Un système de démocratie participative à repenser
Le Centre d’écologie urbaine de Montréal a été mandaté par Saint-Basile-le-Grand pour réfléchir à la mise en place du processus de budget participatif dans la municipalité depuis trois ans. Aujourd’hui, le programme est remis en question.
Après le troisième exercice du budget participatif de Saint-Basile-le-Grand, le nombre de personnes ayant voté pour un projet citoyen est passé de 500 à 347.
Le processus démocratique s’est achevé, au dernier conseil municipal le 7 novembre, par la nomination de deux projets gagnants.
Cette chute dans la participation des habitants de Saint-Basile, bien qu’elle soit spectaculaire et inquiétante aux yeux des membres du conseil municipal, ne remet pas en cause une pratique de plus en plus populaire partout dans le monde, selon le Centre d’écologie urbaine de Montréal (CEUM). L’organisme accompagne depuis le début l’initiative grandbasiloise.
« Nous avons été mandatés pour une troisième année consécutive pour accompagner la Ville de Saint-Basile. Nous ne voyons pas la participation de 347 citoyens comme un échec. Notre modèle est inspiré de celui des États-Unis, où, lorsqu’il y a une ville qui propose un budget participatif, la participation citoyenne est d’environ 1 % », explique Isabelle Gaudette, organisatrice communautaire du CEUM.
Une participation de 3,5 % en 2015
En 2015, le premier budget participatif de Saint-Basile avait concerné 500 habitants, représentant 3,5 % de la population en mesure de voter. L’an dernier et cette année, ils représentaient environ 2 %.
« Il ne faut pas comparer cette participation aux élections municipales ou au processus scolaire, ce n’est vraiment pas la même démarche. L’exercice n’est pas dans les mœurs et il lui faut un certain temps pour s’implanter. Ces trois années sont un strict minimum », indique Mme Gaudette.
Peut-on cependant dire d’un processus qu’il est démocratique lorsqu’il n’y a que 2 % d’une population qui s’exprime? Pour Mme Gaudette, le problème n’est pas là. « C’est quand même 347 personnes qui s’expriment. C’est toujours plus que seulement les membres du conseil municipal qui décideraient d’un projet uniquement entre eux , dit-elle. Cela permet d’intéresser les gens à la vie municipale. Ce n’est pas un mécanisme parfait, mais c’est intéressant. Saint-Basile-le-Grand est l’une des seules villes au Québec qui ont adopté un processus de budget participatif si complet. Il n’y a pas de modèle, il faut donc l’améliorer année après année. »
C’est ainsi qu’après chaque exercice, le CEUM fait ses recommandations pour parfaire le système.
« Une des recommandations que l’on indique chaque année, c’est de pouvoir relever le défi de communiquer tout en prévoyant des ressources pour mobiliser », précise Mme Gaudette.
Saint-Basile ne semble pas avoir manqué de ressources pour motiver sa population à participer au processus; cependant, les Grandbasilois n’auraient pas été suffisamment encouragés à agir. « Il faut faire des efforts pour mobiliser autrement », selon Mme Gaudette.
Le CEUM constate que Dieppe, en France, une ville de la même taille que Saint-Basile, réussit dans son budget participatif à attirer 1400 personnes.
Au Québec il n’y aurait que Matane et Saint-Basile-le-Grand qui ont décidé de vivre l’expérience du budget participatif pleinement.
Cette pratique est encore récente et le CEUM compte bien profiter des élections municipales pour voir la pratique d’un budget participatif se multiplier à travers le Québec.
« Pour les élections de 2017, plusieurs partis politiques mettront cet outil dans leur programme électoral », de conclure Mme Gaudette.
20 ans
Le Centre d’écologie urbaine de Montréal a été créé il y a 20 ans, en 1996. Cette organisation à but non lucratif (OBNL) avait pour mission à ses débuts d’organiser des Sommets citoyens pour éveiller les citoyens et la Ville de Montréal aux enjeux urbains. Les questions d’aménagement du territoire, de logement social, de revitalisation des quartiers, de développement social, communautaire et économique seront débattues sur la place publique. Aujourd’hui, le CEUM a élargi son territoire d’intervention à d’autres municipalités du Québec, de l’Ontario et de l’Alberta. Cependant, il reste collé à son mode et son échelle d’intervention : le citoyen, son milieu de vie, le quartier.