Appel à la responsabilité et à la conscience populaire
Des milliers d’animaux domestiques sont abandonnés chaque année au Québec
Chaque année, c’est le même refrain : près de 500 000 animaux sont abandonnés par leur propriétaire et envahissent les refuges, déjà combles. Plusieurs organismes tentent par tous les moyens, année après année, de conscientiser la population à ce perpétuel fléau. Outre l’abandon et l’euthanasie, d’autres solutions existent pour donner à ces animaux une deuxième, voire une troisième chance.
Le reportage Mauvais berger, diffusé en avril dernier sur les ondes de la Société Radio Canada, a grandement fait réagir la population. Pourtant, cette année encore, des milliers d’animaux sont ou seront abandonnés, la saison estivale étant le pire cauchemar pour les refuges d’animaux. En 2009, la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux de la Montérégie (SCPA) rapportait que près de 25 % de plus de chiens et 40 % de plus de chats abandonnés étaient recueillis chaque été et logés à l’organisme en attendant de trouver une famille qui voudra prendre soin d’eux. Pourtant, les Québécois continuent de battre des records! Comparativement aux Français, qui sont huit fois plus nombreux en termes de population, ceux-ci abandonnent cinq fois moins leurs compagnons domestiques.
Adopter avant d’acheter
Pour pallier cette situation récurrente, plusieurs organismes encouragent la population à adopter un animal plutôt que de l’acheter. La SPCA, le Repaire de Sasha, le Refuge de la Faculté de médecine vétérinaire à Saint-Hyacinthe et les Centres d’adoption d’animaux de compagnie du Québec (CAACQ) n’en sont que quelques exemples.
Ces derniers ont d’ailleurs créé en 2008 le French Connection, qui consiste à transférer des chiens sans foyer vers l’Ontario, où des familles adoptives les attendent. Selon les dernières données de l’organisme, plus 600 chiens du Québec ont trouvé une nouvelle résidence, en l’espace d’un an et demi.
Le Repaire de Sasha
Le Repaire de Sasha est un refuge virtuel, en ce sens qu’il n’héberge pas ses protégés dans un bâtiment, mais utilise plutôt la formule des familles d’accueil temporaires. Le but ultime du repaire est de trouver le match parfait; les futurs propriétaires sont rencontrés, questionnés et sélectionnés rigoureusement lors d’une demande d’adoption. Ce processus assure à Marie-Christine Durocher, directrice du repaire, que les animaux qui quittent son refuge seront bien accueillis, traités et ne seront pas abandonnés de nouveau.
« Nous ne prônons pas l’euthanasie. Tant que le meilleur candidat désigné pour un chien ne s’est pas présenté, celui-ci est gardé aussi longtemps que nécessaire. Nous n’avons pas de temps limite dans notre réseau de familles d’accueil bénévoles », explique Mme Durocher. En dix ans, le Repaire de Sasha a hébergé 1006 chiens, dont 98 % d’entre eux ont été adoptés.
Alternative canine
L’Alternative canine est un jeune organisme sans but lucratif dont la mission principale est de promouvoir une relation saine entre l’humain et le chien dans notre société. La mission première est d’éduquer et de sensibiliser le public à la cause canine. Pour y arriver, l’organisme développe des formations, des campagnes de sensibilisation, des conférences et des ateliers portant sur divers sujets tels la prévention de l’abandon et de la maltraitance, l’incitation à la stérilisation pour diminuer la surpopulation et bien d’autres.
Certains éducateurs canins, fondateurs bénévoles de l’organisme, sont membres de l’International Positive Dog Training Association (IPDTA); ils sont donc bien placés pour donner des conseils en comportement animal. « Nous faisons la promotion d’une éducation positive : sans punition, sans traitements aversifs, mais plutôt avec du renforcement positif, explique Philippe Thyrion, président de l’Alternative canine. Nous voulons vraiment responsabiliser les gens. Le chien n’est pas un objet. Nous établissons une relation avec lui, nous en sommes donc responsables. »
L’organisme collabore aussi avec des refuges pour que les employés soient suffisamment informés et puissent bien conseiller les futures propriétaires dans leurs choix d’animaux. Les éducateurs canins sont de plus disponibles pour des services de préadoption, aide à l’adoption, et postadoption.
Tous ces organismes travaillent fort pour réduire grandement le nombre d’animaux de compagnie abandonnés et euthanasiés au Québec. Mais tout commence par la conscientisation et la responsabilité de leurs maîtres…