Bronzage naturel ou artificiel?
Aucun bronzage n’est sans danger. Qu’il survienne à la suite d’une exposition directe au soleil ou aux rayons UVA des cabines de bronzage, le processus est le même dans les deux cas, laissant encore aujourd’hui le débat grand ouvert sur le moyen utilisé qui est le moins dommageable sur la santé.
Comme le soleil, la lumière émise par les appareils ou les cabines de bronzage artificiel contient des rayons ultraviolets qui peuvent provoquer des coups de soleil, le vieillissement prématuré de la peau et des cataractes. Selon le Dr Jimmy Alain, dermatologue chirurgical à la Clinique du mélanome et des cancers cutanés, à l’Hôtel-Dieu de Québec, les chances de développer un cancer de la peau y sont toutefois augmentées, puisque les rayons UVA y sont plus condensés. « Les deux, en quantité égale, sont aussi dommageables. Les rayons ultraviolets émis sont les mêmes au niveau des UVA, cependant ils sont beaucoup plus concentrés dans les cabines de bronzage. Une séance de 20 minutes de bronzage équivaut à une grosse journée passée à 30 oC », commente le Dr Alain.
Discours similaire du côté de l’Association des salons de bronzage au Québec (ASBQ). « Le bronzage, qu’il soit à l’intérieur ou à l’extérieur, est une réaction naturelle de la peau soumise aux rayons UV. Ce que nous préconisons toutefois, c’est la modération et l’absence le plus possible de coups de soleil », mentionne Alain Fournier, président intérimaire de l’ASBQ.
Au banc des accusés
Quand il est question de bronzage et de cancer de la peau, les salons se retrouvent bien souvent au banc des accusés. Il est important toutefois de mentionner qu’ils sont soumis aux lois canadiennes, dont le Règlement sur les dispositifs émettant des radiations (appareils de bronzage) datant de 2005. Selon Santé Canada, la responsabilité des propriétaires de salon de bronzage est d’informer les clients sur les risques du bronzage et de les encourager à consulter leur médecin de famille.
Cependant, le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé a récemment classé les lits de bronzage aux UV dans la catégorie la plus élevée (groupe 1) des risques cancérogènes pour l’humain. L’Australie, la France et l’Allemagne interdisent aujourd’hui la vente de services de bronzage artificiel aux mineurs. Au Canada, la Nouvelle-Écosse et une partie de la Colombie-Britannique le font aussi. La Société canadienne du cancer fait d’ailleurs circuler une pétition via son site Internet pour que le Québec fasse de même.
Questionné à savoir, selon lui, pourquoi les gens et les autorités médicales perçoivent aussi mal le bronzage en salon, M. Fournier soutient que « plusieurs médecins et dermatologues sont en faveur du bronzage, mais ce ne sont que ceux qui sont contre qui font les manchettes. En présentant des personnes atteintes du cancer de la peau, des résultats questionnables ou présentés de façon à faire peur, ils arrivent à donner une très mauvaise perception du bronzage. »
Les bienfaits
Quels sont alors les bienfaits du bronzage en cabine? « Des études démontrent qu’il y a plus de bienfaits que de risques, mais nous ne pouvons rapporter que ce que les adeptes du bronzage donnent comme raison de leurs visites, entre autres : pour avoir un meilleur teint, pour la vitamine D, dont les bienfaits sont démontrés par plusieurs études, pour des problèmes de peau (eczéma, psoriasis), pour aider dans les cas de fibromyalgie, d’arthrite, de maux de dos et de déprime saisonnière », explique M. Fournier.
Pour sa part, le Dr Alain estime qu’il n’y a aucun avantage au bronzage artificiel. « Vous brûlez votre peau, vous la faites vieillir, vous augmentez vos chances d’avoir le cancer de la peau et vous ne métabolisez pas la vitamine D, comme plusieurs personnes pensent. » Selon lui, une exposition solaire du dos des mains et de la nuque, variant de 10 à 15 minutes, trois fois par semaine, est suffisante pour assimiler la quantité de vitamine D nécessaire au système.