Saint-Basile-le-Grand : échantillons contaminés

Le Comité Action Citoyenne – Projet Northvolt (CAC) s’est allié à la Société pour vaincre la pollution (SVP) et la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) pour faire analyser par un laboratoire certifié des échantillons de sédiments et d’eau de surface se déversant dans la rivière Richelieu au niveau des travaux effectués sur le site de Northvolt.

Lors d’un point de presse aujourd’hui, lundi 16 décembre, à la Maison du développement durable, le Comité Action Citoyenne – Projet Northvolt (CAC), la Société pour vaincre la pollution (SVP) et la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) ont tiré la sonnette d’alarme. Ils ont dévoilé ensemble des analyses d’échantillons pris aux abords de la rivière Richelieu, provenant de sédiments et d’eaux de ruissellement du chantier de l’usine Northvolt à Saint-Basile-le-Grand et Mc Masterville.

Les échantillons de sédiments et d’eau de surface analysés par un laboratoire certifié ne laissent aucun doute. « Les échantillonnages des écoulements du site Northvolt, effectués par des citoyens en septembre 2024, ont démontré qu’il y a un risque de contamination de la rivière Richelieu causée par les travaux sur ce site contaminé par la compagnie CIL.  Les substances toxiques détectées, comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et l’arsenic, dépassent les niveaux pouvant causer des effets négatifs au milieu aquatique. Il faut agir pour arrêter ces écoulements polluants du site de Northvolt », d’indiquer Daniel Green, écotoxicologue à la SVP. 

Avant Northvolt

Rappelons qu’avant que Nothvolt n’acquiert le site pour construire son usine de batterie, l’endroit a abrité pendant plus de 100 ans la compagnie CIL. Cette dernière produisait entre autres des explosifs, des munitions, des engrais chimiques et de la peinture. « Les échantillons analysés suggèrent que les travaux de construction de l’usine Northvolt favorisent le relargage dans la rivière Richelieu de divers contaminants issus de cette utilisation industrielle antérieure », s’entendent à dire les trois parties. Selon les résultats du laboratoire, les échantillons prélevés montreraient une présence d’HAP dépassant jusqu’à 8 fois le critère sédimentaire pour la protection du milieu aquatique. « Ces substances sont reconnues pour être cancérigènes chez l’humain et les poissons », rappelle M. Green. 

Le chevalier cuivré

« La rivière Richelieu est à coup sûr la première victime de cette contamination industrielle. Nous sommes particulièrement inquiets de voir surgir une nouvelle menace à la survie et au rétablissement du chevalier cuivré.  Le cycle de vie de cette espèce unique au Québec la rend particulièrement vulnérable à la contamination aquatique », déclare Alain Branchaud, biologiste et directeur général de la SNAP Québec.   

Il est important de souligner que les deux seules frayères de chevalier cuivré connues dans le monde sont localisées dans la rivière Richelieu et que les contaminants détectés sont relargués dans l’habitat essentiel de l’espèce protégée par la Loi sur les espèces en péril. 

Des actions immédiates à prendre 

« Les deux niveaux de gouvernement, tant fédéral que provincial, doivent prendre leurs responsabilités et entreprendre dès maintenant un suivi régulier des impacts de la construction de l’usine Northvolt sur la qualité de l’eau de la rivière Richelieu. Il nous semble insensé que cette tâche incombe aux citoyens. Cet échantillonage est une initiative citoyenne. On a ramassé des fonds pour faire cela. Il est du devoir des gouvernements de réaliser ces analyses et d’en informer la population », d’indiquer Jacinthe Villeneuve, co-porte-parole du CAC. 

Les trois organisations demandent la prise en charge des analyses toxicologiques par les deux ministères de l’Environnement (fédéral et provincial) et la mise en place d’un système de cofinement et de traitement de l’eau pour éviter la contamination de la rivière Richelieu. « Tout porte à croire que les difficultés financières actuelles de Northvolt retarderont la mise en opération de l’usine québécoise. C’est peut-être une opportunité pour le gouvernement du Québec de revenir sur sa position en déclenchant une véritable évaluation environnementale. Une telle évaluation aurait assurément permis d’identifier en amont les enjeux de contamination que nous exposons aujourd’hui et de mettre en place en temps opportun des mesures préventives », de conclure les trois intervenants.

Réponse de Northvolt

« L’échantillonnage a été réalisé en dehors du site de Northvolt et de la zone des travaux, il est donc impossible d’affirmer que les résultats sont directement liés au site ou aux activités de Northvolt. Les effluents dont les échantillons proviennent sont alimentés par de multiples sources, dont, par exemple, les eaux de ruissellement de la route 223 qui se trouve à proximité », a réagit la porte-parole de Northvolt Emmanuelle Rouillard-Moreau.

Elle indique qu’un laboratoire accrédité par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs effectue l’analyse d’échantillons prélevés à des exutoires du site pour plus d’une centaine de paramètres, et ce sur une base hebdomadaire (lorsqu’il y a des précipitations). « Nos résultats ne démontrent aucun enjeu de fuites de contaminants vers la Rivière Richelieu.En septembre, nous avons procédé au prélèvement de 9 échantillons et qui ont été analysés pour une centaine de paramètres. En comparaison, les résultats présentés aux médias ce matin comprennent l’analyse de six échantillons pour seulement 18 paramètres dont aucune analyse sur les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). »

En ce qui concerne l’analyse des sols et sédiments, Northvolt garantie que tous les échantillons de leur analyse qui ont été présenté aux médias se situent dans la place A-B. « Cela correspond à une qualité de sols propre à un usage résidentiel, récréatif ou institutionnel. »

Mme Rouillard-Moreau précise qu’un système de confinement et de traitement de l’eau est déjà en place sur le site. « L’utilisation d’un tel système va même au-delà des pratiques usuelles des chantiers de construction. Actuellement, les eaux de ruissellement dans la zone principale des travaux sont dirigées vers un bassin de rétention (bassin DS1) qui ne comporte pas d’exutoire et donc qui ne s’écoule pas à l’environnement. »