Une rentrée scolaire en double
La rentrée scolaire peut être vécue de bien des manières avec ses petits et ses plus gros défis aussi bien chez les enfants que chez les parents. Pour la rentrée de jumeaux, les questions sont deux fois plus nombreuses et l’une des premières est de savoir si les enfants fréquenteront ou pas la même classe.
« En ce qui me concerne, il n’y a eu aucun problème. L’École Arc-en-ciel (à Sainte-Julie) a fait preuve d’une très belle ouverture. Alors que dans d’autres établissements on a tendance à séparer quasiment automatiquement les jumeaux dans les classes, mes deux enfants ont pu entrer en quatrième année ensemble », explique Élise Patenaude, la mère d’Antoine et de Julien à Sainte-Julie.
Mme Patenaude est dans une association de parents de jumeaux et il n’y a pas d’ambiguïté pour elle : « Les associations sont favorables pour que les parents soient toujours consultés sur cette question. »
Dans les faits, il semblerait que la séparation obligatoire soit la politique la plus répandue dans les écoles, entre autres pour des considérations administratives, indique sur son site l’Association des parents de jumeaux et triplés de la région de Montréal (APJTM).
À la Commission scolaire de Montréal, en 2003, les parents de jumeaux, avec l’aide des associations, ont réussi à faire voter les commissaires à l’unanimité pour une résolution de libre choix aux parents dans le placement en classe (ensemble ou séparés) des jumeaux/jumelles. Ainsi, dans les écoles de la CSDM, un règlement prévoit que le choix revient complètement aux parents. « Si les membres de la direction d’école s’opposent à la volonté des parents, ils ont l’obligation d’apporter des preuves d’ordre pédagogique des méfaits potentiels du choix des parents, pour faire renverser la décision des parents », prévoit le texte. Et là encore, si les parents ne sont pas en accord avec cette décision, ils ont la possibilité de mener une procédure de contestation par l’intermédiaire du commissaire scolaire, susceptible de redonner le libre choix du placement aux parents.
À la CSP
Toutes les directions d’école du Québec ont reçu une copie de cette décision, comme le mentionne la réglementation, et leur commission scolaire a été appelée à l’appuyer.
À la Commission scolaire des Patriotes (CSP), aucune directive de ce genre ne semble être en vigueur. Au moment de la rédaction de l’article, la CSP n’avait pas encore répondu aux Versants.
« Si les membres de la direction d’école s’opposent à la volonté des parents, ils ont l’obligation d’apporter des preuves d’ordre pédagogiques des méfaits potentiels du choix des parents, pour infirmer la décision des parents. » – CSDM
Des parents démunis
« Dans notre association de parents de jumeaux, nous avons plusieurs parents qui viennent nous voir, désemparés, quand ils se font dire non à leur demande de placer leurs enfants dans la même classe. Souvent, les parents ne comprennent pas bien à quel moment il est nécessaire de faire des démarches auprès de son établissement et notre groupe réservé aux parents de jumeaux est là pour les conseiller », de préciser Mme Patenaude.
Libre choix des parents de jumeaux et + dans les écoles du Québec, le nom de l’association affiliée à l’APJTM, est un groupe privé qu’il est possible de joindre sur Facebook. L’organisation rencontre de plus en plus de familles vivant avec des jumeaux. « Nous nous rendons compte qu’il y a encore dans le milieu de l’éducation de vieux préjugés qui perdurent à l’encontre des jumeaux et, dans certains endroits, la décision de les séparer systématiquement en fait partie. »
Mme Patenaude sait de quoi elle parle, elle est elle-même enseignante. « Lorsqu’on est parent de jumeaux, il est important dès le mois d’avril d’en parler à l’établissement scolaire. Souvent, il y a une méconnaissance du phénomène de la gémellité, qui n’est pas un problème, mais marque cependant une particularité. »
Pour Mme Patenaude, tout se passe très bien avec ses deux garçons. « Ils sont dans la même classe, mais ce n’est pas pour cela qu’ils ont les mêmes amis, les membres centres d’intérêt. Ils sont ensemble, mais ne cherchent pas à se ressembler. Par contre, dès qu’ils sont séparés, c’est tout à fait différent. »
Naissance de jumeaux
Environ 1 naissance sur 80 est une naissance multiple par conception naturelle; ces statistiques augmentent lorsqu’il s’agit d’une fécondation in vitro, où l’on parle alors de 1 naissance sur 4.
Au Canada, les jumeaux représentaient 1,8 % des naissances en 1981 et 2,9 % en 2005, selon Statistique Canada. Au Québec, en 2010, ce taux s’établissait à 3,1 %.
Cette hausse concerne seulement les faux jumeaux. En effet, le taux de jumeaux identiques est, lui, demeuré stable. L’augmentation des naissances multiples s’expliquerait entre autres par le fait que les mères retardent maintenant plus le moment de la maternité. Avec l’âge, les femmes risquent davantage de produire plusieurs ovules par cycle menstruel, ce qui augmente les chances de concevoir de faux jumeaux. Au Canada, l’âge lors de la première grossesse est passé de 24 ans en 1965 à 28 ans en 2008.
Mme Patenaude avait une chance sur 500 d’avoir des jumeaux identiques nés par conception naturelle.