Saint-Bruno : vivre sans son cellulaire au Collège Trinité

Depuis la rentrée scolaire, l’utilisation du cellulaire à l’intérieur du Collège Trinité est interdite. Le journal Les Versants est allé à la rencontre de quelques étudiants pour comprendre comment ils s’adaptent à cette situation. 

« C’est une mesure qui n’a pas été bien accueillie par les élèves », confie Thomas Darche, un finissant de l’école.

Il faut savoir que depuis quelques années, l’utilisation du cellulaire au Collège Trinité était déjà restreinte. Les jeunes avaient la permission d’allumer leur téléphone intelligent uniquement lors de la pause de l’après-midi. Pendant 15 minutes, entre la troisième et la quatrième période, plusieurs avaient les yeux fixés sur l’écran, à répondre à des messages, à regarder des vidéos, à côtoyer les réseaux sociaux. 

Mais depuis septembre, cette exception n’existe plus. Le cellulaire est complètement interdit à l’intérieur de l’école secondaire privée. « Ç’a été mal vu. Surtout pour ceux qui ont l’habitude de l’avoir sur eux, reprend Thomas Darche. Mais assez vite, le monde s’est habitué. »   

Le journal s’est promené dans les couloirs du Collège Trinité pendant la période du midi. Les ados marchaient la tête haute. Ils souriaient, discutaient entre eux, saluaient les gens qu’ils croisaient dans les corridors.  « C’était déjà pas permis. Ce n’est pas un changement drastique », commentent Anouk Arpin et Violette Demers, deux filles de 3e secondaire.  

Lors de notre visite, la trinithèque (bibliothèque) était remplie d’adolescents. Accrochés à leur MacBook, ils étudiaient ou planchaient sur un devoir à remettre. D’autres échangeaient quelques mots avec leur voisin de table.

Les montres intelligentes reliées à un cellulaire, les écouteurs et les jeux vidéo en ligne sont aussi proscrits au Collège Trinité depuis septembre. « Ce n’est pas juste le téléphone. L’utilisation de l’ordinateur a aussi été resserrée, amène Anouk Arpin. Les gars qui jouaient à des jeux vidéo sur leur ordinateur le midi, aujourd’hui, ils jouent à des jeux de cartes! »    

Socialiser

Ce que la règlementation est venue changer, c’est le volet social. « C’est le point positif à cette mesure. Il y a eu une montée du taux de sociabilité et aussi de la participation », admet Thomas.

Au cours des derniers mois, les amitiés et les connaissances se sont accumulées, d’après les deux adolescentes de 14 ans. Le résultat est indirectement lié à l’interdiction du cellulaire, croient-elles. « Au lieu d’être sur leur cellulaire, les gens se parlent, s’intéressent à l’autre. Il y a plus de comités, plus d’activités. Ça bonifie nos relations avec les autres », reconnaît Violette Demers.  

Pour le directeur de niveau – 3e secondaire et responsable de la vie étudiante, Stéphane Larivée, le changement est majeur. « Le climat, l’atmosphère, tout a changé. Les jeunes sont moins réactifs, plus réceptifs. Ils sont plus intéressés à participer aux activités. On le savait que l’enjeu, sur l’heure du midi, serait de les occuper. On rencontre un très haut taux de participation partout, dans les comités, les activités, les gymnases. C’est tangible », décrit M. Larivée.

Le directeur général, Jean-François Guay, est ravi de la tournure des événements. L’objectif avec cette décision, interdire l’utilisation de l’appareil électronique, était d’avoir un effet direct sur la socialisation. « La conclusion, jusqu’à maintenant, est positive. C’est vraiment une réussite sur toute la ligne! » commente celui-ci.   

Depuis, de nouveaux comités ont été créés. Ce qui a amené les membres de ces comités à proposer à leurs camarades de nouveaux événements.

Un enjeu

Toutefois, les trois jeunes que nous avons interrogés s’accordent pour dire que la nouvelle directive contre le cellulaire entraîne toutefois un enjeu à la cafétéria. « Les gens ne viennent pas à l’école sans leur téléphone, mais ils viennent à l’école sans leur carte de débit. Ils ne peuvent plus payer avec leur cellulaire », indique Anouk Arpin, qui souligne que des étudiants se sont plaints de cette pratique, devenue interdite aussi. « Ça a mis des élèves dans le trouble, quelques fois. Même moi, ça m’est arrivé », renchérit le garçon de 16 ans.

Quand cette situation se présente, l’établissement prête des cartes-repas aux élèves qui ont oublié l’accessoire servant à ce mode de paiement. Ils remboursent la somme empruntée ensuite.   

Coup de force

D’après les étudiants, le bannissement du cellulaire a eu un effet sur leur vie sociale et sur leur implication. Mais la fin des jeux vidéo sur leur MacBook a aussi permis un plus grand contrôle.   « La règle du téléphone sans la règle du MacBook n’aurait pas eu le même impact.

Le coup de force est aussi associé à l’ordinateur », lance Anouk . « Consacrer cet outil, le MacBook, uniquement au scolaire, a permis d’avoir l’effet recherché, soit d’améliorer notre vie scolaire », renchérit Violette.