semblable à celui de plusieurs de ses contemporains. Il fréquente tout d’abord l’école du rang, jusqu’en 3e année. Il fait sa 4e année à l’École De Montarville. Ses 5e et 6e, à l’École du Village, maintenant la mairie, avec les frères de Saint-Gabriel, ses 7e, 8e et 9e années, à l’École De La Rabastalière, mais toujours avec les mêmes frères. Pour ses 10e et 11e années, il se rend à Beloeil, chez les frères Maristes, et il terminera en 12e année, à l’École Gérard Filion, à Longueuil.
Gérald Daigneault et son épouse ont quatre enfants : Philippe, né en 1981, Jean-René, en 1982, Simon, en 1985 et Émilie, en 1987. Deux grands malheurs frapperont à leur porte : ils perdront deux enfants. Tout d’abord, Simon se noie à l’âge de 3 ans et Jean-René décède tragiquement en 2010, révèle le père éprouvé, les larmes aux yeux. « C’était un gars de nature, il travaillait avec moi et son frère Philippe sur la ferme et il aimait cela. » On comprend qu’après avoir déjà perdu un enfant, la perte d’un deuxième, âgé de 27 ans, demeure longtemps une plaie béante.
Gérald Daigneault est le dernier fermier de Saint-Bruno. Il a cultivé lui-même sa terre de 135 acres, avec le boisé. Il avait une ferme de type traditionnel : poulailler, porcherie, étable avec vaches à lait, génisses pour l’exportation et bœufs de type Limousin.
Le feu et la suite
Le 7 octobre 2004, un drame survient : le feu détruit accidentellement sa grange, mettant ainsi fin à l’élevage des bêtes. Il y a dorénavant avant et après le feu. La grange sera reconstruite, mais Gérald n’aura plus l’énergie pour reprendre l’élevage. Il avoue qu’il aimait beaucoup soigner les animaux et il le faisait bien. Depuis, il ne conserve que quelques veaux et des poules pour la consommation familiale.
Avec amour, il cultive toujours la terre : du foin, du soya et du maïs, qu’il vend depuis 2004, ainsi que du blé, de l’orge et de l’avoine. Il affirme : « Cette année a été l’une des pires depuis 30 ans : semences tardives, trop de pluie et gel trop tôt. »
Pour la suite de la vie
Gérald Daigneault est un homme de la terre et il aime son métier, même s’il est dur. Il compte l’exercer encore plusieurs années. Son fils Philippe, qui prendra la relève, l’aide beaucoup et il est heureux de constater l’intérêt qu’il porte lui aussi à la terre. Il est compétent, avant-gardiste possède de la machinerie à la fine pointe de la technologie. De plus en hiver, Philippe dirige une importante entreprise d’entretien des routes.
Gérald avoue que lui et sa femme n’ont pas eu la vie facile ; cependant, son visage s’éclaire lorsqu’il parle de leurs deux mignonnes petites-filles, Mia, 3 ans et Rose, 2 ans, enfants de leur fille, Émilie, et de son conjoint Cédric Bacon. La roue de la vie tourne, il vient de fêter ses 70 ans, place à la sérénité, à la paix, son épouse et toute sa petite famille à ses côtés.
(Rédigé avec la collaboration de la Société d’histoire de Montarville)