Saint-Bruno: exposition de Cara Déry au Vieux Presbytère
L’artiste Cara Déry a travaillé plusieurs années à se redécouvrir et à se réinventer comme artiste pour arriver à l’exposition La lourdeur poétique du quotidien : un maillage poussiéreux, qui a lieu présentement au Vieux Presbytère jusqu’au 2 mars.
Le vernissage de l’exposition a eu lieu le 19 janvier dernier, alors que de nombreux amateurs d’art, des amis et de la famille ont pu découvrir ses oeuvres. L’artiste était reconnaissante et touchée par la présence des gens lors de ce vernissage.
Cara Déry dévoilait au public une nouvelle facette d’elle et de son processus de création depuis 2019, année où elle s’est accordé une sabbatique. « J’étais brûlée en 2019. Je travaillais sur deux, trois expositions en solo par année », mentionne l’artiste, qui a déjà fait carrière dans l’entretien ménager, un emploi qui occupe une grande place dans le processus créatif de sa nouvelle exposition.
Cara Déry, originalement connue pour ses dessins, s’est toujours interdit de faire de la sculpture. Durant cette pause, qui s’est prolongée à son plus grand bonheur en raison de la pandémie, elle s’est acheté un crayon 3D sur un coup de tête.
Une autre montagne
Ce nouvel outil, qu’elle a mis plusieurs mois à maîtriser, lui a tout de suite plu. « Je suis devenue l’imprimante. Pour arriver à un résultat, il y a un travail de répétition de gestes qui nécessite, parfois, de repasser une centaine de fois sur la même ligne », explique-t-elle. Ce procédé, que certains pourraient qualifier de travail de moine, s’enregistre dans la thématique et la démarche de l’artiste. « La lourdeur poétique du quotidien : un maillage poussiéreux est née d’une réflexion sur la mousse de sécheuse que j’avais accumulée à travers mes contrats comme femme de ménage », décrit-elle. L’artiste a toujours travaillé sur les montagnes qui se créent dans l’environnement, au départ sur les Montérégiennes, puis par les dépôts de neige sur la Rive-Sud. Dans cette exposition, Cara Déry propose plutôt une introspection sur sa vie. « Je me demandais ce qui est une montagne dans ma vie, qu’est-ce qui revient toujours? » La mousse de sécheuse, une référence au lavage, cette tâche répétitive à laquelle elle a consacré plusieurs heures comme femme de ménage.
Les amas de poussière de sécheuse prennent vie en tant que paysages miniatures poétiques dans cette exposition. Ces œuvres traduisent une réflexion sur le geste répétitif et le poids des tâches du quotidien, tout en rendant hommage à la féminité et à ses processus minutieux.
C’est dans ce thème que son processus minutieux et répété avec le crayon 3D s’enregistre également. L’ensemble de ses œuvres proviennent de deux images : l’une de la mousse de sécheuse et l’autre, de son visage vu de profil. Une fois le tout vectorisé, l’artiste en a façonné des images abstraites, desquelles elle a tiré la trentaine d’oeuvres qui sont exposées au Vieux Presbytère dans les quatre pièces. « Chaque pièce est composée de différentes œuvres. Parfois, c’est un alliage de six œuvres, d’autres fois, ça peut être cinquante. Chaque pièce est unique », explique l’artiste, qui a mis quatre ans à pondre ce projet.
Son premier lieu d’exposition
Le plastique utilisé est tiré du maïs; il est donc biodégradable. Cara Déry, originaire de Saint-Bruno, avait très hâte de rencontrer les gens de sa ville au moment où elle a accordé une entrevue au journal Les Versants. « C’est un cadeau que l’on m’a offert. Je n’ai pas seulement grandi ici comme personne, mais aussi comme artiste. » Elle se souvient du dépôt de sa toute première candidature dans le cadre du concours des artistes à Saint-Bruno. L’ancienne directrice, Hélène Vanier, l’avait relancée dans le stationnement pour avoir son dossier visuel, chose qui, à l’époque, manquait à sa feuille de route.
Revenir dans sa ville natale est pour elle un honneur, surtout que la grande majorité de ses pièces seront exposées pour la première fois. « J’ai fait un test à Boucherville pour voir l’engouement et si mes œuvres pouvaient attirer le public », mentionne l’artiste.
Une médiation culturelle en présence de l’artiste aura lieu le samedi 15 février à 13 h 30. Dès le 10 février, le centre d’exposition propose les coffrets Les sens à l’œuvre, qui permettent de recréer chez soi une œuvre inspirée de la démarche de Cara Déry. À l’intérieur, un crayon 3D sera proposé pour permettre aux curieux comme aux artistes de se familiariser avec cet outil et cette technique.