Un métier non reconnu

Saviez-vous que le métier de technicien ambulancier paramédical ne fait pas partie d’un ordre professionnel? C’est l’une des rares professions dans le domaine de la santé qui n’est pas reconnue.

Mélanie Loiselle est une ambulancière paramédicale pour la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville. Elle déplore que son métier ne soit pas professionnalisé. « Il faut savoir qu’un paramédic, à l’extérieur d’une structure opérationnelle ambulancière (son employeur) n’est aucunement reconnu. En somme, un paramédic, dès qu’il a terminé son quart de travail, il a le statut de premier répondant. Par exemple, un paramédic qui exercerait pour une compagnie comme AirMedic, puisque cette dernière n’est pas une compagnie ambulancière, l’employé n’aura que le statut de premier répondant. Donc, il ne pourra pas appliquer les protocoles, ni les techniques qu’il a acquises au cours de sa formation collégiale de trois ans (ou sa formation universitaire de deux ans pour les ambulanciers paramédicaux de soins avancés) », raconte Mélanie Loiselle.

Selon elle, « les perspectives d’emploi sont réduites à quasi-néant et ça a aussi un impact sur la reconnaissance et le respect que l’on peut obtenir de nos partenaires ».

CÉTAM

Nous avons demandé à la CÉTAM (Coopérative des techniciens ambulanciers de la Montérégie) pourquoi ce métier n’est toujours pas reconnu. « Il faut dire que ce métier est jeune et en constante évolution. Il y a une quarantaine d’années, aucune formation ou presque n’était en vigueur. Au fil des ans, différentes formations étaient offertes, plus récemment l’AEC (attestation d’études collégiales) qui a ensuite progressé vers un DEC (diplôme d’études collégiales) qui est maintenant obligatoire. Dans les dernières années, une formation universitaire de deux ans en soins avancés a pris forme et a grandement augmenté nos champs de compétences dans notre province. Nous avons également développé la paramédecine de régulation, qui permet au paramédic d’établir un plan de soins avec l’aide d’une infirmière et d’éviter parfois un transport en ambulance si l’état du patient est stable », mentionne Renaud Pilon, relationniste au sein de la CÉTAM.

 » La pertinence de la professionnalisation du métier est devenue indéniable et nous sommes d’avis qu’elle est nécessaire.  » – Renaud Pilon

Il ajoute « Durant la pandémie, nous avons pu prêter main-forte aux hôpitaux, aux cliniques de dépistage et à la vaccination contre la COVID-19 en étant cependant limités dans nos soins et actes médicaux. La pertinence de la professionnalisation du métier est devenue indéniable et nous sommes d’avis qu’elle est nécessaire. D’ailleurs, la CÉTAM y contribue notamment par l’intermédiaire de sa fédération, la Fédération des coopératives des paramédics du Québec, qui y travaille activement. »

Corporation des paramédics du Québec

« Ce métier a évolué grandement dans les dernières décennies. Historiquement, « l’ambulancier » avait une formation très sommaire et le travail consistait à transporter les patients plutôt qu’à les soigner. Ensuite, les paramédics se sont tranquillement formés, passant de cours professionnels à AEC et à DEC en début 2000, pour aujourd’hui avoir l’option de poursuivre à l’université en soins avancés », explique Nicolas Morin, directeur général de la Corporation des paramédics du Québec (CPQ).

Il affirme que « maintenant que la volonté politique et ministérielle est claire sur la nécessité de la professionnalisation du secteur, l’Office des professions du Québec doit s’enquérir du dossier pour piloter les travaux de création d’ordre professionnel. Ce processus officiel prend un certain temps, mais nous sommes convaincus que les travaux en ce sens se dérouleront dans les prochains temps ».