Saint-Bruno : quelques heures avec une policière
À l’occasion de la Semaine de la police, nous sommes allés à la rencontre de Mylène Nadeau, policière du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL). Elle nous raconte son quotidien.
Un texte de Leïla Bacqué
« Je voulais me sentir utile et servir à quelque chose en tant que policière », témoigne Mylène Nadeau. À 31 ans, elle ne s’est jamais imaginé faire autre chose. « Quand j’avais 18 ans, j’avais déjà l’instinct pour devenir policière », explique-t-elle. En service depuis cinq ans, dont quatre années au SPAL, la jeune femme n’a jamais voulu quitter Saint-Bruno. « Montréal, ce n’est vraiment pas pour moi. Trop de trafic et je voulais surtout rester proche de ma famille. »
Être policière à Saint-Bruno
« Les journées ne sont jamais les mêmes. Chaque jour, il se passe quelque chose de différent », affirme-t-elle. Après le rapport du matin, la jeune femme monte dans son véhicule de patrouille. Entourée par ses papiers, sa gourde et autres affaires personnelles, la policière décrit sa voiture comme son bureau. « J’y mange, j’y bois, je peux tout faire dans ma voiture. C’est un peu comme ma deuxième maison quand je suis en service. » Pour elle, qui patrouille en solo, il est important que son véhicule soit aussi un espace sécuritaire. « Je suis plus vulnérable. Donc, logiquement, je ne prends pas les appels d’urgence mais plus les appels pour fraude, pour la sécurité routière ou encore pour les violences verbales. » S’il s’avère qu’elle est appelée sur une urgence, elle sera automatiquement jumelée à un autre policier en solo. Pour l’agente Nadeau, être policière en solo n’a jamais été un problème. « Les horaires sont plus faciles, je n’ai pas de partenaire fixe, je vois différentes choses, mais surtout, j’ai plus de temps pour les personnes », confirme-t-elle.
Au service de la population
Pour Mylène Nadeau « Nous sommes des premiers répondants, alors forcément, les personnes passent avant ». Si elle ne répond pas aux appels, elle est en perpétuel contact avec les habitants. « Ici, on n’a rien à craindre. Il est très rare qu’une personne nous insulte ou nous agresse. Tout le monde est aimable, dit bonjour ou parfois, certains n’hésitent pas à nous poser des questions. » Rien qu’en l’espace de deux heures ensemble, nous avons pu remarquer ce lien entre la police et les résidents. Mylène Nadeau a pu montrer sa voiture à un enfant, discuter avec deux femmes âgées, surtout en cette période de forte chaleur, ou encore venir en aide à une dame qui venait de tomber. « Beaucoup pensent que l’on ne répond qu’à des appels inutiles, mais ce n’est pas vrai. On fait également beaucoup de prévention, surtout chez les personnes âgées et les résidences, puis on s’assure que la population va bien. » En exemple, la policière nous a expliqué une situation parmi les plus spéciales qu’elle a vues en service. « Une fois, j’ai été appelée sur la 132 parce qu’un homme promenait son petit ami en laisse sur la route. Après m’être assurée que les deux allaient bien et qu’ils étaient consentants, je les ai laissés partir parce qu’en soi, ce n’était pas illégal », rigole la policière. Mais plus que cet aspect social, la policière peut aussi aider les enquêteurs lors des saisies ou encore répondre à des appels durant lesquels l’utilisation des soins de premiers secours sont nécessaires. « Durant nos quinze semaines de formation à l’École nationale de police du Québec, on apprend les premiers secours, le port d’arme et son utilisation, la conduite, ou l’on peut faire des mises en situation pour qu’une fois sur le terrain, on sache y répondre sans soucis. »
L’importance de décompresser
Être policier est synonyme de beaucoup de stress et d’adrénaline, d’où une décompression primordiale. « Je suis une personne très émotive et je montre assez facilement mes émotions », explique la policière. Outre la psychologue du SPAL, Mylène Nadeau voit également une autre psychologue dans un cadre plus personnel. « Aujourd’hui, le SPAL dispose de trois psychologues qui viennent vraiment en aide aux policiers pour qu’ils puissent parler et ne pas garder leurs émotions, surtout après un appel difficile. » De plus, la policière pratique le soccer et le culturisme. « Même si je suis assez émotive, quand je quitte le bureau, je ferme les portes du travail et mes émotions et je reviens à ma vie personnelle. » En plus, si le fait de décompresser est important pour les policiers, il l’est aussi pour leurs proches. « Mon compagnon est pompier, donc on se comprend bien. » Si elle peut compter sur ses proches, elle peut aussi s’appuyer sur ses collègues. « Le SPAL est en quelque sorte une petite famille. Il nous arrive souvent de sortir ensemble ou d’aller boire un café ensemble. On se comprend tous, puisqu’on vit tous les mêmes choses », conclut Mylène Nadeau.