Saint-Bruno : se préparer aux tarifs de Donald Trump

Samedi dernier, le président Donald Trump a décidé d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les produits en provenance du Canada, à l’exception des ressources énergétiques, taxées à 10 %. Des entreprises de Saint-Bruno-de-Montarville, contactées alors que l’annonce n’était pas encore officielle, réagissent à d’éventuels tarifs.   

« L’imposition de tarifs par l’administration du président Trump est très préoccupante et c’est très décevant. Nous avons de très bons partenaires d’affaires aux États-Unis, des partenaires de longue date », exprime le président directeur général de Stelpro à Saint-Bruno, Pierre Huard.

C’est quoi?

Donald Trump est passé de la parole aux actes, samedi, en signant un décret pour mettre en œuvre des tarifs sur les importations canadiennes.

Ces coûts supplémentaires sont entrés en vigueur ce mardi. Parmi les industries ciblées, notons celles de l’acier, de l’aluminium, des semiconducteurs. Les droits de douane pourraient également toucher les produits pharmaceutiques, les puces électroniques et le cuivre.  

Le Groupe Stelpro vend plus de 1,1 million d’appareils de chauffage et 500 000 contrôles électroniques annuellement. Les ventes à des clients américains représentent autour de 10 % de son chiffre d’affaires. L’entreprise livre sur la côte est américaine, dans les États limitrophes à la frontière canadienne et dans le Middle West américain.

Les tarifs imposés par le locataire de la Maison-Blanche toucheront aussi l’entreprise Trans-Herb E, à Saint-Bruno. « Nous sommes directement impactés par cette guerre économique, et ce, tant au niveau de nos exportations vers les États-Unis que l’importation des États-Unis vers notre usine à Saint-Bruno », déplore la directrice générale de Trans-Herb E, Karine Pomerleau.

Trans-Herb E commercialise des marques comme La CourTisane, Four O’Clock et S Sens. Il s’agit du plus grand importateur canadien d’herbes et de thés équitables.     

Se préparer

Les dirigeants des entreprises contactées, on le ressent, sont prudents dans leurs commentaires. Comme si tout le monde marchait sur des œufs. « Nous suivons ça de près, pour savoir sous quelle forme seront imposés ces tarifs et quels impacts ils auront. Pour le moment, nous ne voulons pas spéculer sur le quand ni le comment », mentionne le vice-président et chef de la direction du développement des affaires chez Lithion Technologies Saint-Bruno, Yves Noël.

Lithion développe, déploie et exploite des technologies durables, novatrices et brevetées permettant de réaliser le recyclage et la circularité des matériaux stratégiques des batteries lithium-ion. Ses technologies permettent de récupérer jusqu’à 95 % des composants des batteries, ici, à Saint-Bruno.

« Nous sommes, en ce moment, à analyser les effets et à monter un plan d’action afin de limiter ces tarifs », ajoute Karine Pomerleau. 

De son côté, Pierre Huard évoque la création d’une cellule de crise, une « war room » pour que Stelpro se prépare à toute éventualité. « L’imposition de tarifs de 25 % affectera nos exportations aux États-Unis. Cependant, au-delà du marché américain, c’est l’économie canadienne qui sera sévèrement impactée. Nous devrons être proactifs et agiles afin d’évoluer dans ce contexte difficile. Nous sommes en train d’évaluer différents scénarios et initiatives afin de minimiser les effets négatifs sur notre entreprise », mentionne M. Huard.

Rappelons que lors de l’ouverture officielle de l’usine à Saint-Bruno, en juin dernier, on apprenait que Lithion était en train de développer un premier entrepôt aux États-Unis dans le but d’amener les batteries du nord-est du pays ici. « On est bien positionnés pour les recevoir! », avait répondu le président et chef de la direction de Lithion, Benoit Couture.

Pour le vice-président et chef de la direction du développement des affaires chez Lithion Technologies Saint-Bruno, il n’est pas question de déménagement vers nos voisins du Sud. « À l’heure actuelle, notre positionnement est ici, au Canada. Nous avons une belle usine à Saint-Bruno et nous voulons maximiser nos opérations. Lithion Saint-Bruno, c’est notre joyau. Nous en prenons soin », affirme M. Noël.      

Compétition   

Le président directeur général de Stelpro est d’avis qu’il faut développer une stratégie commerciale. « Nous suivons de près la situation et selon l’ampleur des tarifs imposés, nous prendrons les mesures appropriées. Il faudra évaluer si nous sommes en mesure de transférer une partie ou la totalité des tarifs à nos clients américains. Il faut cependant s’assurer d’être compétitif. Au niveau manufacturier, nous avons investi plusieurs millions de dollars dans notre usine de Saint-Bruno, notre main-d’œuvre est qualifiée et productive. Toutefois, selon l’ampleur et la durée des tarifs imposés, nous devrons évaluer toutes les options possibles afin de maintenir notre compétitivité. »

Depuis que Donald Trump a signé son décret, samedi, le Canada assure qu’il répliquera. On parle de l’imposition de tarifs douaniers équivalents, soit 25 % sur les importations américaines d’une valeur d’environ 125 milliards de dollars.  

Par ailleurs, les gouvernements, fédéral et provincial, préparent aussi un plan d’aide aux entreprises similaire à ce qui avait été proposé pendant la pandémie mondiale. 

Le Mexique et la Chine sont aussi concernés par des tarifs américains. Or, lundi matin, on apprenait que le Mexique obtient un sursis d’un mois.

À la suite d’appels téléphoniques entre Trump et le premier ministre, Justin Trudeau, le président américain a aussi accordé un sursis de 30 jours au Canada, a-t-on appris hier soir.