Une surveillance abusive des commerçants?
Le Marché public de Longueuil, géré par L’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ) regarde de près les pratiques de ses locataires, un peu de trop près pour une entreprise montarvilloise qui y est installée.
Les objectifs poursuivis par la Ville de Longueuil en confiant pour 10 ans (fin du contrat 2023) à l’APMQ la gestion de son marché public visent notamment à ce que ce Marché public s’inscrive dans une stratégie globale de développement durable de la zone urbaine et agricole de Longueuil. Il est aussi possible de lire dans le contrat qui lie la Ville à l’APMQ que le marché doit être « une vitrine mettant de l’avant les valeurs que sont la santé, l’environnement et l’éducation, notamment en faisant la promotion de pratiques agricoles et urbaines bénéfiques pour l’environnement et le mieux-être de la population et en encourageant de saines habitudes alimentaires ainsi que la consommation de produits frais et locaux ».
C’est dans cette logique que la pâtisserie Bonbon Collection a vu là une opportunité, tout comme l’APMQ, qui était très heureuse de voir arriver au marché une pâtisserie sans allergènes, végane et qui répond à un besoin grandissant auprès de la population.
Le concept est né d’une maman qui désirait offrir des douceurs sucrées à sa fille née avec une panoplie d’allergies alimentaires.
Cependant, Thao Nguyen, citoyenne de Saint-Bruno-de-Montarville, après une première ouverture réussie au Marché public de Longueuil en 2016, ne s’attendait pas à voir son commerce être la cible de mises en demeure de l’APMQ, alors que la relation semblait cordiale.
Élément déclencheur
Tout a commencé lorsque la pâtisserie a demandé à l’APMQ s’il était possible d’avoir un local plus grand. « Nous voulions alors revoir le bail », indique Thao Nguyen.
Non seulement cela n’a pas été possible, mais la petite entreprise a vu une nouvelle vendeuse de cupcakes arriver sur le marché, alors que son enseigne en avait l’exclusivité, signée en bonne et due forme dans le bail.
Après avoir indiqué à l’APMQ qu’elle ne comprenait pas pourquoi cette concurrence était apparue au détriment du bail signé, Mme Nguyen s’est vu refuser le privilège de ne pas ouvrir le lundi et le mardi, des jours d’achalandage moins importants pour la petite entreprise.
« Nous n’avons pas demandé de droit compensatoire pour ce non-respect du bail », précise la pâtissière.
« Si nous remplissions nos comptoirs, nous serions obligés de jeter des pâtisseries à la fin de la journée, car dans nos préparations, nous n’utilisons aucun conservateur. » – Thao Nguyen
D’autre part, Mme Nguyen a reçu deux lettres de mise en demeure, avec photos de caméra de surveillance à l’appui, pour lui signaler que ses étals n’étaient pas pleins et que la pâtisserie ouvrait parfois plus tard que les heures normales du marché. Plusieurs conditions exigées dans le bail que l’APMQ tolérait auparavant avec Bonbon collection.
Il faut dire que dans le concept de l’entreprise, en plus de faire des pâtisseries sans allergènes, il y a une volonté de lutter contre le gaspillage. « Le lundi et le mardi, notre clientèle est moins présente. Si nous remplissions nos comptoirs, nous serions obligés de jeter des pâtisseries à la fin de la journée, car dans nos préparations, nous n’utilisons aucun conservateur », explique la propriétaire.
Face à cette situation, Bonbon collection a demandé à l’APMQ se elle souhaitait que l’entreprise quitte le Marché public. « Dans ce cas, nous pourrons facilement mettre une fin au bail, mais elle nous a dit que ce n’était pas ce qu’elle voulait. »
APMQ
L’association ne nie rien de tout ce qu’avancent les propriétaires de Bonbon collection, mais elle se désole que l’enseigne manifeste son désaccord dans la manière de procéder du gestionnaire du marché public. « Pour que l’on ait un marché, il faut fidéliser la clientèle. Nous avons constaté sur place que la pâtisserie était fermée aux heures d’ouvertures du marché, et c’est uniquement pour leur prouver nos dires que nous leur avons donné des photos de caméras de surveillance. Si tous les commerces sont fermés quand les clients arrivent, cela ne nous rend pas attractifs », indique André Plante, directeur général de l’APMQ.
Il reconnaît qu’il y a de la tension entre les deux protagonistes. « Ce n’est pas facile de gérer un marché, mais cela fait partie de notre quotidien. Nous sommes un OSBL, nous ne sommes pas là pour faire de l’argent, mais plutôt pour mettre de l’avant des produits locaux. Les produits de Bonbon collection répondaient exactement au type de produits que nous voulions », indiquait-il au journal Les Versants.
Il précise également que les étals du marché ne doivent ne pas être vides, « mais nous n’avons jamais mis de pression sur les commerçants s’ils réduisent les tablettes. Tout le monde le fait. »
Malgré la situation, l’entreprise ne souhaite pas quitter le marché de Longueuil et en plus d’une boutique sur la Rive-Nord, elle vient d’ouvrir un magasin à Saint-Bruno-de-Montarville, où elle compte bien célébrer l’Halloween en distribuant barbe à papa et chocolat chaud toujours garantis sans allergènes.