Maladie de Lyme : surveillez vos enfants

À sa connaissance, Caroline Blais n’a jamais été piquée par une tique porteuse de la maladie de Lyme. Mais son fils de 7 ans n’a pas eu cette chance. Voici son histoire.
Caroline Blais souhaite sensibiliser la population sur les risques de la maladie de Lyme. Selon la Montarvilloise, il s’agit d’un problème de santé publique, car, notamment, il y a une méconnaissance des risques, des symptômes, des dangers. « Mon objectif est de faire connaître la maladie. Il y a des précautions à prendre parce que le problème est endémique. C’est partout », explique en entrevue Caroline Blais. Son garçon a été piqué par une tique l’été dernier. Il a contracté la maladie de Lyme dans les semaines qui ont suivi. « Ça n’a pas été une mince affaire! » lance la jeune femme.

Une tique retirée

Lors de la fin de semaine de la fête du Canada, la famille de Caroline Blais et des amis ont passé un week-end de cyclo-camping dans le parc national de la Yamaska. À la fin de chaque journée, les parents, conscients de la présence de l’insecte dans les bois, inspectaient les enfants, à la recherche de tiques sur leur corps. « Nous avons été sensibilisés au problème grâce à la campagne de la santé publique et aussi parce qu’il y a des affiches dans le parc du mont Saint-Bruno qui demandent de faire attention », de raconter Mme Blais. Dans le parc de la Yamaska, ils ont retiré une tique à l’aide d’une pince sur l’un des copains de son fils : « Nous l’avons conservée et envoyée pour analyse. » Immédiatement après cet évènement, ils ont inspecté tous les enfants du groupe pour s’assurer qu’aucun autre ne portait une tique. Ce n’est qu’en décembre qu’il a été confirmé que la tique était porteuse de la bactérie [Borrelia burgdorferi]. Heureusement, celle-ci avait été retirée en dedans de 24 heures, ce qui élimine les risques. « Nous avons informé un agent du parc de la Yamaska et on nous a répondu qu’il y avait beaucoup de tiques dans le parc, que ça arrivait souvent. »
Il faut savoir que le parc de la Yamaska a été identifié par l’Institut national de santé publique du Québec, la Direction de la santé publique de l’Estrie et la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal comme un site de surveillance au sein du Programme national de surveillance intégrée de la maladie de Lyme du ministère de la Santé et des Services sociaux. Une équipe de la Faculté de médecine vétérinaire de l’UdeM y réalise des collectes sur le terrain depuis 2015.

« Mon objectif est de faire connaître la maladie. » – Caroline Blais

Saint-Bruno est considérée comme un endroit à risque modéré, c’est-à-dire où les trois stades de la tique (larve, nymphe, adulte) ont été identifiés par des activités de surveillance active et qu’au moins une nymphe était infectée par la bactérie. Pour sa part, Sainte-Julie est une municipalité à risque possible, où la présence des tiques dans l’environnement est présumée, étant donné les résultats de la surveillance passive.

Une fièvre à 40 °C

La fièvre est arrivée le 8 juillet. Une température de 40 °C. Le garçon est amené chez le médecin trois jours plus tard, alors que la fièvre se poursuit. « Je n’avais jamais vu mon fils dans un tel état. À ce moment-là, je ne suppose pas la maladie de Lyme. Je lui donnais du Tylenol et de l’Advil à doses maximales », souligne Caroline Blais. Chez le médecin de famille, elle mentionne la tique retirée sur le copain. La docteure diagnostique que le patient ne présente aucun autre symptôme que la fièvre et soupçonne qu’il couve un virus.
La famille Blais, ce sont des gens de plein air et la fin de semaine suivante, un séjour de canot-camping est prévu. Pendant ce temps, la fièvre du gamin est plus légère et intermittente. « Son état général se dégradait. Je ne reconnaissais plus mon garçon. Il était toujours fatigué, irritable. Ne pas le connaître, j’aurais pensé qu’il était dépressif », poursuit la maman.
À leur retour, l’enfant ne va pas mieux, la fièvre perdure depuis près de trois semaines et la famille décide de passer par l’urgence de l’hôpital de Montréal pour enfants. « Des plaques rouges avaient apparu sur son corps. Je soupçonnais Lyme ou une autre “gogosse” attrapée dans les bois. » De son côté, l’étudiante en médecine de l’Hôpital de Montréal pour enfants parle de plusieurs épisodes viraux. Quant aux plaques rouges, elle soupçonne l’urticaire. « Je n’achètais pas cette idée! »
Au début du mois d’août, la famille quitte la province pour des vacances en Ontario. Mais en même temps, l’état du jeune ne s’améliore pas. Il n’est pas lui-même. « Il fait moins de fièvre, mais il se plaint de douleurs. Il souffre d’hypersensibilité aux sons et il fabule. Il n’a toujours pas d’énergie. Clairement, il ne va pas mieux. Puis un matin, il se réveille avec une paralysie faciale. » L’inquiétude monte d’un cran!
La consultation en clinique se déroule en Ontario. Mme Blais mentionne à la pédiatre de garde tous les symptômes des derniers jours, la tique retirée au copain, le risque de la maladie de Lyme au parc de la Yamaska… « Elle a fait passer un électrocardiogramme à mon fils, un test sanguin, puis il a pris des antibiotiques pendant quatre semaines parce qu’il était rendu au stade 2 de la maladie de Lyme. »
Ce n’est que deux ou trois autres semaines après la prise des antibiotiques que l’état de l’enfant est revenu à la normale. « Ça n’a pas été un bel été », se rappelle-t-elle. Aujourd’hui, la famille hésite à voyager, à partir en vacances. Tout le monde est à l’affût de la moindre douleur musculaire chez le petit. « Est-ce que la bactérie est complètement disparue? Seul le temps nous le dira. » En attendant, son fils garde quelques séquelles : une joue insensible et une très légère asymétrie du visage.

Trois stades à la maladie

La fièvre, les douleurs articulaires, l’apparition de plaques sur le corps (réaction du système immunitaire qui lutte contre la bactérie) sont des signes du stade 1. L’atteinte neurologique, d’où la paralysie faciale du garçon, identifie le stade 2; la bactérie s’est propagée dans le corps. Enfin, lorsque la maladie atteint les organes, dont le cœur et les viscères, l’infection devient plus grave et il y a risque de décès. C’est le dernier stade. « Je crois que mon fils n’a jamais réalisé ce qu’il avait et ce que ça voulait dire. Il se sentait malade, faisait de la fièvre, mais pour lui, c’était anodin. Il avait la “maladie de la Lyme”. Il n’a pas réagit comme un adulte, observe la Montarvilloise. Mais il faut prendre des mesures de prévention. Éventuellement, j’espère qu’un vaccin sera créé, car c’est une bactérie. » Mais d’ici là, elle conseille à chacun de vérifier son corps après chaque sortie dans les bois, mais aussi dans les herbes hautes, et de se munir d’une pince à tiques. « Si vous retirez une tique qui a passé plus de 24 heures sur vous, consultez un médecin en cas de fièvre. »

QUESTION AUX LECTEURS :

Craignez-vous de vous promener dans les bois en raison de la présence possible de la tique?