Une manifestation à Longueuil : contrer la violence conjugale

En ce lundi matin, une cinquantaine de personnes se sont réunies devant le palais de justice de Longueuil pour manifester contre les délais des procédures judiciaires.

Les manifestants sont venus témoigner leur appui à Sylvie Guertin, mère de Synthia Bussières et grand-mère de deux petits-garçons. Tous trois ont été assassinés il y a de cela un an et un jour. Mohamad Al Ballouz, conjoint de Mme Bussières, a été accusé du triple meurtre. Encore aujourd’hui, 

Mme Guertin attend que justice soit rendue. Elle demande l’embauche de juges et de main-d’œuvre afin d’accélérer les délais judiciaires. Mme Guertin demande également la fin de l’arrêt Jordan [délai maximal qui peut s’écouler entre le dépôt d’une accusation et la tenue d’un procès].

« Hier [le 24 septembre] a été une journée très pénible pour toute la famille, pour les amis de Synthia. Il faut que le gouvernement bouge. Ça n’a plus de sens. L’arrêt Jordan, ça n’a aucun sens. […] M. Barrette, je ne sais pas dans quel monde vous vivez, je ne sais pas si vous êtes au courant de la réalité des gens, mais des féminicides, il y en a eu beaucoup. Ça fait des années que ça ne bouge pas. Ça n’a pas de sens que l’on se promène d’audience en audience. […] Nous, les familles des victimes, on a l’impression que les criminels ont beaucoup plus droit à la justice que nous », indique Sylvie Guertin avec émotion. Un tonnerre d’applaudissements a suivi le discours de Mme Guertin.

« Je voudrais que les dirigeants se mettent à ma place pendant une minute pour réaliser la douleur et la tristesse que l’on peut ressentir dans notre cœur », ajoute la mère endeuillée. Sylvie Guertin a communiqué avec les gouvernements, provincial et fédéral, à maintes reprises. Leur réponse : « Ce sont des procédures normales. »

M. Jolin-Barrette n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.

Sylvie Guertin se sent très touchée de voir autant de personnes à la manifestation. « Ces gens-là se déplacent pour ma fille et mes deux petits-enfants. Il n’y a pas de mots pour vous dire à quel point ça me touche. Je peux juste les remercier. Je me sens moins seule. » Elle espère que les choses vont bouger, maintenant. « Je m’attends à des changements. S’ils ne nous entendent pas maintenant, je ne sais pas ce qu’il faudra qu’on fasse pour se faire entendre. »

Organismes

Parmi les manifestants, le Carrefour pour Elle, maison d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale, était présent. « Aujourd’hui, nous avons répondu à l’appel de Mme Guertin afin de commémorer la mémoire de Synthia, Éliam et Zac. Ces crimes prémédités doivent être punis et les délais doivent être raisonnables pour tous et non seulement l’accusé », mentionne Marie-Christine Plante, directrice de l’organisme. 

« On veut que le gouvernement engage plus de juges, nous avons besoin de plus de ressources. L’arrêt Jordan a des impacts importants sur les crimes contre les femmes. Les délais ont pour conséquence d’amener plus de traumatismes et de stress aux victimes », ajoute Deborah Person, du Pavillon Marguerite de Champlain, une maison d’hébergement pour les femmes victimes de violence conjugale.

Le prochain rendez-vous devant le tribunal aura lieu au début de l’année 2024 pour l’enquête préliminaire de l’accusé.