De l’administration à la ferme
Originaire de Saint-Bruno et venant d’une famille plutôt bien nantie, Jean-Martin Fortier était pressenti à une carrière en administration, comme son père. Toutefois, ce n’est pas ainsi que le principal intéressé voyait son avenir, lui qui s’intéressait plus particulièrement à l’environnement dès son adolescence. À la grande surprise de son entourage, il s’est alors orienté vers le domaine de l’agriculture, diversifiée et biologique, et est devenu fermier de famille!
« Fermier de famille n’est pas vraiment le choix de métier auquel on aurait pu s’attendre d’un jeune homme qui a fréquenté le Séminaire Sainte-Trinité!, de mentionner Jean-Martin, en riant. Mais avoir un bon bagage et une bonne éducation m’a justement donné le goût de faire les choses différemment. Au début, mon entourage et ma famille ne comprenaient pas mon choix, ils étaient inquiets. Cependant, avec le temps, mon père est devenu mon plus grand fan! »
Diplôme d’études secondaires en poche, Jean-Martin poursuit la voie traditionnelle en étudiant en administration au cégep, pour finalement sortir de l’Université McGill avec un baccalauréat en études environnementales. « Je savais déjà à 17 ans qu’avoir une grosse job et faire un gros salaire, ce n’était pas ce vers quoi je voulais m’en aller. J’étais très sensibilisé à la nature et à l’écologie, et je voulais apporter ma contribution », poursuit celui qui est aujourd’hui reconnu pour sa spécialité : l’agriculture de petite surface, travaillée avec les bons vieux outils d’antan. En effet, M. Fortin n’utilise aucun tracteur ou autre engin agricole semblable. D’ailleurs, sa terre porte le nom de « Les Jardins de la Grelinette », l’outil symbolisant le travail manuel en jardinage écologique.
Un métier qui fait son chemin
Après avoir décroché leur diplôme universitaire respectif, M. Fortier et sa conjointe sont partis à l’aventure. Ils ont voyagé au Mexique et au Nouveau-Mexique, où ils ont appris les rudiments de leur futur métier grâce à la générosité des fermiers locaux.
De retour au Québec, les amoureux ont démarré leur projet de jardin maraîcher sur une terre louée, dans les Cantons-de-l’Est. Mais depuis 2004, ils sont propriétaires d’une terre de 4 hectares, dont moins du quart de la superficie est consacré à la semence de 40 cultures différentes, lesquelles nourrissent près de 250 familles québécoises chaque année.
« Les fermes comme la nôtre sont plutôt rares. Toute notre surface est exploitée, comme un immense potager. Tout ce que nous cultivons, nous le vendons. Il n’y a aucune perte. Et ce qui est également extraordinaire dans mon métier, c’est que j’ai un contact direct avec les gens qui consomment mes aliments. »
Aujourd’hui, M. Fortin avoue vivre relativement bien des profits de sa terre, et la petite famille trouve même le temps de voyager les hivers, alors que les récoltes dorment. « Notre saison dure huit mois durant lesquels nous travaillons six jours par semaine. Pouvoir voyager durant notre saison morte faisait partie du deal de devenir fermier de famille. C’était important pour nous de pouvoir profiter de cette saison pour aller s’enrichir de nouvelles connaissances. »
Le jardinier-maraîcher
Le mois dernier, M. Fortier publiait son livre Le jardinier-maraîcher, dans lequel il livre ses secrets et ses techniques pour que « monsieur et madame Tout-le-Monde » puissent pratiquer aussi l’agriculture de petite surface. « Chaque année, il y a de plus en plus de gens qui s’éveillent à l’agriculture biologique et à la valeur des fermiers de famille. Mon but en publiant ce manuel est d’aider ceux qui désirent s’établir en maraîchage biologique. Mon espoir est que ce manuel contribue de façon positive à l’essor d’une nouvelle vague de jeunes agriculteurs, inspirés par l’aventure extraordinaire d’avoir une ferme, d’habiter en région et de nourrir les communautés avec des aliments sains », conclut M. Fortier.