Sainte-Julie: l’atelier de Stéphanie Delisle en plein cœur de la ville

L’artiste peintre Stéphanie Delisle a la chance d’avoir son atelier à quelques pas de chez elle, dans le cœur de la ville de Sainte-Julie, depuis bientôt 11 ans. 

Pendant la saison estivale, les portes françaises de l’atelier de Stéphanie sont parfois laissées ouvertes et de la musique résonne jusqu’à la rue. Elle y accueille les passants tandis qu’elle peint dans ce grand espace lumineux.

« Si j’avais rêvé de l’atelier parfait, je n’aurais pas pu l’imaginer autrement », confie Stéphanie. C’est grâce à Johanne Côté, une autre artiste, qu’elle a pu dénicher ce lieu. Au début des années 2000, alors que son fils n’était âgé que de trois ans, l’artiste peintre travaillait au Bistro Saint-Joseph, qui est devenu la crèmerie Roberval, à Sainte-Julie. Johanne Côté était à la fois la propriétaire du restaurant et du bâtiment. Elle se cherchait un locataire pour un appartement au-dessus du bistro, une occasion que l’artiste a saisie sans même visiter le logement.

Quelques années plus tard, Johanne acquiert une résidence près de son bistro. Elle transforme le garage pour en faire son propre atelier. Une fois de plus, elle contacte Stéphanie, à la recherche d’un locataire pour cet atelier. Sans hésitation, c’est Stéphanie qui s’y installe. Onze ans plus tard, l’artiste continue de créer dans ce lieu qui lui offre une liberté indescriptible. « J’ai un tattoo le long du sternum avec les coordonnées géographiques de mon atelier. Même si, un jour, je n’y travaille plus, ce lieu restera toujours spécial pour moi », décrit-elle.

« Si j’avais rêvé de l’atelier parfait, je n’aurais pas pu l’imaginer autrement. » – Stéphanie Delisle

Sa plus grande admiratrice

La relation qu’elle entretient avec Mme Côté n’est pas la seule à avoir contribué à faire de Stéphanie l’artiste qu’elle est aujourd’hui. Depuis qu’elle tient un crayon, elle est passionnée par les arts. C’est en partie grâce à sa maman, décédée aujourd’hui. Quand l’artiste était adolescente, celle qu’elle décrit comme étant sa plus grande admiratrice lui a permis de dessiner sur tous les murs de sa chambre au crayon feutre. « Ma mère était toujours émerveillée par ce qui émanait de mon imagination et de ma tête. »

Originaire d’un petit village

Stéphanie est originaire de Thetford Mines. C’est Nicole Fillion, son enseignante en arts plastiques, qui lui a fait découvrir de multiples styles. L’artiste reconnaît toujours l’influence significative de cette personne dans sa vie. Elle se souvient d’avoir été bouleversée par son attitude envers elle : « Je me demandais pourquoi elle ne m’aimait pas et pourquoi elle était aussi sévère avec moi. Elle m’a répondu » Stéphanie, je sais que tu es capable de plus que ce que tu me donnes » », explique-t-elle. Nicole Fillion a contribué à orienter son choix de carrière. Après le décès de son enseignante, la famille lui a commandé une toile en lui donnant carte blanche. « C’est un honneur pour moi. C’est stressant. Quand tu peins avec ton cœur, tu ne peux pas te tromper. »

L’artiste, connue pour ses œuvres figuratives, ne se met pas la barrière du réalisme. « Ma réalité, c’est ce qui passe à travers de moi et qui sort au bout de mes mains. Si, dans ma tête, ça se peut, c’est ma réalité », explique-t-elle. L’artiste peint aussi des animaux, qui viennent chercher son côté masculin, puis elle expose de plus en plus son art abstrait. « L’abstrait et le figuratif finissent par se confondre dans mes toiles. »

Les femmes peintes dans ses toiles viennent de l’enfance. Inspirée à l’âge de huit ans par les mangas et le capitaine Albator, un pirate de l’espace accompagné par des femmes presque sans visage, elle a pris plaisir à les reproduire. « Ces personnages ont évolué avec moi, au fil des ans, dans mon art. » Le choix de peindre des femmes n’est pas anodin. La féminité est très importante pour l’artiste. « Être une femme, pour moi, est un immense privilège! »

Du café l’Allongé à Paris

L’artiste a commencé à exposer au café l’Allongé, à Thetford Mines. Le premier symposium auquel elle a participé est celui de Sainte-Julie, lors d’une de ses premières éditions. Puis, elle a participé à celui de Bromont, où Guy Bourget lui a fait connaître le monde des galeries. Un milieu dans lequel elle a travaillé plusieurs années, soit à Montréal ou à Québec.

Tout au long de cette période, Stéphanie s’est liée d’amitié avec Anne Drouin, fondatrice du Symposium de Sainte-Julie. Grâce à elle, plusieurs occasions se sont présentées à Stéphanie, dont une exposition à Paris. « C’est la plus belle exposition que j’ai faite dans ma vie! » La galerie s’appelait « Art’ et miss », en référence à la déesse Artémis. Seules des femmes exposaient là-bas. Ses toiles y ont été étalées pendant un an et demi.

Plus récemment, Anne lui a offert la possibilité de reprendre les expositions, chose qu’elle n’avait pas faite depuis plusieurs années. « Elle avait déjà accepté à ma place d’être l’artiste invitée à l’exposition de l’AAPARS, en avril, avant que je ne confirme mon intérêt », comme elle le souligne en riant. L’artiste s’investit actuellement dans la création des œuvres qu’elle présentera lors de l’exposition des 5 et 6 avril prochains, à La Prairie.

C’est grâce à sa participation aux Journées de la culture, à Sainte-Julie l’automne dernier, que la peintre a eu envie de dévoiler à nouveau ses toiles au public. « En trois jours, j’ai eu le privilège de rencontrer plus de 200 personnes qui ont pris le temps de s’arrêter pour découvrir mon atelier. Gilbert Lachance, mon amoureux et un pianiste talentueux, s’est installé au piano pendant que moi, j’ai peint chaque jour », mentionne-t-elle, très reconnaissante d’avoir échangé avec autant de passants. Elle espère pouvoir revivre cette expérience cette année.