Violoniste à l’OSDL

Les musiciens de la Montérégie se rencontrent pour la plupart un jour ou l’autre au sein de l’Orchestre symphonique de Longueuil. Un endroit intégré par la Julievilloise Solange Bouchard, qui a accepté de nous parler de la réalité de la vie de musicienne dans un orchestre symphonique.
Solange Bouchard, une résidante de Sainte-Julie, a donné rendez-vous au journal à la cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue à Longueuil, un endroit connu de l’orchestre symphonique de Longueuil (OSDL) qui y donne plusieurs concerts dans l’année.
En arrivant sur place, on entend l’organiste de l’OSDL qui répète pour le concert du soir.
« Pourrais-tu faire une pause le temps de l’entretien? » lui demanda Mme Bouchard le plus naturellement possible, car l’OSDL, c’est ça, une grande famille d’une soixantaine de musiciens.
« J’ai commencé par être surnuméraire après avoir fait le conservatoire de musique de Montréal. À l’époque, j’habitais à Howick et régulièrement, j’allais jouer à l’église du village. J’ai eu le privilège de travailler avant la fin de mes études. J’ai eu beaucoup de contrats grâce au bouche-à-oreille. La seule place que j’ai dû gagner, c’est celle de l’orchestre de Longueuil. »

« On sort du conservatoire assez jeune. Il est difficile d’embarquer dans le marché du travail tout de suite. » – Solange Bouchard

Rémunération
Les musiciens de l’OSDL sont des contractuels qui doivent jouer dans d’autres formations pendant les périodes creuses de l’orchestre, ou qui doivent trouver d’autres activités pour avoir un salaire décent. « À l’exception de l’orchestre symphonique de Montréal, tous les musiciens ont une vingtaine de T4 différents. »
Cette gymnastique financière doit être faite très vite dans la carrière d’un musicien qui finit tôt son apprentissage. « On sort du conservatoire assez jeune. Il est difficile d’embarquer dans le marché du travail tout de suite. Mon premier contrat, je l’ai eu à l’orchestre métropolitain vers 18 ans. »
Solange est aujourd’hui, aussi, musicothécaire à l’Orchestre de chambre de McGill et pour le festival de Lanaudière, en plus de faire des piges. « Cela me permet de voir l’autre côté de l’orchestre. Ici, je travaille pour eux. »
Vie familiale
On ne pense pas toujours à la vie familiale des musiciens, mais, comme Solange, lorsqu’on a trois enfants et des obligations d’être toujours à la pointe dans son art, on est heureux d’avoir de l’aide. « Mon mari ne fait pas de musique, mais il fait preuve d’une très grande souplesse et d’une très grande compréhension. Je suis souvent en concert les samedis soir et les fins de semaine et il a toujours été là pour qu’on ait à faire garder les enfants le moins possible. Si je n’ai pas de contrat pendant deux semaines, il faut que je m’exerce quand même tous les jours. Si on s’arrête une semaine, on le ressent par la suite. Et lorsqu’on doit étudier une symphonie, on y travaille pendant 40 heures, du temps qui n’est pas rémunéré. Je peux faire ça grâce au soutien de mon mari. »
Les piges
Lorsque Solange doit jouer avec un orchestre, en dehors de la programmation annuelle déjà prévue, elle est avertie environ un mois avant. Dernièrement, elle a joué pour Rufus Wainwright en concert à Montréal, elle fait des piges pour des musiques de film, le bouche-à-oreille l’a amenée à jouer au Festival de jazz de Montréal, elle a accompagné Céline Dion, Ginette Renaud. Michel Louvain, participé à la tournée de Bruno Pelletier, Jimmy Page et Robert Plant. « Pour les piges, on fonctionne beaucoup par Internet. Lors d’un spectacle, s’il y a une centaine de musiciens à avoir, l’annonce est faite sur des sites spécialisés et on porte notre candidature. Avec Internet, c’est plus simple de trouver des contrats. Dans ces situations, souvent il n’y a qu’une répétition le matin pour jouer le soir. »
« Beaucoup d’appelés, peu d’élus »
Solange dit elle-même qu’elle « gagne très bien sa vie », mais la dextérité que nécessite le maniement de l’instrument à ce niveau implique beaucoup d’expérience et un âge pas trop avancé. « En général, les violonistes sont au sommet de leur art entre 38 et 55 ou 60 ans. Il y a toujours un jeune de 22 ans qui sera remarqué ou une personne plus âgée qui n’aura rien perdu de sa dextérité, c’est certain. »
À 47 ans, Solange voit certaines de ses collègues partir à la retraite et elle a du mal à y penser. « Lors d’un concert, une collègue savait que c’était son dernier. Je ne peux pas imaginer ça. J’espère avoir la sagesse de me retirer quand je le pourrai », conclut-elle.