S’ouvrir et demander de l’aide

Mauvaise gestion du stress, situation familiale difficile, perfectionnisme, complexes physiques, exigence envers soi… toutes sortes de raisons poussent une personne à vivre des troubles alimentaires. Les deux jeunes femmes qui ont accepté de témoigner de leur expérience au journal en viennent à la même conclusion : il ne faut pas avoir peur de s’ouvrir aux autres et de demander de l’aide.

Mélissa Chouinard, 29 ans, a vécu cinq ans avec l’anorexie. Les premiers symptômes de la maladie sont apparus alors qu’elle avait 12 ans. Il lui aura fallu plusieurs séjours au département psychiatrique de l’hôpital Sainte-Justine pour s’en sortir. « Je ne réalisais pas que j’étais malade. J’étais très bornée. Je ne voulais rien savoir de me faire aider. Lors de ma dernière hospitalisation, les médecins ont dû m’enfermer dans ma chambre quelques jours pour que je réfléchisse à mes problèmes, aux conséquences de mes actes, et réalise une fois pour toutes que j’avais besoin d’aide, de raconter Mélissa. Depuis ce jour, tout va très bien. J’ai de bons outils entre les mains pour éviter de rechuter ».

La mauvaise gestion de son stress et le désir de projeter une image parfaite ont été les points déclencheurs de la maladie. « À un moment donné, mon côté perfectionniste était rendu maladif et, inconsciemment, je diminuais mes portions, je perdais beaucoup de poids et devenais de plus en plus agressive avec mon entourage », d’ajouter celle qui, à une grandeur de cinq pieds, est descendue jusqu’à 70 livres.

Avec le recul aujourd’hui, Mélissa avoue être sortie grandie de cette expérience; expérience qu’elle revivrait demain matin. « Longtemps, je me suis fait demander si je n’avais pas l’impression d’avoir perdu des mois de ma vie alors que j’étais à l’hôpital sans voir mes amis, sans pouvoir aller à l’école. Au contraire, ç’a été une belle expérience, j’ai appris beaucoup de choses sur moi-même, sur les autres et sur les rapports humains qui sont aujourd’hui très importants dans ma vie. Je sors gagnante de cette expérience. »

De son côté, Marie-Claude Belzile a connu un épisode d’anorexie de cinq ans, suivi de trois ans de boulimie. Elle aussi a été diagnostiquée au début de l’adolescence. Pendant un an, elle a arrêté l’école pour se consacrer à sa guérison, qui l’obligeait à fréquenter l’hôpital quatre fois par semaine.

« Beaucoup de causes ont déclenché ma maladie : les problèmes familiaux, ma mauvaise gestion du stress et l’énorme peine que j’ai ressentie à m’éloigner de ma meilleure amie, de confier Marie-Claude, 25 ans. En l’espace d’un été, j’ai perdu énormément de poids. Ma famille s’inquiétait, mais croyait en ma bonne parole. Ce sont mes professeurs qui ont posé le premier geste et ont appelé mes parents, qui m’ont amenée à l’hôpital. »

Au cours de ces huit années, Marie-Claude a rechuté plusieurs fois, mais elle ne s’est pas découragée pour autant. Aujourd’hui, cela fait un an qu’elle contrôle bien la situation, ce qui la rend d’autant plus fière d’elle. « Je ne veux pas oublier cette période de ma vie; elle fait de moi celle que je suis aujourd’hui, plus forte. Il y a quelques mois, j’ai vécu une séparation amoureuse. J’étais persuadée que j’allais rechuter, mais non. Je me suis prise en main et j’ai survécu. »

Depuis quelques mois, Mélissa et Marie-Claude témoignent de leur vécu par l’intermédiaire de l’organisme Anorexie et boulimie Québec. Aujourd’hui, elles sourient à la vie et tendent la main à ceux et celles qui en ont besoin.

 

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