Tristan Guimont-Phu : l’entrepreneur nageur
Tristan Guimont-Phu, à 16 ans, a eu l’idée de proposer ses services de moniteur de natation à domicile cet été. Très vite il a affiché complet.
Prenez une ville d’environ 17 000 citoyens sans piscine municipale. Comptez parmis la population 3360 enfants âgés de 0-14 ans (selon les derniers chiffres du recensement). Regardez cette ville par image satellitaire pour constater que les piscines privées y pululent. Si vous avez dans vos compétences les certifications de moniteur de natation et de sauveteur national, que pourriez-vous faire si vous avez 16 ans et que vous vivez à Saint-Basile-le-Grand cet été?
Voilà l’équation qu’a souhaité résoudre Tristan Guimont-Phu, un élève de secondaire 5 au collège Trinité qui, cet été, sera maître nageur à domicile.
La solution il l’a trouvé rapidement. « Il est devenu un jeune entrepreneur local cet été en offrant des cours de natation à domicile à des jeunes à Saint-Basile-le-Grand », nous raconte sa mère Annie Phu qui l’aide fortement dans ses démarches. « À 16 ans, on ne pense pas forcément au côté légal de la chose. Alors j’ai contacté la Société de sauvetage, Revenu Québec, un expert comptable pour que tout soit fait dans les règles. Sans oublier mes assurances. »
« Je préfère enseigner la natation, ce que ne fait pas un sauveteur sur le bord d’un bassin, et puis il n’y a pas de piscine municipale à Saint-Basile pour apprendre à nager. » – Tristan Guimont-Phu
4 jours semaine
C’est donc à vélo, son seul moyen de locomotion, que Tristan se déplace d’un cours à l’autre, en pédalant de maison en maison dans la ville. « Je ne m’attendais pas à cette popularité. Actuellement, tous les cours sont pris pour l’été et il y a une liste d’attente. Il faut dire que sans piscine municipale à Chambly la demande est énorme », indique au journal le jeune entrepreneur. Sa clientèle est pour la plupart des enfants qui ne savent pas nager « à deux tiers et à un tiers sont des jeunes qui veulent améliorer leur technique. »
Côté cours, de 11 h à 19 h, chaque jour, quatre jours par semaine, il partage son savoir de la nage pendant 30 minutes. « Chacun des cours coûte de 40 $ à 65 $ en fonction du nombre d’enfants. L’enseignement peut être individuel ou collectif. Pour des raisons financières, des parents se regroupent pour proposer des cours à leurs enfants chez un voisin. Tristan peut avoir jusqu’à quatre enfants », d’indiquer sa « maman secrétaire » comme elle se surnomme. Tristan n’a pas le temps de gérer le côté administratif de son initiative. « J’ai bien trop de cours », explique-t-il.
Prévenir la noyade
Mais au delà des gains que fera Tristan pour cet été de travail, sa mission est aussi d’apprendre à nager à des enfants, en prévention de la noyade. « Je veux rendre accessible des cours de natation aux enfants de Saint-Basile-le-Grand avec un moniteur certifié qui enseigne le programme Nager pour la vie de la Société de sauvetage, reconnu à travers le Canada. Cela me permettra de contribuer à réduire les risques de noyade au sein de ma communauté », explique-t-il.
« Pendant l’année je suis sauveteur à la piscine de Brossard. J’aurais pu l’être cet été, car ce n’est pas les postes qui manquent, mais je préfère enseigner la natation, ce que ne fait pas un sauveteur sur le bord d’un bassin, et puis il n’y a pas de piscine municipale à Saint-Basile pour apprendre à nager. »
Aide de la Ville?
Depuis plusieurs années, la Ville de Saint-Basile tente de trouver des solutions pour combler ce manque aux citoyens de ne pas avoir de piscine publique sur son territoire. Des ententes sont passées avec les Villes voisines, mais les Grandbasillois ne sont jamais prioritaire dans les réservations et les cours de natation. La mère de Tristan a d’ailleurs contacté son élue de district Laurie Line Lallemand Raymond, pour savoir si la Ville pouvait encourager l’initiative de son fils qui venait combler un manque à Saint-Basile. Tristan à d’aileurs écrit une lettre au maire et à plusieurs conseillers afin d’inviter le conseil municipal à envisager l’idée d’un remboursement partiel de ses cours aux parents qui le demanderaient. On peut y lire « La Ville de Saint-Basile-le-Grand offre un remboursement pour les cours de natation, soit la moitié entre le prix résident et non-résident, avec un montant maximal de 45 $. J’aimerais savoir si vous accepterez de rembourser une partie de la facture des parents qui s’inscrivent avec moi. Ça sera super si les parents pourraient soumettre leur facture (comme Beloeil et Chambly) et recevoir une aide financière. »
Une demande qu’appuie l’élue du quartier. « Je trouve l’idée intéressante vue l’offre du service. Moi-même j’ai inscrit mes enfants dans les villes voisines pour qu’ils apprennent à nager, car c’est pour moi quelque chose qui n’était pas négociable pour leur sécurité. Parfois, je n’ai pas eu de disponibilité de cours pour mes enfants, car Saint-Basile n’est pas prioritaire. Ce n’est pas souvent à la Ville qu’on a des demandes de la sorte surtout venant d’un adolescent. Bien évidemment la question sera étudiée et je ne peux pas me prononcer au nom du conseil, mais j’encourage à 100 % ce genre d’initiative. Il y a beaucoup trop de noyades dans les piscines résidentielles. Il est important que nos jeunes apprennent à nager.»
L’an prochain, Tristan pourrait avoir l’aide de sa petite soeur qui, à 14 ans, attend sa quinzième année pour finir ses certifications en natation pour peut-être suivre le chemin que son grand frère aura tracé.