Violon et contrebasse unis pour la vie à l’OSDL

Martine Michaud, violoniste, et Gilbert Fleury, contrebassiste, forment un couple dans la vie et sont tous les deux membres de l’Orchestre symphonique de Longueuil (OSDL). Ils ont accepté de rencontrer le journal pour parler de leur vie de musicien.
Il se sont connus à l’Université de Montréal, il étudiait la contrebasse et elle, le violon. Aujourd’hui, ils sont mariés et ont eu deux enfants, en plus de jouer ensemble à l’OSDL.
« J’ai commencé la contrebasse à 17 ans au cégep. C’est un instrument qu’on peut apprendre plus tard, mais moi, j’étais convaincu de vouloir en jouer dès 13 ans. La musique est une passion depuis quasiment l’âge de 9 ans », explique Gilbert Fleury, qui a été le seul dans une famille de 9 enfants à s’être adonné à cet art.
Pour Martine, l’environnement familial était plus propice à une carrière. « J’ai commencé le violon à 7 ans. Dans mon entourage, presque tout le monde jouait d’un instrument. »

« Je joue 2 à 3 h par jour. Cela peut aller de 7 à 8 h selon la difficulté du programme. Si je passe trois jours sans pratiquer, ça me manque. » – Gilbert Fleury

Le parcours
Très vite, Gilbert commence à gagner sa vie avec son archet. « On commence lentement, on se fait appeler un peu partout, mais comme dans toute chose, il faut toujours se démarquer pour se faire remarquer. » Pigiste, il se présente aux auditions à l’aveugle de l’OSDL en 1987 et il est pris. L’année suivante, c’est l’Orchestre métropolitain qui le sélectionne. « Pour les piges, on vient nous chercher. Par contre, lorsqu’on désire entrer dans un orchestre, c’est par une audition que cela se passe », indique-t-il.
Les auditions se font à l’aveugle pour éviter un quelconque favoritisme. Ce n’est qaue l’oreille qui doit juger.
Martine entre à l’OSDL en 1988 et intègre l’Orchestre de Drummondville en 2002. En plus d’être violoniste, l’artiste exerce le travail de musicothécaire. « Il y en a un par orchestre symphonique. Notre rôle est de commander les partitions pour l’ensemble de l’orchestre. À l’occasion, il faut les faire venir d’Europe ou des États-Unis. Il faut parfois les acheter ou les louer. Lorsque les partitions sont louées, il faut les restituer. » Elle s’occupe ainsi non seulement de l’OSDL, mais aussi de l’Orchestre de Drummondville et de celui de Laval. Et quand on lui demande comment elle arrive à joindre toutes ces activités, elle n’a qu’un seul mot, « l’organisation ».
Toujours pratiquer
Le travail de Gilbert à la contrebasse est quotidien. « Je joue 2 à 3 h par jour. Cela peut aller de 7 à 8 h selon la difficulté du programme. Si je passe trois jours sans pratiquer, ça me manque. » Ce travail acharné n’est pas partagé par Martine. « Je ne sors pas mon violon si je n’ai pas de concert à préparer. »
Depuis 1995, le couple participe à un trio de deux violons et une contrebasse pour animer des mariages. « Il y a une très forte demande dans cette industrie et puis il y a beaucoup moins d’orchestres l’été. Nous avons déjà joué dans 350 mariages. »
Un temps limité
La pratique de l’instrument est limitée dans le temps. « Avec l’âge, il peut y avoir des tendinites, des bursites. Après 60 ou 65 ans, cela devient difficile », expliquent-ils. De toute manière, ils ne pensent pas à la retraite. « En plus, souvent on ne nous laisse pas le choix de quitter l’orchestre. Un nouveau chef peut vouloir de nouvelles choses, ou parce qu’on ne fait tout simplement plus l’affaire », avance Gilbert.
Conseils
En plus de leur talent, les deux musiciens ont travaillé dur pour pouvoir vivre de leur art. Ensemble, ils sont d’accord pour dire qu’aujourd’hui, ce serait moins facile pour eux de commencer. « C’est un milieu difficile. Il faut être très persévérant et toujours avoir la passion. C’est ça qui nous fait continuer. Beaucoup de jeunes sortent des universités en musique, ce n’était pas le cas à notre époque. » Le couple souhaite que le gouvernement donne un appui plus fort à la culture et qu’il favorise des salaires plus décents. « On a du mal à imaginer un monde sans musique, pourtant nous sommes très mal payés. On est mal faits, car lorsqu’on est sur scène, on est submergés par la passion et on oublie tout », de conclure Gilbert.