Serge Dessureault, le K2, prise 2
Deux ans après une première tentative infructueuse
Deux ans après une première tentative qui s’est avérée vaine, le Montarvillois Serge Dessureault tentera à nouveau d’atteindre le sommet du K2. Le départ est prévu le 8 juin.
Contrairement au mont Everest, le K2 représente une montée plus technique, de nombreuses parois verticales, des corridors étroits, des risques d’avalanche, une météo imprévisible, une montagne difficile d’accès, qu’on surnomme tantôt « montagne sauvage », tantôt « montagne sans pitié » et même « montagne meurtrière ». Serge Dessureault sait tout cela parce qu’il est prêt, autant mentalement que physiquement, à la gravir, encore une fois. Il l’était en 2016, mais il a été freiné par la nature.
« J’aime terminer ce que j’entreprends. » – Serge Dessureault
Quelle est la différence cette fois? « Je m’en vais là-bas avec plus de contrôle, sur ce qui m’attend et sur mes émotions. Je n’ai aucune crainte. Je me concentre uniquement sur la raison première de mon expédition, soit celle de grimper une montagne », raconte Serge Dessureault, en entrevue avec Les Versants.
Un habitué des aventures en haute altitude, M. Dessureault admet qu’en 2016, il nageait en terrain inconnu : insécurité, nouvelle expédition, appréhensions face au Pakistan… « Toutes des peurs inutiles qui me drainaient de l’énergie, qui me stressaient. Cette fois, je sens que je suis en maîtrise de ce qui s’en vient. Je suis beaucoup moins nerveux. »
Des appréhensions qui ne se sont finalement jamais avérées. De sa première visite, le globe-trotteur retient la belle surprise qu’il a eue à côtoyer le Pakistan et son peuple chaleureux. « Je m’en allais là-bas avec mon sac à dos plein de préjugés, mais j’en suis reparti complètement différent. Une belle découverte », résumait-il à son retour.
Cette fois, les commentaires des gens qui l’entourent sont différents, également; plus positifs, plus encourageants, contrairement à ceux d’il y a deux ans : « Ça change l’énergie. Je me sens plus zen. Psychologiquement, c’est mieux. »
Il sera accompagné notamment par Benoît Lamoureux, qui était avec lui sur le K2 lors du premier périple, Nathalie Fortin et Maurice Beauséjour, avec qui il a atteint le sommet du mont Everest en 2007.
Pour maximiser toutes ses chances de réussite, le Montarvillois s’entoure dans cette aventure de sherpas pakistanais, plutôt que ceux du Népal, comme la première fois. « Je les ai vus travailler. Ils sont dévoués à leur montagne. J’ai senti leur très grand bonheur et désir d’atteindre ce sommet dans leur pays, comme une grande fierté! Personnellement, j’ai le sentiment de faire le meilleur choix pour le K2. »
La nature a le dernier mot
En 2016, lors de l’ascension du K2, Serge Dessureault et les grimpeurs qui l’accompagnaient sur la montagne avaient décidé de rebrousser chemin en raison d’une avalanche survenue à la suite d’une tempête. La nature avait eu le dessus sur l’homme. Serge Dessureault était alors à quelque 1 851 mètres de son objectif, de son rêve. Moins que 2 km.
Considérée comme l’une des plus belles marches en montagne au monde, la route jusqu’au camp de base du K2 est un défi humain en soi : une longue marche d’approche de 100 km avant d’en commencer le véritable assaut. Selon le principal intéressé, l’expédition vers le sommet peut prendre près de deux mois, soit 8 611 m plus haut. C’est aussi 200 m de moins que l’Everest (8 848 m).
Lorsqu’il a fait demi-tour en raison de l’avalanche et parce qu’il avait promis à sa famille qu’il ne prendrait pas de risques, qu’il reviendrait à la maison sain et sauf, Serge Dessureault était au camp n° 2, à 6 760 m d’altitude.
Malgré toute sa bonne volonté et une préparation physique et mentale de haut niveau pour l’aventure qui l’attend, le capitaine des pompiers de la caserne 19, à Montréal, sait qu’il ne pourra pas s’élever contre la nature si celle-ci décidait d’intervenir à nouveau. « La météo et tomber malade sur la montagne, c’est tout ce que je ne peux pas contrôler… Sinon, à part ces deux impondérables, j’ai confiance d’être en maîtrise de ce qui s’en vient. »
Le financement plus ardu que le sommet
Et si jamais c’était le cas? Qu’encore une fois, le groupe devait faire demi-tour, que le projet n’aboutisse pas, peu importe la raison. Songera-t-il à une troisième tentative? « J’aime terminer ce que j’entreprends », se contente-t-il de répondre. Ce qui lui tenterait moins, par contre, c’est de retourner en période de financement. Car selon lui, ce travail de recherche de commanditaires est plus difficile et complexe que de grimper au sommet d’une montagne. « Je n’ai pas envie de me rembarquer dans cette démarche. »
Le père de deux filles se dit prêt à retourner sur le K2 parce que le défi de la montagne l’attire. Historiquement, le projet est intéressant aussi. Il faut rappeler qu’aucun Québécois n’a encore atteint son sommet. Le challenge physique est également invitant pour cet athlète d’endurance. C’est à l’été de ses 50 ans, en 2014, que l’adepte de courses extrêmes s’est mis en tête de gravir le K2. Un rêve qu’il n’est pas près d’abandonner. « C’est depuis que j’ai réussi l’Everest que j’y songe, que j’essaie de me conditionner à, un jour, me rendre au plus haut point du K2. À l’été de mes 50 ans, j’ai pris ma décision », de conclure M. Dessureault, qui est commandité entre autres par Northman Aventures.
QUESTION AUX LECTEURS :
Prenez-vous tous les moyens nécessaires pour réaliser vos rêves?