Saint-Bruno : réactions des commerces en alcool d’ici

Les produits provenant des États-Unis ont été retirés des tablettes de la Société des alcools du Québec (SAQ). Le journal a recueilli quelques réactions locales. 

« Pour moi, la SAQ, c’est non! » répond le propriétaire du vignoble Kobloth, à Saint-Bruno-de-Montarville, Thierry Kobloth. 

Pour les vignerons, la décision de Québec de faire retirer toutes les bouteilles de produits alcoolisés américains sur les tablettes de la SAQ peut sonner comme une bonne nouvelle. L’occasion pour certains de bonifier leur présence dans les succursales.

Mais pas pour Thierry Kobloth. « J’ai déjà été approché, à une certaine époque. Si la SAQ achète mes produits, c’est à ses conditions. Pour une bouteille que je vends, disons 18 $, mon retour sera de 6 ou 8 $ si je la vends à la SAQ. C’est un système communiste dans un système capitaliste », dénonce-t-il.     

Taxes douanières

C’est le premier ministre du Québec, François Legault, qui a pris la décision, mardi dernier, de faire disparaître des rayons de la SAQ tous les alcools en provenance des États-Unis. Cette mesure cible autant les vins américains que les spiritueux. Une réaction gouvernementale à la suite de la mise en place des tarifs douaniers imposés au Canada par l’administration du président Donald Trump. « Dans nos magasins, les produits américains seront remplacés en grande majorité par des produits québécois ainsi que des produits canadiens, selon la disponibilité », précisait la SAQ dans un communiqué diffusé la semaine dernière. 

Notons que Québec a aussi exigé à la SAQ d’arrêter de fournir en boissons alcooliques américaines les marchés d’alimentation, les bars, les commerces de restauration et les agences.

Le point de vue des restaurateurs 

Au restaurant Il Martini, le vin américain se fait de plus en plus rare. Non seulement les clients en demandent moins qu’auparavant, mais les restaurateurs ont arrêté d’en acheter. « Depuis que l’histoire des tarifs douaniers fait parler, j’ai arrêté de commander des vins provenant des États-Unis », confie Alexandre, du Il Martini. Pour les bouteilles qu’il nous reste, je vais les vendre si le client en demande, mais ce sera tout ensuite. Nous n’en aurons plus. Il y a tellement de bons vins de partout, ça ne change pas grand-chose pour nous. C’est plutôt avec les fruits et légumes que les répercussions seront plus significatives. Il y a certains produits que nous n’avons pas le choix d’acheter des États-Unis. »

Pour Yohan Villeneuve, gérant de la brasserie artisanale Boswell, aussi à Saint-Bruno, un seul alcool américain se retrouve sur la carte. Il s’agit d’un bourbon dont la bouteille arrive à la fin. « J’ai toujours encouragé le plus possible les alcools québécois ou canadiens. Ça ne changera pas grand-chose de notre côté. Toutefois, je m’attends à une période de réadaptation pour certains produits en cuisine. Nous serons vigilants », explique-t-il. 

Selon Thierry Kobloth, la guerre tarifaire qui s’annonce avec les États-Unis aura une « énorme influence » sur les entreprises. Il évoque des pertes d’emploi, des baisses dans les chiffres d’affaires et des pertes de clients. « Il y aura des répercussions et des dommages collatéraux pour que les entreprises demeurent à flot », précise l’entrepreneur, dont le chiffre d’affaires a connu une baisse de 10 % par année depuis deux ans. 

Achat local 

Il déplore aussi que l’achat local ne soit pas devenu un automatisme chez les gens et les établissements. Selon lui, personne ne s’est impliqué depuis le contexte imposé au moment de la pandémie. « Il fallait faire ce move de l’achat local avec les commerces de proximité à ce moment-là. Il faut que ce soit un automatisme, autant pour le client que pour les villes auprès de leurs fournisseurs », mentionne le vigneron, qui souhaite un regain de l’achat local avec cette guerre tarifaire qui plane au-dessus de la tête des Canadiens.