Chronique Société d’histoire de Saint-Basile : le trajet vers Montréal de 1900 à 1930

Au début du 20e siècle, se rendre à Montréal en voiture représente un véritable périple. Le train est le mode de transport par excellence. Avec plusieurs départs quotidiens, il offre la possibilité d’un aller-retour dans la même journée.

Une collaboration de Richard Pelletier

Président Société d’histoire

Cependant, pour le transport de marchandises, comme des produits à vendre au marché, la route et la voiture à cheval restent l’unique solution.

L’entretien des chemins, faits de terre ou recouverts de gravier, varie selon les saisons. Ceux-ci ne sont pas conçus pour faciliter les longs trajets, mais plutôt pour répondre aux besoins locaux.

Traverser Saint-Basile-le-Grand

Notre trajet commence au rang des Vingt-Quatre (Principale), à la limite de la municipalité de Saint-Mathieu-de-Beloeil. La traversée du territoire de Saint-Basile-le-Grand s’avère simple, le tracé de ce rang ayant peu changé au fil du temps. Le chemin traverse la voie ferrée. Au cœur du village, on croise la montée du Bord de l’eau (Robert). Le trajet se poursuit en ligne droite, sans véritables intersections, à l’exception d’une rue privée à compter de 1922, le boulevard Laporte à droite (Lafrance Est), et plus loin, la montée des Quarante (rue Bella-Vista) à gauche.

La continuité du rang des Vingt-Quatre vers Saint-Bruno porte autrefois le nom de chemin du Moulin ou du Petit-Moulin, en raison du moulin à farine et à scie actionné par le ruisseau Massé. Cette portion du parcours comporte trois virages à angle droit, avant de rejoindre le rang des Vingt.

Des Grands-Étangs au chemin de Chambly

Au rang des Vingt (Grand Boulevard Est), le voyageur tourne vers la gauche et poursuit son trajet jusqu’au croisement de la montée Sabourin. Il ne s’y engage pas mais continue plutôt sur la route qui bifurque légèrement vers la gauche, devenant le chemin des Grands Étangs (Grand Boulevard Ouest puis montée Daniel). Cette voie mène au chemin de Chambly.

Considéré comme la plus ancienne route au pays, le chemin de Chambly est tracé en ligne droite au 17e siècle pour relier Montréal au fort de Chambly. En 1841, un péage est instauré pour financer son entretien, puis aboli en 1890. Le voyageur suit cette route jusqu’à la rue Saint-Charles à Longueuil, qu’il emprunte vers la gauche. Il atteint rapidement le quai, où il peut prendre un traversier pendant la saison de navigation ou, en hiver, un chemin aménagé sur la glace.

1908 : une volonté de changer les choses

La traversée du fleuve reste un obstacle majeur. Le bac, soumis aux aléas des saisons, s’avère une solution inefficace. Quant au pont ferroviaire Victoria, qui accepte le passage d’automobiles depuis le début du 20e siècle, sa capacité est limitée et son accès est mal intégré au réseau routier.

En 1908, un rassemblement de 400 personnes a lieu à Saint-Bruno pour réclamer une route directe reliant le pont ferroviaire de Beloeil au pont Victoria. Cette rencontre est présidée par Joseph Chagnon, maire de Saint-Basile-le-Grand. Malgré cette mobilisation, le projet proposé ne verra pas le jour.

Apparue au début du 20e siècle, l’automobile gagne rapidement en popularité, circulant sur des chemins de campagne mal adaptés à ce mode de transport rapide.

Cet article de La Presse paru en octobre 1914 témoigne de l’amélioration des chemins existants de Saint-Basile-le-Grand, mais on ne parle pas de nouvelles routes :Une course en automobiles faite hier à travers le comté de Chambly […] les visiteurs se sont rendus à Saint-Basile le Grand […]. Là, les travaux ne sont commencés que depuis le 15 juillet, mais il y a déjà un mille et trois-quarts de fait. Il y a 16 milles à faire en tout, mais cela se fera et le plus tôt possible, car le conseil de Saint-Basile est décidé à avoir des routes parfaites. 1930 : changements majeurs

Depuis plusieurs années, les maires de la Rive-Sud réclament la construction d’un pont traversant le fleuve Saint-Laurent. Leur souhait se réalise en 1930 avec l’ouverture du pont Jacques-Cartier, un événement qui marque un tournant majeur dans les déplacements régionaux.

Cette même année, des travaux sont entrepris pour améliorer la circulation sur les routes locales. Le chemin des Vingt-Quatre, dans sa portion rapprochée de Saint-Bruno, est redressé pour faciliter les déplacements.

Vers un réseau routier moderne

L’ouverture du pont Jacques-Cartier met en lumière une autre faiblesse du réseau routier québécois : l’absence de liaisons rapides et directes entre les principales villes. En réponse, un ambitieux chantier est lancé pour créer le boulevard Sir-Wilfrid-Laurier. Cette nouvelle voie est inaugurée dans notre région en 1941, marquant un autre jalon dans l’histoire des transports.