Une tendance à la baisse pour les guignolées

Au lendemain des guignolées tenues sur le territoire au cours des dernières semaines, la tendance serait à la baisse quant à la récolte des dons.

Au moment d’écrire ces lignes, la 56e guignolée de la paroisse de Saint-Bruno, le 28 novembre, a accumulé une somme de 57 000 $.

C’est bien en deçà des 89 000 $ qui avaient été reçus quelques jours après la guignolée de 2020. L’objectif était alors de 90 000 $; un montant d’un peu plus de 105 000 $ avait ainsi été ramassé grâce à la générosité des citoyens.

Cette année, l’objectif avait été majoré de 5000 $ par rapport à il y a un an. « Nous recevons encore des dons quotidiennement. Une vingtaine d’enveloppes par jour. Nous devrions arriver à 80 000 $ d’ici les Fêtes. Nous n’atteindrons pas notre objectif, à moins d’une surprise d’ici là », se résigne la coordonnatrice des activités paroissiales à l’unité pastorale Saint-Basile/Saint-Bruno, Caroline Rodrigue.

« Nous n’atteindrons pas notre objectif. » -Caroline Rodrigue

Tout de même, plusieurs autres dons doivent être acheminés ou remis à la paroisse de Saint-Bruno. Notamment un don de la Ville de Saint-Bruno ainsi que les contributions du corporatif.

Or, Caroline Rodrigue ne se fait pas d’illusions. « C’est plus difficile cette année. Les gens sont sollicités beaucoup. Il faut tenir compte de la réalité financière de chacun », dit-elle.

Rappelons qu’en raison des risques de la COVID-19, la guignolée se déroulait devant l’église de Saint-Bruno pour une deuxième année. Plutôt que le traditionnel porte-à-porte, la population était invitée à venir offrir dons et denrées aux bénévoles sur place.

Pépin au courrier

Chaque année, la paroisse achemine des lettres à ses paroissiens en guise de rappel pour la tenue de la guignolée. Un envoi massif de 9000 enveloppes, qui a pour but d’inviter les gens à donner le jour même ou à retourner un don par la poste les jours suivants. Or, cette année, le sac d’enveloppes aurait été « oublié dans un coin » au bureau de poste de Chambly. « Postes Canada a égaré nos enveloppes pour ensuite les retrouver, trois jours avant la guignolée. Cet oubli a entraîné un effet important sur le jour de notre guignolée », croit Caroline Rodrigue, qui qualifie la situation d’ordinaire.

L’acheminement des enveloppes est aussi un geste stratégique pour attirer les paroissiens à la guignolée, créer un engouement. D’autant plus que les collectes s’accumulent sur le territoire. Les paroissiens, eux, attendent ces enveloppes. Certains ont mis la main sur leur missive le mardi suivant la guignolée, puisqu’elles avaient été livrées trop tard dans la semaine précédente. Mme Rodrigue reprend : « Il y a une raison pour laquelle nous organisons notre guignolée à la fin du mois de novembre, avant toutes les autres. Parfois, les citoyens donnent pour une seule cause. Nous avons eu un peu moins d’achalandage le jour même de notre guignolée, par rapport à l’année dernière. »

Rappelons qu’à la suite de la récolte de dons de la paroisse de Saint-Bruno, la Grande guignolée des médias de la Rive-Sud et la Guignolée du Dr Julien se sont déroulées dans les rues de Saint-Bruno.

Quand on lui demande si elle croit qu’il y a trop de guignolées sur le territoire montarvillois, Mme Rodrigue estime que l’important, c’est que les gens pensent aux autres durant la période des Fêtes et qu’ils contribuent. « Chaque guignolée a un impact, une mission et un engagement social importants. J’ai confiance que c’est fait dans l’intérêt des bénéficiaires et des familles dans le besoin », ajoute-t-elle, avant de rappeler que dès ses débuts, il y a 56 ans, la guignolée de la paroisse est devenue une tradition à Saint-Bruno et qu’elle a toujours amené une « très forte mobilisation sociale ».

Guignolée du Centre de bénévolat

La 40e guignolée du Centre de bénévolat de Saint-Basile s’est déroulée le 5 décembre dans le stationnement de l’aréna Jean-Rougeau. Au moment d’écrire ces lignes, l’organisme communautaire annonce 11 000 $. À pareille date l’an dernier, le montant préliminaire s’élevait à 13 000 $. « Nous accumulons les dons depuis le mois dernier, pour 4500 $ en date du 30 novembre. Le jour même de la guignolée, les citoyens nous ont remis entre 6000 $ et 7000 $. Ça se poursuit, les gens nous amènent dons et denrées. Par expérience, ça se poursuivra jusqu’à la fin janvier. Le véritable bilan financier ne sera connu que plus tard, en début d’année prochaine », commente la directrice générale du Centre, Renelle Bourdages. L’objectif est de 22 040 $.

En entrevue avec Les Versants, Mme Bourdages annonce qu’elle s’attend à une guignolée moins généreuse. Pas en termes de denrées, mais en dons. Elle blâme la situation économique. « L’année dernière, les gens avaient été généreux. Le momentum était différent; nous étions au cœur de la pandémie. Il y avait eu un élan spontané de solidarité. Aujourd’hui, ça coûte plus cher pour tout le monde; l’épicerie, l’essence… C’est une situation qui n’est pas facile. »

Une guignolée moins généreuse entraîne des conséquences sur l’année à venir. À cette question, Mme Bourdages évoque quelques répercussions, par exemple des coûts indirects pour l’achat de nourriture afin de combler les besoins toute l’année. « Depuis quelques semaines, les demandes de dépannage sont en hausse. C’est peut-être attribuable à la fin des soutiens financiers, comme la PCU. Le Centre de bénévolat s’adaptera. Nous allons voir comment se déroulent janvier et février. Nous n’en sommes pas là encore, mais peut-être qu’une deuxième guignolée, durant l’été, nous donnerait un coup de main », conclut-elle.