Sainte-Julie: un secret bien gardé
De son aménagement peu commun, mais discret par son emplacement, le 630, montée Sainte-Julie est un secret bien gardé auquel font appel les photographes pour y organiser leurs séances.
De la façade, on ne devinerait pas ce qui se cache dans la cour arrière du 630, montée Sainte-Julie. En franchissant l’allée où se stationnent les voitures, on atterrit dans un genre d’espace parallèle insoupçonné de jardins luxuriants, reconnus par des photographes qui y écoulent leurs séances. « C’est toujours une surprise. Tout le monde ne pense pas qu’il y a ça derrière. C’est ce qui fait la magie », considère Marjolaine Constantin, propriétaire du lieu depuis environ quatre ans.
Elle a acheté d’un ancien photographe qui y vivait depuis une quarantaine d’années. L’espace éblouit. Mme Constantin soutient que le défi réside en son entretien. Elle gère l’entièreté du paysagement, entre son travail chez Groupe BMR et être mère de deux enfants, avec son mari. « Ça reste un hobby, aussi », nuance celle qui y consacre bon nombre d’heures.
Trouver sa niche
Ses premières années ont été exploratoires. Le spectre des possibilités était large. Mariages, activités culturelles et séances de photographie se sont succédé. Si elle pensait exploiter davantage le créneau des mariages, l’utilisation à des fins photographiques a pris le dessus.
À travers l’univers de la photographie, elle accueille particulièrement les amants de la costumade (cosplay). L’activité consiste à imiter des personnages de fiction en portant des costumes et en reproduisant leurs coiffures et maquillages. Environ 75 % de sa clientèle se situe dans cette niche. La Chronique des Bridgerton, une série populaire qui se déroule dans la haute société londonienne du début des années 1800, avait le vent dans les voiles. Parallèlement, Carmen Valentina Estrada, une cosplayer réputée sur les réseaux sociaux, a publié une photo d’elle avec une tenue de cette époque. « J’ai commenté » T’as vraiment une belle robe, j’ai vraiment un beau jardin, on se fait un p’tit deal si tu viens faire un tour « », raconte en souriant l’entrepreneure.
Il n’en fallait pas moins pour que l’artiste se présente et publie une photo dans une revue de cette thématique. Cette action a contribué à l’essor du lieu.
Au mois de mai, sa saison débute. Elle se boucle au plus tard en octobre. Les plages horaires de location se remplissent aisément. « Je n’ai presque plus besoin de faire de grosses promos. Le bouche-à-oreille fait vraiment la job. Je n’ai plus besoin de rien forcer », remarque la principale intéressée. Son lieu a reçu la certification » Jardin pour la biodiversité « du Jardin botanique de Montréal.
Pour ce faire, elle doit respecter trois critères : présenter des plantations diversifiées, être composé de végétaux en fleurs et/ou en fruits tout au long de la saison qui attirent et nourrissent les pollinisateurs, oiseaux et/ou petits mammifères et être entretenu de manière respectueuse de la biodiversité en suivant les principes de base du jardinage écologique.
En recherche d’identité
« Je suis comme dans la zone floue », mentionne Mme Constantin quant à l’identité de son lieu. Une entreprise est sur le terrain de la propriétaire, alors qu’une chocolaterie lui loue l’espace. « J’ai un lieu et résidentiel, et commercial, avec des voisins résidentiels. La Ville ne sait pas trop dans quelle case me mettre », fait-elle savoir. Elle chiffre que l’endroit est identifié à 60 % commercial pour 40 % résidentiel.
Pour ajouter à la complexité, le lieu fait partie du Répertoire du patrimoine culturel du Québec. La demeure était sur le marché de la vente depuis environ sept ans. Du moment où la propriétaire a déposé son offre d’achat jusqu’à la conclusion de la transaction, il aura fallu quatre mois. « J’ai approché huit banques. Elles avaient toutes sortes de forfaits/programmes qui ne cadraient pas avec notre réalité. C’était toute une aventure d’acheter ici », convient-elle en riant.
Traces d’histoire
Selon ce qu’indique le Ministère de la Culture et des Communications (MCC), la résidence a été construite entre 1858 et 1861 par le marchand Léon Malo. Une partie de la maison hébergeait le marchand et la seconde moitié logeait le magasin général. « La maison a subi un agrandissement, ce qui aurait probablement transformé la pente du toit », écrit le MCC. Le Ministère indique que la maison a conservé quelques composants traditionnels ou d’origine, tels que son revêtement en planches de bois horizontales, certaines portes et fenêtres de bois dotées de chambranles, une galerie ornée de colonnes ouvragées et d’aisseliers, ce qui lui confère un bon degré d’authenticité.