Secteur des Promenades : qu’est-ce qu’un écoquartier?
En février dernier, le projet de l’écoquartier du secteur des Promenades a obtenu, du conseil municipal, les autorisations nécessaires pour aller de l’avant. Aléjandra De La Cruz Boulianne, directrice de l’aménagement du territoire et urbanisme pour l’organisme Vivre en Ville, et Guillaume Lessard, professeur invité à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal, ont répondu aux questions du journal pour définir ce milieu de vie.
À terme, le projet devrait compter 4700 logements, dont 125 sociaux. Parmi ceux-ci, 10 % seront abordables. On y prévoit des stationnements souterrains et un réseau technique urbain entièrement enfoui. L’accès aux transports collectifs devrait y être facilité et des pistes cyclables sont envisagées. Un terrain sera mis de côté pour la construction éventuelle d’une école. Les travaux s’étendront sur 15 ans.
Guillaume Lessard explique qu’il n’existe pas qu’une seule définition à ce type de milieu de vie. « Deux dimensions peuvent guider les instances compétentes dans un tel projet, soit le volet social et le volet technique », mentionne le professeur.
Vivre en Ville, via le site Internet Objectif écoquartier, a publié une liste exhaustive de principes pour guider les parties prenantes de ce genre de développement. « Un écoquartier, c’est beaucoup de choses », décrit la spécialiste. « Il s’agit d’un milieu de vie complet qui se démarque par son exemplarité inspirante en raison des réponses structurantes qu’il offre à la fois aux défis collectifs et aux besoins des individus. » Pour Mme De La Cruz Boulianne, « l’objectif, c’est d’aller plus loin que ce que l’on fait déjà ».
« On veut créer une communauté qui est durable, où les résidents pourront subvenir à la majorité de leurs besoins en transport collectif ou en mobilité active », décrit M. Lessard
Quatre échelles
De son côté, Aléjandra De La Cruz Boulianne explique qu’un écoquartier doit s’intégrer au reste de la ville. « Il ne faut pas que le projet soit isolé dans la nature, ni enclavé et destiné à une population privilégiée ni dépendante de la voiture », mentionne-t-elle. Pour y arriver, Vivre en Ville suggère qu’il y ait une incidence positive à l’échelle de la ville, du quartier, de la rue et du bâtiment.
« Il faut protéger et mettre en valeur les milieux naturels et agricoles », mentionne la directrice de l’aménagement.
À l’échelle du quartier, le milieu de vie doit être dense, compact et attrayant. Il doit offrir des constructions résidentielles diversifiées, une vie de communauté et de multiples activités. Une densification réfléchie dans un plan d’aménagement peut être très bénéfique pour les citoyens. « Il peut y avoir une meilleure optimisation des commerces, des services et du transport collectif », mentionne M. Lessard.
Le professeur énumère quelques exemples jugés pertinents pour répondre aux besoins des résidents, tels que les CPE, les épiceries et les écoles. Lors de la construction du quartier de Griffintown, à Montréal, aucun espace n’a été préservé ou réfléchi pour accueillir une école. « Aujourd’hui, les jeunes doivent prendre l’autobus scolaire vers le quartier voisin, la Petite-Bourgogne », donne l’expert à titre d’exemple.
À l’échelle de la rue, l’objectif est de réduire la circulation et d’optimiser le stationnement, en plus de développer des aménagements cyclables et piétonniers sécuritaires. Au chapitre du bâtiment, l’adaptation et la résilience, ainsi que la sobriété énergétique, sont importantes dans un écoquartier.
Efficacité énergétique
« Il y existe une multitude de mesures techniques, comme l’efficacité énergétique d’un bâtiment, la proportion des espaces verts, le nombre de bornes de recharge électrique ou l’installation d’un réseau d’accumulation des eaux de pluie à des fins d’arrosage », énumère le professeur.
Ailleurs au Québec, certains écoquartiers n’ont pas mené à terme toutes les réalisations avancées lors de la proposition du projet. « C’est souvent dans le volet commercial où les promoteurs vont diverger de ce qui était annoncé au préalable », mentionne Mme De La Cruz Boulianne. Pour Guillaume Lessard, la présentation d’un projet peut en dire beaucoup sur ce qui aboutira. « C’est le vocabulaire qui nous dira si un point est matière à modification ou non. »
Le succès d’un projet ne peut s’évaluer à partir des plans et des intentions de départ. C’est aux résultats, y compris ceux à long terme, que l’on juge de la qualité d’un écoquartier.
Tous les projets immobiliers qui se définissent comme des écoquartiers ne le sont pas forcément, comme le précise Aléjandra De La Cruz Boulianne. L’inverse est aussi vrai. « Nous avons déjà vu des quartiers qui répondaient à l’ensemble de nos principes sans que le concept d’écoquartier y soit mentionné », affirme la directrice de l’aménagement du territoire.