Saint-Bruno : l’après-ski de Michel Couture
À la suite de la vente de la station Ski Saint-Bruno, en novembre, Michel Couture accordait une longue entrevue au journal Les Versants.
« Maintenant, mon objectif, c’est de déjeuner et de souper à la maison », confie celui qui était à la tête de Ski Saint-Bruno depuis 2010, Michel Couture. « Je travaille ici à temps plein depuis l’âge de 17 ans. J’en ai 51. C’est beaucoup d’investissement de temps, c’est beaucoup de sacrifices. C’est aussi très exigeant. Je suis arrivé à l’étape où il faut penser à nous, penser à notre famille », mentionne-t-il.
Passer le flambeau
L’entreprise a été vendue à la Montarvilloise Stéphanie Grenier ainsi qu’à Patrice Boire. Il s’agit de deux anciens directeurs de la montagne.Celui qui leur remet les clés parle d’une occasion qui est survenue lorsque leurs routes se sont croisées. « Stéphanie et Patrice comptait 14 ans d’expérience et d’histoire avec nous. J’ai formé ces gens-là, ce sont de bonnes personnes, qui nous ressemblent beaucoup. Ils ont à cœur de partager la mission de l’entreprise », raconte Michel Couture.
Même s’il admet vivre un deuil depuis la transaction, Michel Couture préparait la vente de l’entreprise depuis environ trois ans.
« C’est à la signature qu’il y a eu le plus de larmes. Ç’a été rapide, comme le coup de grâce! C’est un deuil, mais il faut savoir où arrêter. »
L’héritage familial
Plus tôt cette année, la famille Couture a été sélectionnée comme lauréat du prix Grand bâtisseur, décerné à l’une des familles pionnières de renom dans l’industrie québécoise du ski. Michel Couture, qui a pris le flambeau de son père, a deux filles. Quand on lui parle de l’héritage familial et de la relève, il répond que cet univers n’est pas fait pour tout le monde. « Mon frère et moi avons pris les rênes familiales. Je dirais que ça prend une résistance pour se lancer là-dedans. Ça demande une volonté. C’est un travail sous pression, une responsabilité totale. Mes enfants ont vu ça aller. Ils n’ont pas le désir, ni le profil, ni les mêmes intérêts, et c’est normal. Elles ont choisi d’autres stratégies de vie. Toute chose a une fin », analyse le père de famille.
Pour lui, il y a eu deux grandes générations de propriétaires de la montagne. D’abord, la famille Dulude, et ensuite celle des Couture.
Une relève planifiée
En entrevue, il parle d’une décision qui n’a pas été facile à prendre. Il y a eu matière à réflexion. À un moment, l’ancien propriétaire a hésité entre vendre la station ou collaborer avec un autre partenaire. À la sortie de la pandémie, Ski Saint-Bruno est passée « à une autre étape, un autre niveau ». Il s’est alors demandé s’il était prêt à s’impliquer et à s’investir pour le développement de Ski Saint-Bruno, à aller plus loin et à faire de ce fleuron montarvillois un projet quatre saisons.
La passation des pouvoirs était donc planifiée depuis quelques années. En tant qu’entrepreneur, il avait prévu le coup. Par exemple, l’équipe à la direction a été repositionnée. « Mon désir était de laisser une entreprise clés en main. M’assurer que la fondation est costaude pour la pérennité de Ski Saint-Bruno », poursuit M. Couture, qui parle de Stéphanie Grenier et Patrice Boire comme d’une équipe gagnante en relève. « Ce sont des gens honnêtes en qui j’ai confiance. On les connaît, on a voyagé ensemble. Ils en mangent, du ski! Ils ont vraiment ça dans le sang. Je ne suis pas inquiet pour la suite. »
Le tandem devient 100 % propriétaire de Ski Saint-Bruno. Michel Couture est conseiller technique, le temps de finaliser la transaction. « Je suis un employé », commente-t-il.
À l’annonce de la vente de l’entreprise, son père, aujourd’hui âgé de 80 ans, aurait déclaré « Enfin, je vais prendre ma retraite! ». Au téléphone, Michel Couture admet que son paternel était encore bien attaché à la montagne qu’il avait acquise en 1965.
« Chaque fois qu’il y avait de la pluie ou de la neige, ça le travaillait. C’est difficile de sortir la montagne de l’homme », relate le fils.
Après Ski Saint-Bruno
Maintenant qu’il n’a plus les rênes de l’entreprise, Michel Couture souhaite manger à la maison, matin et soir. Il veut aussi prendre soin de sa famille. Ses deux filles et ses parents, qui sont toujours en vie. Il n’a pas en tête de projets d’investissement.
« Je n’ai pas d’objectif », dit-il. Toutefois, il pense à exploiter son expérience de vie et à la transmettre à d’autres. Il souhaite approcher des gens pour proposer des conférences sur le transfert d’entreprise. « Parce que c’est très difficile de s’en défaire. C’est long, c’est coûteux. J’ai appris beaucoup. Ça aiderait des gens à passer au suivant », précise-t-il.
Puis il compte bien parcourir le Québec et ses 72 stations de ski. « Je veux découvrir nos stations de ski, que je n’ai pas vues.
Quand tu travailles dans ce domaine, tu t’assures que les gens peuvent skier, mais tu ne fais plus de ski. C’est quelque chose que je veux recommencer à faire. »