Saint-Bruno : le monde des abeilles

Depuis 2015, la ville de Saint-Bruno accueille des ruches urbaines au parc du Frère-Marcel-Alary. Originellement entretenues par Miel Larüche, elles sont aujourd’hui sous la surveillance de Jardins Abeilles et son apiculteur, Jean- Sébastien Brault.

On le sait, les abeilles jouent un rôle majeur dans l’alimentation et l’écosystème mondial. Mais depuis quelques années, ces insectes disparaissent de plus en plus, réduisant ainsi leur population. Si Jean-Sébastien ne semble pas touché par ce problème, il déplore tout de même le manque d’intérêt pour le monde apicole.

Cohabitation

Apiculteur depuis onze ans, Jean-Sébastien Brault s’occupe des ruches urbaines de Saint-Bruno depuis deux ans. « J’ai signé un contrat de cinq ans avec la Ville », explique-t-il. Lors de notre rencontre, il était en pleine division de ruches. « Je les sépare pour aller les installer à l’école Trinité », continue-t-il. En les installant auprès des plus jeunes, l’apiculteur espère sensibiliser ces derniers à la cause apicole. « Pour moi, l’école est trop déconnectée de la réalité, commence-t-il. Il faudrait leur apprendre les choses essentielles de la vie au lieu de les enfermer dans des classes, d’où mes installations. Je voudrais vraiment qu’ils comprennent l’impact et le rôle des abeilles. »

En effet, ces petits insectes sont souvent sous-estimés. Vraies forces de la nature, les abeilles permettent la multiplication par trois des récoltes. « Les abeilles se nourrissent des plantes alimentaires et médicinales, à l’exception des tomates et des poivrons », détaille Jean-Sébastien Brault. Selon lui, les abeilles seraient un atout pour une future autonomie alimentaire, voire l’autonomie totale d’une ville. « Tout dépend de la volonté des villes de vouloir investir ou non, atteste-t-il. La survie des abeilles dépend aussi de notre mode de vie, il faut que l’on cohabite avec elles. » L’apiculteur déplore les modes de vie urbains traditionnels installés depuis des années. « On s’entasse de plus en plus, mais il faut aussi que l’on soit capables de donner une place à la nature », finit-il.

Changements apicoles

« Faire du miel ou s’occuper d’abeilles simplement comme hobby est devenu beaucoup trop cher, aujourd’hui », regrette Jean-Sébastien Brault. Selon l’apiculteur, ce constat s’expliquerait par l’endettement de la population et les surtaxes qui touchent les produits. « Aujourd’hui, on trouve de moins en moins de miel en rayon ou sinon, du miel issu d’une apiculture industrielle », continue-t-il. En 2025, la monoculture, c’est-à-dire ne produire qu’une seule espèce, est largement répandue sur le territoire canadien, au plus grand dam de certains apiculteurs. « Nous sommes en conflit permanent avec l’UPA (Union des producteurs agricoles) parce qu’ils prônent cette monoculture, contrairement à nous », explique-t-il. Parmi les problèmes mis en avant, le manque de sanité du milieu est le plus récurrent. « Maintenant, tout fonctionne pour les grosses entreprises, nous sommes dans l’ère de la globalisation, constate Jean-Sébastien Brault. Si nous sommes contre, c’est notamment parce que nous avons envie que nos abeilles vivent dans des milieux sains et sans pesticides. »

Sur un aspect plus positif, l’apiculteur reconnaît tout de même que les façons de faire se sont améliorées au cours du temps. Parmi ces améliorations, on retrouve par exemple la disparition presque totale du parasite varroa, qui a décimé quelques milliers d’abeilles ces dernières années. Même les tarifs douaniers américains mis en place en début d’année ne semblent pas le préoccuper. « Bien sûr que l’on a ressenti un impact sur nos cultures, mais plus un impact indirect, c’est-à-dire que ces tarifs ont poussé les gens à consommer et à acheter local, une aubaine pour nous », relève l’apiculteur.

Pour lui, l’avenir se base sur la capacité des humains à cohabiter avec la nature, d’où ses actes de sensibilisation auprès des plus jeunes. « Les abeilles apportent beaucoup aux humains sans qu’ils ne s’en rendent compte, elles sont un peu comme leur pharmacie naturelle », conclut l’apiculteur.