Saint-Bruno: une nouvelle réforme pour le CLSC des Patriotes

En janvier 1995, Saint-Bruno- de-Montarville inaugurait, au 50, chemin De La Rabastalière Est, un immeuble construit en plein centre-ville abritant son CLSC, qui est, encore aujourd’hui, locataire de ce bâtiment.

Si l’obtention de ce point de service pour les citoyens de Saint-Bruno et de Saint-Basile-le-Grand a été le fruit d’une bataille administrative à l’époque, les trente années qui ont succédé ont été marquées par plusieurs réformes du réseau de la santé, affectant de près ou de loin le travail des employés du CLSC des Patriotes – Point de service Saint-Bruno.

Le 9 décembre 2023, le gouvernement a adopté le projet de loi 15 sur la Loi visant à rendre le système de santé et des services sociaux plus efficace, et la création de Santé Québec a été officiellement amorcée. Geneviève Biron est devenue la présidente et la cheffe de la direction de Santé Québec en avril dernier, mais l’agence est entrée en vigueur le 1er décembre dernier.

Plusieurs réformes

Le CLSC de Saint-Bruno aura connu plusieurs réformes en près de trente années d’existence et pour les membres affiliés à l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Santé Québec, ce « n’est pas un cadeau », mentionne Joëlle Lavoie-Vigeant, représentante nationale pour l’APTS en Montérégie-Est.

« L’effet de ces réformes-là, sur les travailleuses principalement, c’est une centralisation et une standardisation des pratiques. Nos membres le vivent comme une perte de sens par rapport à leur travail. »

Les membres perdent aussi leur sentiment d’appartenance, selon l’analyse que fait Joëlle Lavoie-Vigeant des dernières réformes. « Plus on grossit, plus les travailleurs ont l’impression d’être des numéros. Ce sont déjà d’énormes machines, les CISSS, et l’agence Santé Québec, ce sera encore plus gros. Pour les gens qui ont connu les autres réformes, ils craignent que l’histoire se répète », ajoute-t-elle.

Selon un communiqué du CISSS de la Montérégie-Est, « les équipes demeurent engagées à leur mission : maintenir, améliorer et rétablir la santé et le bien-être de la population en offrant des soins et services de qualité. Cette transition s’effectuera sans impact sur les soins et les services offerts aux usagers ».

Préoccupations des membres

Si les effets ne sont pas connus pour le moment, la représentante syndicale explique que les préoccupations des membres sont exprimées. « Nos salariés, leur principale préoccupation, c’est le service à la population. Avec cette centralisation-là, sera-t-on en mesure de donner des services de qualité à la population? C’est la question la plus marquante pour nos membres. »

Selon les informations que Mme Lavoie-Vigeant possède, tous les gestionnaires doivent trouver des manières d’économiser de l’argent. « On le voit de plus en plus, des annonces où l’on nivelle vers le bas des services. »

Le syndicat milite, depuis plusieurs années, pour démocratiser et décentraliser notre réseau. Pour lui, la création de Santé Québec va dans le sens inverse de sa volonté. « C’est la plus grosse centralisation des pouvoirs que l’on n’a jamais eue sur le plan de la santé et des services sociaux. »

Adapter les services

La centralisation des pouvoirs est un risque pour la qualité des services, ajoute la représente syndicale. « Il y avait, avant la réforme Barette, des initiatives locales qui fonctionnaient très bien auprès de la population. » Elle craint de voir une standardisation des pratiques à l’échelle du Québec, alors que les réalités régionales sont toutes différentes. « Les enjeux que vit la population à Hochelaga-Maisonneuve ne sont pas les mêmes qu’à Sorel et encore moins ceux de Sept-Îles, explique-t-elle.

Comment peut-on adapter nos services aux besoins plutôt que de tout standardiser et que les gens doivent entrer dans des cases pour avoir des services? », se questionne Mme Lavoie-Vigeant, qui craint que les services soient uniformisés à travers toute la province.

Le CISSS de la Montérégie-Est n’a pas souhaité répondre aux questions du journal Les Versants.

Santé Québec est responsable du réseau de la santé et des services sociaux, rassemblant les 30 établissements, dont le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est, sous une seule organisation.

Cette transformation vise à simplifier les processus, à mieux répondre aux besoins des usagers et à réduire les délais d’attente.