Chronique Société d’histoire : le carnaval à Saint-Basile-le-Grand

Pendant les années 1960, chaque hiver, un joyeux carnaval anime le cœur du village avec son bonhomme, sa reine et ses duchesses.

Une longue tradition

Dans la tradition chrétienne, les jours gras précèdent le mercredi des Cendres marquant le début du carême. Pendant cette période, les fidèles se régalent et festoient avant les quarante jours de jeûne et de privations qui mèneront à la grande fête de Pâques. Selon une ancienne coutume française, ces quelques jours de fête se clôturent le Mardi gras par une mascarade, où des personnes masquées et déguisées vont de porte en porte. 

Au 20e siècle, ces festivités improvisées cèdent peu à peu la place à des carnavals organisés. Montréal, dans les années 1880, accueille un grand carnaval d’hiver, qui présente aux visiteurs le premier palais de glace en Amérique du Nord. Son successeur, le Carnaval de Québec, est sans doute le plus renommé, certains le qualifiant même de plus grand carnaval d’hiver au monde. Ce succès inspire plusieurs municipalités. La formule est reproduite à plus petite échelle, avec un bonhomme, une reine, des duchesses, des jeux extérieurs et un bal.

La fête à Saint-Basile-le-Grand

De 1960 à 1970, en février, un carnaval d’hiver anime le cœur de Saint-Basile-le-Grand. Organisée par l’association des « Loisirs de Saint-Basile-le-Grand », cette grande fête s’étend généralement sur deux ou trois fins de semaine et repose sur le soutien de nombreux bénévoles pour sa mise en place et son animation. 

Jeunes et moins jeunes participent à une variété d’activités : soirée dansante (1 $), promenade en traîneau suivie d’un souper (2,50 $), tournoi de ballon-balai, course de motoneiges, course à pied de la rivière à l’école Jacques-Rocheleau, concours de sculptures sur glace, course de traînes sauvages et course de traîneaux à chiens.

Qui dit carnaval dit également duchesses, reine du carnaval et bonhomme. Les duchesses sont, le plus souvent, de jeunes femmes, sauf une année, en 1963, où l’on désigne des mères de famille. Soutenues chacune par un organisme local, elles vendent des billets, contribuant au financement des activités de loisirs. Elles sont présentes à tous les événements du carnaval. En règle générale, la meilleure vendeuse décroche le titre de Reine, un honneur accompagné de cadeaux. La cérémonie de couronnement, moment solennel du carnaval, est suivie d’une soirée animée par un orchestre proposant de la musique de danse sociale et des sets carrés. La Reine, coiffée par madame Neveu, porte une longue cape rouge réalisée par Lucille Mongeau ou, en soirée, une petite cape d’hermine confectionnée dans l’atelier de fourrure de Jean-Louis Boulay. Lors des premières années, ce couronnement clôt le carnaval, la veille du défilé. Cependant, après quelques années, la cérémonie inaugure les festivités, permettant à la Reine d’être mise à l’honneur lors de chaque événement. Quant au bonhomme, inspiré de celui du Carnaval de Québec, il est présent tout au long de la fête.

En 1971, le carnaval est intégré aux festivités du centenaire de la Municipalité. Cette année-là, riche en événements culturels et sportifs, marque la dernière édition du carnaval tel que conçu en 1960.

Dix ans plus tard, en 1980, la fête est relancée par un comité bénévole avec le soutien des commerçants locaux. On y présente un contingent de onze duchesses, ainsi qu’un programme d’activités culturelles et sportives, mais sans bonhomme ni défilé. L’expérience n’est pas renouvelée les années suivantes.

En 2004 et 2005, la Municipalité met sur pied des activités locales sous le thème « Plaisirs sur glace », puis de 2006 jusqu’à nos jours, « Plaisirs d’hiver », en collaboration avec le gouvernement du Québec par l’entremise du réseau Kino-Québec.